Wafia Sifouane
Pour marquer la célébration de la Fête des travailleurs, la Confédération des syndicats algériens (CSA), qui regroupe 13 syndicats autonomes, a battu le rappel des troupes pour une marche nationale prévue demain à Alger.
La marche, qui s’ébranlera à partir de la place du 1er-Mai, s’annonce comme l’attraction majeure d’une célébration de la Fête des travailleurs pas comme les précédentes. Cette célébration intervient alors que l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) subit un sérieux discrédit auprès de la classe ouvrière. En plus des motivations anciennes en lien avec la date, la CSA veut marquer, à travers cette action, son engagement dans le mouvement populaire enclenché le 22 février dernier. Relevant dans son appel aux travailleurs algériens le caractère « exceptionnel » de la conjoncture, la CSA mise sur une réussite de sa mobilisation qui se déroule cette fois à Alger après l’organisation les années précédentes de marches imposantes à Béjaïa et Tizi-Ouzou.
«La célébration du 1er Mai intervient cette année dans un contexte très particulier auquel nul n’aurait cru il y a des années de cela. Notre soutien au mouvement populaire est indéfectible et naturel car tout est lié », nous a déclaré Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef).
Dans un état démocratique, les syndicalistes « auraient eu les moyens de défendre les intérêts des travailleurs qui sont le peuple et contribuer ainsi à la préservation du pouvoir d’achat. Mais, hélas, nous n’avons pas eu droit à la démocratie, et c’est pour cela que nous marchons aujourd’hui», a ajouté le même syndicaliste. Il a affirmé, en outre, avoir de grandes attentes quant à l’aboutissement du mouvement populaire en ce qui concerne les travailleurs et l’activité syndicale. « Le mouvement pacifique citoyen a déjà fait ses preuves et cela en faisant tomber des têtes. Aujourd’hui, nos attentes sont grandes surtout avec le départ du système car ce dernier a toujours refusé de débattre avec nous. Ce que nous espérons, maintenant, c’est l’ouverture d’un débat serein entre le futur pouvoir et les partenaires sociaux et cela pour qu’on puisse contribuer pleinement à l’amélioration de la situation socioprofessionnelle des travailleurs », a-t-il conclu.

Un avis partagé par Sadek Dziri, président de la Confédération des syndicats algériens, qui a tenu à souligner l’importance de cette action prévue à Alger et à travers le territoire national. « Les marches et les rassemblements ont toujours été interdits surtout dans la capitale. Et nous avons par le passé fait les frais de cette interdiction. C’est pour cela que nous avons marché dans d’autres villes. Aujourd’hui que les marches se tiennent à Alger est un fait riche en symboliques pour les travailleurs, dont la majorité a pris conscience grâce au 22 février de la nécessité de revendiquer ses droits », a-t-il relevé. Pour lui, la place des travailleurs «c’est aux côtés du peuple, dont il représente une grande partie. C’est pour cela que nous nous attendons à une marche grandiose ». De son côté, le Cnapeste table également sur une très forte mobilisation des travailleurs pour ce mercredi surtout dans le contexte actuel. « Cette année, nous allons avoir droit à une double célébration.
D’abord, celle du 1er Mai et puis, celle de la reprise de l’espace public qui a été longtemps confisqué aux citoyens par l’interdiction de rassemblement. Le mouvement populaire a réussi à lever cet obstacle et c’est grâce à lui que nous allons pouvoir battre le pavé au sein de la capitale », a indiqué son porte-parole, Messaoud Boudiba.