Le directeur du TNA, M. M’hamed Benguettaf, est formel: «Tant que c’est un Egyptien qui est à la tête de cette instance, je n’irai pas, même si l’on m’invitait personnellement.»
Le conflit algéro-égyptien continue à faire des siennes. Si les choses semblent revenir à la normale d’une certaine façon, l’on continue tout de même à boycotter l’Egypte d’une manière ou d’une autre. On se souvient de l’épisode pharaonique du Salon international du livre qui a tourné en bourrique notre pays à cause d’un commissaire zélé du nom de Smaïl Ameziane qui avait déclaré, au départ, que l’Egypte sera interdite de participation au Salon pour se rétracter par la suite.
Résultat des courses, l’Egypte n’est pas venue arguant que l’espace qui lui a été octroyé est trop petit. Et vlan! dans le baba des Algériens. Idem pour le Festival du film arabe d’Oran dans sa 3e édition où l’Egypte a brillé par son absence. Si celle-ci était présente, notamment via quelques journaliste et surtout le comédien et réalisateur, Khaled Abou Naga, qui défend bec et ongles le cinéma égyptien indépendant et surtout qui chante les bons rapports algéro-égyptiens, son cinéma, d’habitude présent massivement à ce festival, n’a compté que quelques chats. Les réalisateurs d’Oum El Dounia auraient boudé notre festival de façon diplomatique et «artistique» en refusant d’y prendre part malgré les invitations envoyées. Et comme la force des événements écoulés ne peut être rayée d’un trait magique – les mémoires se souviennent encore des dérapages enregistrés à l’encontre de notre pays: peuple et drapeau souillés – le Théâtre national algérien (TNA) refuse, pour sa part, de participer au Festival du théâtre arabe qui a débuté hier lundi, et durera jusqu’au 16 janvier courant à Beyrouth.
C’est ce qu’a indiqué, dimanche, le responsable de la communication du TNA, M.Fath Ennour Ben Braham à l’APS. «Notre opposition est motivée par la présence à la tête de l’instance exécutive du Festival du théâtre arabe de Achraf Zaki qui a insulté le peuple algérien sur les chaînes satellitaires arabes», a-t-il indiqué, soulignant qu’il s’agissait d’une «position de principe».
La position du TNA, a-t-il déclaré, demeurera inchangée jusqu’à ce que Achraf Zaki présente des excuses au peuple algérien sur les chaînes satellitaires arabes. Le comité exécutif avait continué à contacter le TNA pour l’inviter à participer à l’édition de Tunis 2010, mais l’invitation a été déclinée pour la deuxième fois consécutive. «Tant que le comité exécutif est géré par l’instance actuelle, la position du TNA sera maintenue jusqu’à ce que la situation change ou que l’on présente des excuses, car nous avons des relations avec cette instance en tant qu’individus et non en tant qu’organisme», a-t-il affirmé.
Le TNA, a-t-il dit, a «été invité à participer avec une troupe théâtrale au Festival du théâtre arabe prévu à Beyrouth à partir de lundi au cours duquel M’hamed Benguettaf devrait être honoré. L’invitation a été déclinée». Le TNA était parmi les fondateurs de cette instance en 2007. De nombreuses troupes théâtrales arabes participeront à la 3e édition du festival du théâtre arabe de Beyrouth.
Pour en savoir plus, nous sommes rentrés en contact avec M.Brahim Noual, commissaire du Festival international du théâtre d’ Alger et bien entendu, le directeur du TNA, M.M’hamed Benguettaf, les deux se trouvant actuellement à Tlemcen dans le cadre des préparatifs de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique.» Si pour M.Noual, cette non-participation est justifiée par le fait qu’«il n’y a pas eu d’invitation au sens direct» tout en arguant être un «homme de paix et de dialogue», préférant parler de «tout ce qui est constructif en matière de dialogue interarabe et intercivilisationnel, au lieu de polémiquer», pour M.Benguettaf qui a refusé au départ de se prononcer sur la question, il étalera le même argument que M.Noual, à savoir: «Voyez avec le ministère de la Culture s’il a reçu une invitation.»
Il finira par admettre: «Personnellement même si je suis invité je n’irai pas!» et de renchérir: «Tout le monde connaît la raison de notre non-participation. Vous ne savez pas pourquoi les Algériens sont contre? Eh bien, tant que c’est un Egyptien qui est à la tête de ce festival, qui a insulté à un moment donné le peuple et l’Algérie, on ne partira pas!» Voilà qui est dit.
O. HIND