Dans quelques heures, les Algériens célèbreront El Mawlid, la fête qui marque la naissance du prophète Mohamed. Ces dernières heures, les allées du marché Clauzel, situé en plein cœur du centre ville d’Alger ne désemplissaient pas. Les clients affluant de toutes parts pour s’approvisionner en légumes, en rechta et surtout en feux d’artifices.
Cette année, les stands traditionnellement remplis de « zarbout », pétards, ou « dynamites » ont laissé place à des bougies en tous genres.
Les pétards « traqués par la police et les douanes »
Parfumées, en verre ou même à l’effigie de personnages de dessins animés, elles ont pris la place des traditionnels pétards d’El Mawlid. En cause, la flambée des prix. « Ca a doublé, explique Rachid, vendeur de produits pyrotechniques. D’habitude, on vendait les paquets de « Zenda » à 100 dinars et cette année, ils sont à 250 dinars… Tout ce que voyez là ce sont les invendus de l’année dernière », affirme le jeune homme avec un geste des mains qui traduit son impuissance.
Selon la version confirmée par plusieurs vendeurs, cette véritable « pénurie » s’expliquerait par un blocage des produits au niveau des douanes algériennes. Selon Nourredine, « Au port, ils ont décidé d’arrêter d’importer et c’est nous qui en pâtissons. »
Seulement, aucun des vendeurs ne semble comprendre cette nouvelle « interdiction » appliquée. A l’approche des policiers qui viennent vérifier s’il y a vente de produits pyrotechniques, ils se précipitent pour cacher le peu de pétards disponibles à la vente
Un manque sur le marché qui se traduit directement par une augmentation des prix. D’où la ruée vers les bougies. « Alors que les enfants achetaient plusieurs paquets à l’occasion d’El Mawlid, ils n’en prennent plus que quelques unités à cause des prix. Par conséquent, les clients se dirigent vers les bougies que nous vendons entre 40 et 150 dinars pour les modèles les plus travaillés. «
Cette pénurie de produits pyrotechniques ne déplaît pas à tous les clients, rassurés de voir la tradition du pétard quelque peu effacée par la variété de bougies maintenant disponible à l’achat. Des bougies de toutes les couleurs et tailles possibles, aux senteurs et aux formes diverses qui font le plaisir de certains : « J’ai trois enfants et je préfère largement leur acheter des bougies en forme de personnage de dessin animé, qu’un paquet de pétards qui risque de les blesser, confie une maman interrogée sur place. Avant, les enfants jouaient dehors et passaient des soirées entières dans leur quartier à faire éclater des pétards. Aujourd’hui, les choses ont changé et les enfants passent plus de temps chez eux, sur Internet et y voient moins d’intérêt qu’avant, les mentalités ont changé.
La fête a changé de sens
Une évolution et un changement des procédés de la fête du Mawlid aussi souligné par Fatma. Pour elle, le changement ne se situe pas seulement pas dans l’utilisation des pétards, mais aussi dans la manière de fêter El Mawlid : « A mon époque, c’était une vraie fête familiale, que nous fêtions même avec les voisins. Tout le monde se réunissait tout au long de la soirée, nous mettions des tenues spéciales aux enfants et du henné », se souvient-elle avec nostalgie. Désormais, elle constate que les Algériens ne se répandent plus en préparatifs et préfèrent se contenter du « strict minimum ». « Un petit plat de Rechta, deux ou trois bougies et c’est fini. », regrette la grand-mère.
Hausse des prix
Une « rechta » qui elle aussi, n’a pas échappé à la hausse des prix. En effet, un vendeur de légumes nous explique qu’à l’approche d’El Mawlid, le prix du kilo de courgettes est passé de 120 à 160 dinars. « Les gens prennent un demi-kilo de courgettes plutôt qu’un kilo. Ils prennent le minimum, juste pour faire leur plat d’El Mawlid et marquer l’occasion » Une augmentation qui oblige encore une fois les clients à diminuer les quantités achetées, fait remarquer le vendeur de légumes.