Les contorsions et les déviations par lesquelles l’équipe dirigeante actuelle veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir ne nous laissent guère le choix sur les décisions à prendre”, ont-ils indiqué.
Nouvelle tournure dans la crise qui secoue le plus vieux parti d’opposition : une soixantaine de cadres du parti dont l’ancien premier secrétaire, Karim Tabbou, des membres du conseil national, des élus dont le président d’APC de Rouiba, ont démissionné hier du Front des forces socialistes (FFS). Cette démission, qui semble avoir été longuement réfléchie, se veut comme une réponse aux “dérives” et à “la compromission” du parti, selon certains démissionnaires qui ont rencontré des journalistes à Draria. “Nous considérons que le FFS n’est pas le cadre adéquat. C’est le premier acte de rupture”, a indiqué l’ex-fédéral de Béjaïa, le Dr Khalef Farid. Dans une déclaration rendue publique, ces démissionnaires ont expliqué que le départ ne s’est pas fait de gaieté de cœur. “Nous n’avons jamais souhaité nous trouver dans cette radicalité vis-à-vis de notre ancien parti et de nos anciens camarades de lutte. Cependant, les contorsions et les déviations par lesquelles l’équipe dirigeante actuelle veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir ne nous laissent guère le choix sur les décisions à prendre”, ont-ils indiqué. “Nous refusons de nous rendre complices des tractations menées à l’insu des militants et de l’opinion publique”, ont-il justifié. Ils refusent même d’engager le bras de fer avec la direction actuelle pour sauver le crédit du parti, selon eux.
“Bien sûr, il ne s’agit pas ici pour nous de solder des comptes, de nous engager dans des querelles inutiles qui risquent d’émousser le peu de crédit qui reste à ce parti dont nous avions fièrement porté les idéaux et les revendications démocratiques. On ne construit pas une alternative démocratique comme on ne peut pas élargir le champ des libertés individuelles et collectives tout en servant d’instrument dans les jeux du sérail”, affirment ces démissionnaires. “En tant que cadres, nous avons choisi une solution conforme à nos convictions. On respecte Aït Ahmed, mais nous considérons que la démarche actuelle est un dérapage”, soutient Me Hamdani Redha, ancien responsable au sein de la structure du parti à BBA. Bouhitem Châabane, membre du conseil national et fédéral de Biskra, estime, quant à lui, que le FFS est devenu “un client du pouvoir”. Il s’offusque du communiqué rendu public par le FFS au lendemain du rapport du conseil constitutionnel. “C’est un péché politique”, a-t-il dit. Mais ces démissionnaires n’entendent pas rester les bras croisés, puisque visiblement l’idée de création d’un parti politique fait son chemin. “Notre génération ne doit pas tourner le dos à l’histoire. Nous sommes aux antipodes du populisme et d’un système politique patriarcal ; nous voulons assumer maintenant nos responsabilités historiques”, écrivent-ils. “Nous voulons réhabiliter le politique et restaurer l’ordre éthique, moral et intellectuel ; nous voulons poursuivre cet exercice de pédagogie politique, mobilisation citoyenne et luttes démocratiques en mesure de construire une conscience politique nationale.” “Donnons-nous la liberté d’engager la réflexion la plus profonde, aller vers la concertation la plus large pour la création d’un cadre mobilisateur et porteur des aspirations de l’ensemble des Algériennes et des Algériens. Construire une Algérie libre et heureuse n’est ni un slogan ni une chimère, c’est un projet. Une ambition”, soutiennent-ils. À la question de savoir s’ils ont engagé des discussions avec les autres contestataires, Karim Tabbou a laissé entendre l’existence de divergences même s’il n’est pas hostile à leur démarche. “Je pense que toutes les initiatives qui respectent le débat et les valeurs sont à encourager”, a-t-il cependant précisé.
K K