Un peu plus de 800 visiteurs ont afflué jeudi dernier à Beni Yenni, où s’est ouverte la 9e édition de la fête du bijou (argent) qu’organise annuellement le comité des fêtes de cette commune située à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce nombre sera beaucoup plus important durant les autres jours de cette fête visant la promotion et la vente du bijou et les autres produits artisanaux exposés, notamment la poterie, vannerie, broderie berbère et de tant d’autres productions artisanales, nous ont indiqué les organisateurs de cet événement.
Outres la quarantaine d’artisans bijoutiers de la commune d’Ath Yenni, région natale de l’auteur du célèbre tube «A Vava y Nouva», Idir, et de l’auteur de la Colline oubliée, l’écrivain et anthropologue, Mouloud Mammeri. La manifestation a vu la participation des artisans de diverses activités traditionnelles venus des wilayas de Tamanrasset, Adrar, Ain Témouchent, Djelfa, Ouargla, Sétif, Ghardaïa et Tizi-Ouzou. Les stands d’exposition des produits traditionnels, à savoir la broderie, le tapis, l’osier, la poterie, le bois… sont installés au niveau du collège Larbi-Mezani. D’autres activités sportives, scientifiques et récréatives meubleront les journées et soirées de cette 9e édition de la fête du bijou, une activité qui ne cesse de dépérir à cause de la cherté de la matière première et l’inexistence du corail, dont l’exploitation est interdite par la loi, d’où d’ailleurs le slogan qui est un véritable cri de détresse choisi par les organisateurs de cette fête, à savoir «Ne me laissez pas mourir». A titre illustratif de cette situation alarmante dans laquelle se trouve l’artisanat du bijou argent, les maitres artisans qui se rétrécissent comme une peau de chagrin d’année en année.
En effet, ces derniers qui étaient durant les années 70 plus de 500 artisans, ne sont plus qu’une centaine actuellement, à cause de la montée vertigineuse des prix d’argent brut et du corail, mais aussi de la concurrence déloyale sur le marché envahi par des produits à bas prix. Cette situation a contraint la plupart des maitres artisans de la région de Beni Yenni à fermer carrément leurs ateliers et à changer d’activité, se lamentent-ils. Des bijoutiers qui résistent encore à cette situation espèrent bénéficier d’un soutien conséquent auprès des ministères du Tourisme et de l’Artisanat et de la PME pour pouvoir continuer à activer et réanimer cet art artisanal qui agonise depuis plusieurs années.
En attendant que ces aides arrivent, les bijoutiers d’Ath Yenni continuent vaille que vaille de maintenir la flamme du bijou argent, même si ils sont conscients que cette activité maintenue sous perfusion ne pourra être sauvegardée, sans qu’un véritable plan de charge ne soit mis en place par le ministère de tutelle.

Bel. Adrar