Cinq courts métrages ont été présentés vendredi à la cinémathèque d’Oran, au premier jour de la compétition officielle de cette catégorie de la 4e édition du festival international du film arabe (FIFO).
Ce premier programme donne déjà un premier aperçu sur la « bonne santé » du court-métrage arabe très méconnu du grand public du fait de sa diffusion restreinte et très souvent lors des festivals et des manifestations cinématographiques. Cinq courts-métrages, cinq réalisateurs et cinq thématiques étaient « au menu » ce vendredi.
Dans « Obsessions », le tunisien Amine Chiboub propose au spectateur une histoire surréaliste : Hédi, un agent commercial, s’installe dans son nouvel appartement Un jour, il découvre un gros bouton rouge installé sur un mur. Intrigué par cet élément étrange, il se pose constamment la question que se passerait-il s’il appuyait sur ce bouton ? Toutes les éventualités lui taraudent l’esprit au point de sombrer peu à peu dans la folie. Amine Chiboub a réussi à transmettre au spectateur ce climat d’angoisse et de folie dans lequel vit son héros, soutenu dans cette tâche par une histoire menée tambour battant, une musique qui reconstitue l’atmosphère tendue dans laquelle se déroule l’intrigue et par un découpage technique judicieux. « Solo » de l’émirati Ali Djabiri raconte l’histoire d’un musicien marginalisé dans sa société. Il n’arrive pas à faire découvrir aux autres ses talents de saxophoniste. Finalement ce soliste solitaire trouvera son public, des conducteurs de poids lourd marquant une halte sur la route d’Abou Dhabi.
L’une des agréables surprises de ce programme a été incontestablement « Le cordonnier « de la saoudienne Ahd Kamal qui traite du problème de réintégration d’anciens détenus dans la vie normale. Saber est cordonnier. Il rentre chez lui, après avoir purgé une peine de prison on ne sait pour quel motif. Toutes ses tentatives de reprendre sa vie quotidienne ont échoué. Dans sa petite échoppe de cordonnier, il n’arrive pas à reprendre son métier. Il est ne trouve plus sa place parmi ses amis. Son épouse ne suscite plus en lui le moindre sentiment. C’est avec stupeur qu’elle découvre de longues cicatrices, conséquences de séances de torture, zébrant le dos de son mari. La vie de Saber est définitivement brisée. Même pour dormir le soir, il est contraint d’enfiler une cagoule sur sa tête comme pour s’isoler du monde extérieur.
« La première leçon » de la palestinienne Arine Amri se déroule en deux temps. Salma, une actrice palestinienne doit quitter sa ville natale d’El Qods pour se rendre en France. Elle ne supporte plus les exactions de l’armée sioniste. A Paris, Selma doit prendre des cours de français. La première leçon tourne à l’empoignade. Selma, comme les autres élèves, doit se présenter. Sa phrase : « Bonjour, je suis Selma. Je viens de Palestine dont la capitale est Jérusalem » suscite l’indignation d’un israélien qui lui rappelle que « Jérusalem est en Israël « et « l’état palestinien n’existe pas ». Selma se rend compte que partout où elle va elle restera l’éternelle sans-patrie. Arine Amri qui fait ses premiers pas dans la réalisation, signe une œuvre d’une bonne facture et dépeint avec amour la vieille ville d’El Qods. Le dernier court-métrage, »Sharing » du libyen Salah Eddine Ghuwedr raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur, issus d’une famille pauvre. A tour de rôle, ils se partagent l’unique paire de chaussures pour se rendre à l’école.
Un jour, ils sautent sur une mine et perdent chacun une jambe. Finalement, le problème des chaussures est définitivement réglé : chacun des deux enfants aura désormais un soulier à son pied.