«On achète pour l’Aïd et les mêmes habits seront portés pour la rentrée»
«Avec 800 DA, j’habille correctement mes gosses, vive la fripe!» jubile ce père de famille qui vient de dénicher un ensemble d’une grande marque.
Quelle rude épreuve pour les pères de famille en cette fin ce Ramadhan! Malmenés par les dépenses quotidiennes qu’impose ce mois sacré, ils seront obligés de râcler le fond de caisse pour subvenir à un besoin tout aussi impératif: l’achat des vêtements de l’Aïd pour les enfants.
Habiller un enfant coûte en moyenne 600 DA. Pour un père de famille qui a deux enfants, cela signifie une dépense supplémentaire de 12.000 DA. Une somme qui est loin d’être à la portée des simples ménages déjà saignés par les dépenses du mois de jeûne.
C’est ce qui s’appelle déshabiller le père pour habiller le fils. «Les vêtements ça ce voit, ça s’exhibe entre enfants et quand il s’agit des enfants, on ne peut pas y échapper», confie Hamid, père de trois enfants. «Le drame c’est qu’il n’y a pas de production nationale pour espérer acheter des affaires moins chères. Tout est importé», regrette Hamid qui, néanmoins préfère acheter des vêtements chers mais qui vont servir pour la rentrée scolaire. «D’une pierre deux coups, on achète pour l’Aïd et les mêmes habits seront portés pour la rentrée qui interviendra quelques jours plus tard», ajoute le même père de famille. Mais ce ne sont pas toutes les familles qui peuvent se permettre de débourser 12.000 DA pour des effets vestimentaires. Il sera difficile pour le meilleur des économistes de se retrouver quand il s’agit d’expliquer comment vivent les familles modestes en Algérie. Qu’on en juge: imaginons un père de trois enfants qui touche un salaire un peu plus grand que le Smig, soyons généreux et disons 25.000 DA par mois.
Ce père de famille doit dépenser au bas mot 15.000 DA pour les habits. Il faut ajouter les dépenses quotidiennes pour la nourriture, les médicaments et les factures des charges fixes, comme l’électricité, le gaz et le loyer.
Est-il possible? Nombreuses sont les familles algériennes qui, bien souvent, ont eu recours à la friperie.
Plus que d’habitude, ce recours à la friperie s’est accentué cette année.
Les ballots posés à même le sol, sont fouillés, retournés de fond en comble par des hommes et des femmes à la recherche d’une bonne occasion.
Qu’importe l’odeur repoussante que dégagent ces vêtements, qu’importe si ces vêtements sont moisis.
Le souci des petites bourses est de tomber sur un bon pull, un pantalon de marque, une jolie robe, le temps que cette fièvre de l’Aïd lâche les enfants.
«Avec 800 DA j’habille correctement mes gosses, vive la fripe!» jubile ce père de famille qui vient de dénicher un ensemble d’une grande marque.