Fetwas contre l’emprunt obligataire: les islamistes montent au creneau

Fetwas contre l’emprunt obligataire: les islamistes montent au creneau

31_c601c6892a84929c668733260bd73b5b_s.jpgEn fait, cette question d’intérêt «halal» ou «haram» est une histoire…d’intérêt. Ceux des partisans de la stagnation et de l’immobilisme qui utilisent la religion comme un fonds de commerce!

Après les microcrédit, les crédits immobiliers, les crédits à la consommation, c’est au tour de l’emprunt obligataire de subir les foudres des islamistes. Comme il fallait s’ y attendre, il est en train d’être confronté à l’ épreuve du «halal ou haram?».

Les conservateurs se relayent pour lancer des «fetwas» contre son caractère légitime. Même le célèbre cheikh Chems Eddine qui prône pourtant un islam «light», s’est mis de la partie. Il a lancé un appel solennel aux Algériens afin qu’ils ne participent pas à cette opération qu’a lancé le gouvernement.

Le cheikh a indiqué qu’il aurait été d’accord avec cette demande du gouvernement si le pays était en faillite. «On donnera notre argent sans aucune contrepartie, comme on l’avait fait en 1963», a-t-il soutenu en insistant sur le fait que les intérêts étaient de la «riba»…C’est un coup dur pour le gouvernement qui misait sur cet emprunt obligataire pour récupérer l’argent de l’informel, après l’échec de la bancarisation et l’amnistie fiscale.

Le ministre des Affaires religieuses est interpellé pour «jouer» le rôle d’arbitre dans cette nouvelle polémique aux relents islamiques. Son département doit trancher. «On n’a pas encore été sollicité pour émettre d’avis religieux sur le sujet. On est une instance républicaine, on attend d’être officiellement sollicité par le gouvernement. Le ministère des Affaires religieuses a des départements compétents pour répondre à la question», a souligné le ministre pour ce qui ressemble à un «botte en touche»… Il faut dire que ce «drop» de Mohamed Aïssa est la meilleure réponse à ce débat d’un autre âge, cela évite de tomber dans des polémiques stériles qu’alimentent les partisans du statu quo. Comme si les intérêts étaient le seul problème qui entrave l’épanouissement des jeunes et de l’économie nationale. L’Algérie a pourtant d’autres priorités. Cette nouvelle sortie des conservateurs réveille un triste souvenir, vécu il y a 23 ans. En 1990, l’Algérie avait importé des moutons d’Australie en prévision de l’Aïd El Kebir. Cédés à des prix très raisonnables, ces moutons avaient, probablement, pour des raisons d’hygiène, la queue coupée. Il s’ensuivit une terrible polémique qui alimenta à l’époque les plateaux de télévision.

L’islamisme rampant de l’époque aidant, toute l’Algérie était braquée sur la longueur de la queue du mouton. Que de fetwas, que de débats, que de polémiques! Pourtant, l’Algérie avait d’autres problèmes plus graves: le passage à l’économie libérale, l’islamisme, le chômage, etc… Et voilà que 26 ans plus tard, le pays retombe exactement dans la même polémique: «halal» ou «haram»?

L’Algérie avance-t-elle à reculons? En fait, cette question d’intérêt «halal» ou «haram» est une histoire…d’intérêt. Ceux des partisans de la stagnation et de l’immobilisme qui utilisent la religion pour leurs affaires. Ce sont ceux-là même qui sont derrière toutes ces polémiques et même les attaques contre la ministre de l’Education nationale et son collègue des Affaires religieuses. On prend les mêmes et on recommence. Le pire dans tout ça, c’est que leurs arguments ne répondent à aucune logique économique, sociétale, voire même religieuse. Ils interprètent la religion à leur guise, suivant le vent de leur… business.

Ces vieux rentiers de la religion, et adeptes d’une société rétrograde ont peur du changement. Car, seul le statu quo leur garantit la prospérité. Ils sont donc toujours à l’affût pour remettre en cause tout ce qui pourrait faire évoluer la société et ce en utilisant l’opium des peuples, à savoir la religion. Néanmoins, ces adeptes d’une Algérie rétrograde sont en train de paniquer. Leur fonds de commerce est démodé! Les Algériens ont pris conscience du danger qu’ils représentent pour la société. Preuve en est, toutes les polémiques qu’ils ont lancées ces derniers mois sont restées lettre morte. Malgré leurs innombrables campagnes de déstabilisation, Nouria Benghebrit et Mohamed Aïssa sont encore là, sans que cela ne fasse scandale. Bien au contraire! Le crédit à la consommation et ses intérêts, qui permet aux foyers de respirer, les Algériens ne se font pas prier pour le contracter malgré les avertissements des islamistes. De même pour le crédit aux logements, Aadl, LPP et les intérêts qui en découlent. Ils ont compris que la réalité du marché était complètement en déphasage avec leurs discours. La sombre époque de «Yadjouz» ou «Layadjouze» est révolue…