Passée la douche froide des résultats aux législatives au terme desquelles son parti n’a eu que 21 modestes sièges, Hocine Ait Ahmed semble décidé à sévir. Sa cible désignée ? Tous ceux qui ont eu un comportement «nuisible au parti» durant la campagne électorale.
Dans une note qu’il adressée au secrétariat national du FFS, le leader charismatique, a plutôt positivé la participation du parti aux dernières législatives et salué son exécutif. «Je tiens d’abord à vous remercier vivement pour les efforts que vous avez consentis ces derniers mois et pour l’engagement militant dont vous avez fait preuve. Un engagement que vous avez su insuffler à la base militante du parti et à nos amis au sein de la société. Je sais que les choses n’ont pas été faciles, aucune élection n’est facile, pas même dans les pays démocratiques», écrit Ait Ahmed.
Pour autant l’opposant historique n’a pas manqué de brocarder le «régime autoritaire» et dénoncé la pratique de la «fraude». «Que dire alors quand ces élections se déroulent dans un pays où un régime autoritaire se maintient par la force et la fraude, la mainmise sur tous les instruments de régulation, la corruption généralisée et la manipulation des faiblesses d’une société durement éprouvée par une décennie de violence ? s’interroge Ait Ahmed.
Cela étant dit, et malgré le maigre score de son parti, Hocine Ait Ahmed pense tout de même qu’il s’agit d’une «victoire». «C’est sans autosatisfaction et en pleine connaissance de cause, que je vous félicite et vous invite à transmettre mes félicitations à chacune et à chacun de nos électeurs, de nos sympathisants et de nos militants pour cette victoire face à une adversité dont la puissance et la complexité donnent encore plus de mérite à ceux qui ont su lui résister».
Un régime qui se maintient par la fraude
Le chef du FFS reconnaît que son parti est loin d’être au mieux de sa forme et qu’il faille revoir ses fondations. Il en veut pour preuve que «la construction du parti et la construction de l’alternative démocratique vont de paire». Pour ce faire, Ait Ahmed estime «plus que jamais» que l’ouverture en direction de la société «impose une rigueur dans le travail et une éthique politique sans failles».
Des objectifs qui sont d’après lui «impossibles à concrétiser sans le respect de la discipline militante et du parti». Et au «zaim» d’abattre sa main lourde sur les «brebis galeuses» du parti coupables d’êtres sorties des rangs. «Un certain nombre de mesures doivent impérativement être discutées au sein des instances du parti et donner lieu à des décisions fermes. Le suivi et le contrôle de l’application des décisions constituent la pierre d’achoppement de tout édifice institutionnel », insiste-il.
Mettant les pieds dans le plat, Ait Ahmed évoque «des comportements indignes» de la part de responsables ou de «figures importantes» du parti à l’occasion de ces élections. Pour y remédier, il affirme avoir demandé «à ce que tous les manquements soient rapportés et dûment consignés dans des rapports».
Main de fer contre des «figures du parti»
Voulant être en phase avec son discours sur la «réhabilitation du politique et de l’éthique politique», Ait Ahmed soutient qu’il «serait intolérable que le parti ne donne pas lui-même l’exemple en la matière». C’est pourquoi le chef du FFS ordonne que «Les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pressions que des individus ou des groupes d’individus ont mené en direction du parti lors de la campagne électorale ou après doivent faire l’objet de mesures exemplaires».
Il a tout de même mis en garde contre la tentation de confondre «erreur d’appréciation ou carence individuelle et faute politique». Invitant le secrétariat national a être «juste», Ait Ahmed estime qu’il y a un «gouffre» entre la divergence d’opinion et le «travail de sape et de sabotage du parti». Enfin le leader charismatique a demandé au CN d’inclure «prioritairement» dans sa réunion le traitement des «comportements nuisibles» et la préparation de «l’encadrement politique de notre participation».