Vous savez ce qu’il y a de plus improbable à imaginer pour mon esprit ? Eh bien c’est ces choses que l’on vous jure qu’elles ont existé mais que vous avez du mal à modéliser, vous avez cette difficulté de les juxtaposer avec la réalité du moment, tellement elles peuvent vous sembler surréalistes.
Je parle de la sensation comme lorsque vous allez au musée, ou alors contempler les ruines romains a Tipaza par exemple. Quand vous surplombez ces ruines et que l’on vous dit qu’il ya 2000 ans, ici même, des colonnes immenses s’élevaient au ciel, des temples a la gloire des dieux se bâtissaient, des routes se traçaient, des Italiens en jupe se pavaner…….
Vous voyez un peu ? Cette sensation de voir ce tas de ruines et de vestiges mais qu’au fond de vous même, toutes ces histoires que l’on vous raconte, vous semblent appartenir a un temps si lointain qu’il en devient mythologique, irréel. Eh bien moi, à l’ occasion du festival panafricain, j’ai retrouvé cette sensation.
Lorsque je contemple Alger depuis ses hauteurs et que mon père me relate qu’elle a été le festival panafricain en 1969, je vous assure que mes yeux n’arrivent pas à le visualiser sur l’Algérie d’aujourd’hui, ces récits sonnent à mes oreilles comme un compte écrit pour faire rêver les tout petits.
Alger en 69 c’est comme…..allez, on va dire l’Atlantide! C’est cela oui, l’Atlantide cette ville qui dit-on, fut engloutie par la mer durant la période pré-antique. Cette ville a nourri tant de légendes et que l’on considère a présent comme une fable attribué au du philosophe Platon.
Voila donc à quoi correspond pour moi Alger de 1969. Une ville qui fut engloutie non pas par une mer mais par ses pères. Une ville ou dit-on l’on pouvait croiser au détour d’une ruelle de la capitale les mythiques Blacks Panthers, des chanteuses d’une notoriété égale aux actuelles pimbêches du RNB, s’y produisaient.
On assistait à des concerts de Barry White ou Nina Simone…….Le festival a même donné le ton a un autre festival qui a eu lieu quelques semaines plus tard au Etats Unis, un certain Woodstock .
Alger en 1969, restera come toutes ces villes a jamais gravées dans l’histoire et l’inconscient collectif des masses, on relate son histoire en faisant part de sa flamboyante existence dans des livres ou des vieilles coupures de presse.
Personnellement on aura beau me raconter, m’expliquer, me montrer de vieilles photos, me faire des reconstitutions, me sortir des vieux documentaires. Le jeune Algérien que je suis qui a connu l’Algérie au croisement du carrefour des années 80 et de ses pénuries, des années 90 et de ses boucheries, des années 2000 et de ses repentis.
J’aurais a jamais du mal a visualiser cet Alger de 69 comme autrement qu’une ville appartenant a un passé bien lointain, enfoui sous un tas de souvenirs poussiéreux en noir et blanc que l’on déterre tel Pompéi le fut. Une autre ville mythique ensevelie sous la couche de cendres volcaniques du Vésuve. Certes, point de Vésuve il y a en Algérie, mais d’autres cendres on bien recouvert notre ville.
40ans seulement nous séparent de 1969, qu’en sera-t-il dans 40 autres années ? Mon père ne sera sans doute plus de ce monde, il subsistera certainement toujours des images, mais sans le récit d’une mémoire vivante, cela passera définitivement du stade de souvenir nostalgique au récit mythologique.
Puissions-nous un jour retrouver notre Alger de l’an 1969, tristes bonshommes que nous sommes, réduits à rêver que l’avenir de leurs enfants puisse ressembler un jour au passé de leurs parents.