Festival national de la création féminine : Le tapis algérien dans toutes ses splendeurs

Festival national de la création féminine : Le tapis algérien dans toutes ses splendeurs

Le Bastion 23 est depuis le 12 mai dernier, une vitrine variée de l’art ancestral du tissage.

Avec cette exposition, alternée d’ateliers et de conférences, c’est un hommage qui est rendu à ces femmes qui perpétuent la tradition du tissage et en font non seulement un gagne-pain notamment dans les zones enclavées mais aussi un repère de l’identité nationale.

Dix-sept artisanes venues d’El Ménéa, M’sila, Ghardaïa, Timimoun, Laghouat, Touggourt et de Kabylie participent à ce festival organisé sous forme de quatre expositions.

Il s’agit des outils et techniques de tissage, des livres et références en rapport avec le métier à tisser à travers les différentes époques, la création d’œuvres tissées et disponibles à la vente, ainsi qu’une exposition de designers femmes qui se sont inspirées de la thématique et de la symbolique du tissage pour leurs créations.

Des ateliers d’initiation au tissage sont également ouverts au grand public. Dans cet espace, Djazia et Hadjira, venues d’El Ménéa, tissent une carpette sur un métier moderne. « Notre initiation a commencé avec notre mère qui a hérité de cet art de sa mère.

Mais le stage effectué dans un centre de formation où nous avons suivi des cours théoriques sur le développement des outils à utiliser dans le tissage qui sont plus léger et mieux adapter que les anciens, nous a apporté un plus dans notre métier que nous souhaitons développer davantage et créer notre propre espace d’exposition et de vente mais surtout pouvoir commercialiser notre produit dans les autres wilayas », précisent-elles.

La collection des tissages principalement les tapis, rivalisent de couleurs, de formes et de minutie dans le travail. Zohra Ihaddaden, maîtresse-tisserande de Aïn El Hammam (Tizi Ouzou), forte d’une expérience de 23 ans, expose une panoplie de tapis labellisés d’Aït Hichem finement décorés reproduisant les motifs géométriques ancestraux.

Depuis 1995, elle s’est lancée dans la formation des filles des différents hameaux et villages. « Je suis à mon quatrième village. A chaque fois je déménage mon foyer et mon atelier pour aller former durant 3 à 4 ans », explique-t-elle tout en regrettant le manque de centres d’estampillage des tapis.

Messouda Fartas, artisane de Touggourt, travaille la laine et le poil de chameau qu’elle transforme en vestes, écharpes et ponchos superbement décorés de motifs spécifiques aux traditions du Sud.

De Timimoun, Fatiha Kadiri est venue avec une collection de tapis réalisés par les stagiaires de l’Association des droits de l’enfant et de l’adolescent (ADEA) qu’elle préside. « Nous avons constaté que les adolescents, notamment les filles, une fois rejetées de l’école, n’ont aucune formation à suivre, d’où l’idée de créer un atelier d’initiation au tissage », souligne-t-elle.

« Nous avons pu retrouver le tapis authentique de la région grâce à un spécimen datant de 1920 retrouvé au Musée national des arts et traditions populaires (Alger) », explique-t-elle.

La récupération du tapis de Timimoun a permis également de renouer avec les traditions ancestrales en termes de teinture de la laine.

Celle-ci purement végétale se base sur la pelure d’oignons, l’écorce de grenade, le henné, le thé et la garance. Alors que pour la fixation des couleurs, les tisserandes utilisent l’alun et le tartre. « L’utilisation des produits naturels dans la teinte et un véritable respect de la nature chose qui n’a pas échappé aux femmes artisanes et les tisserands des autres wilayas qui viennent s’initier chez nous », affirme la présidente de l’ADEA.

Souhila Habib.