Le Front des forces socialistes (FFS) de Béjaïa se vide. Sa fédération est décimée suite à la décision de ses membres de claquer la porte, après de nom-breux avertissements émis les semaines et mois passés aux dirigeants du parti.
Le bruit qui a longtemps couru sur le mécontentement des militants mais surtout des membres de la toute puissante fédération du parti est devenu une réalité qui replonge la formation politique une nouvelle fois dans la crise. La fédération de Béjaïa n’est pas des moindres. De tout temps, la wilaya de Béjaïa tout entière est considérée comme le fief légitime, traditionnel et fort du parti de l’historique et président d’honneur du FFS, Hocine Aït Ahmed.
Le FFS qui a commencé à se remettre des démissions collectives de ses cadres enregistrées après les élections législatives de 2012, replonge à nouveau dans une nouvelle crise qui intervient à moins de quatre moins de l’élection présidentielle de 2014 où le parti doit être un acteur, du moins dans le débat.
Cela était prévisible, du moins depuis l’annulation de la marche des élus du mois d’avril dernier, et depuis le mois d’octobre passé lorsque Khaled Tazaghart, également député de Béjaïa, a été désavoué par l’appareil du parti quant au projet d’inauguration de la stèle «des martyrs du FFS de 1963».
Dans un document adressé aux militants de la base, les membres de la fédération nationale ont invoqué ces questions, incombant la responsabilité aux dirigeants du parti. «L’appareil du parti a usé de tous les artifices pour torpiller le projet de réalisation et d’inauguration de la stèle en hommage aux martyrs du FFS de 1963 à Akfadou», lit-on dans la longue lettre des démissionnaires.
Ils reviennent aussi sur l’annulation, par la direction du parti, du conseil fédéral qui devait se tenir dans la commune de Tamridjt pour une réunion à Amizour pour désigner un nouveau bureau fédéral, en remplacement de l’équipe proche de Khaled Tazaghart. «Pour un militant responsable et engagé, qui fonctionne et agit par conviction, conviendrez-vous, la démission est tout aussi une manière d’assumer ses responsabilités, dont celle de ne pas avoir à cautionner des pratiques, des attitudes, des comportements, des positions et des méthodes diamétralement opposées, étranges et étrangères aux idéaux, aux principes et aux valeurs pour lesquelles nous nous sommes engagés», écrivent les frondeurs.
Ils invoquent également les dérives du parti : «Des événements, des faits, des dérives, au fil des jours et des mois, nous éloignaient visiblement davantage de notre parti, de sa ligne politique originelle, de son éthique, de ses traditions de concertation, de débats contradictoires et constructifs, de ses repères idéologiques et philosophiques, de son identité…». En somme, ce sont les mêmes reproches qui avaient été faits à la direction par les militants, cadres et élus, qui ont claqué la porte quelque temps après les élections législatives de mai 2012.
Le FFS survivra-t-il à cette énième saignée ? La réponse est sûrement attendue dans les prochains mois, par sa capacité et sa force à s’imposer lors de la prochaine présidentielle, que ce soit par sa participation ou son boycott. Cette nouvelle crise va sûrement profiter au parti de l’ex-premier secrétaire et transfuge du FFS, en l’occurrence l’UDS de Karim Tabbou.
Hocine Cherfa