Les Egyptiens alimentent la polémique
Dans l’histoire du Festival d’Oran, il y a ainsi de nombreuses actions des stars égyptiennes visant à casser la montée en puissance des Festivals du cinéma en Algérie, voire dans le Maghreb.
Comme chaque édition du Festival d’Oran du film arabe, les Egyptiens alimentent la polémique. Cette année c’était au tour de Hala Sedki d’allumer le feu, en voulant répondre aux nombreuses critiques envoyées sur Facebook avant son arrivée en Algérie.
Profitant de sa présence en tant que membre du jury dans la salle de cinéma Saâda pour assister à la projection du film syrien de Mohamed Abdelaziz, absent du festival, Hala Sedki a improvisé une conférence de presse dans la salle durant plus d’une heure, au grand bonheur des journalistes de la presse oranaise, de quelques envoyés spéciaux venus d’Alger et de la caméra de Nessma TV. L’envoyé spécial de Tunis s’est retrouvé seul après le retrait des trois caméras de l’Entv, qui ne semblaient pas être intéressées par la polémique de la comédienne égyptienne. Hala Sedki a profité également d’un manque de vigilance des organisateurs algériens, qui se sont fait berner par la mise en scène d’un de ses accompagnateurs, qui a simulé une distribution d’autographes aux fans. Très vite, la star égyptienne est encerclée par les journalistes qui voulaient tirer quelques déclarations.
Dans l’histoire du Festival d’Oran, il y a ainsi de nombreuses actions des stars égyptiennes visant à casser la montée en puissance de Festivals du cinéma en Algérie, voir dans le Maghreb. En réalité les stars égyptiennes, qui sont briefées par les autorités culturelles de leur pays avant leur arrivée en Algérie, ne souhaitent pas l’émergence d’un grand festival en Algérie et de surcroit d’un festival du film arabe…. chasse gardée des Egyptiens durant plusieurs décennies. Des polémiques qui sont également répétées au Maroc où les stars égyptiennes tentent par tous les moyens de casser l’émergence de grands festivals dans le Maghreb. La première polémique lancée à Oran fut lors de la première édition en 2007 quand Hussein Fahmi alors président du jury avait déclaré que le Festival d’Oran ne peut être un festival international car il lui fallait comptabiliser cinq ans de présence dans l’espace culturel. L’année suivante c’est Ilham Chahine, alors membre du jury qui a créé la polémique en critiquant les choix de la comédienne algérienne Baya Rachedi et en traitant de «terroriste» le respectueux comédien marocain Mohamed Miftah. Pour se venger de la non-attribution des prix aux films égyptiens, la célèbre comédienne égyptienne allait commettre un incident grave venant d’un membre du jury: livrer à la presse égyptienne le palmarès détaillé du festival. Celle-ci s’est empressé de le mettre sur le Net, cassant ainsi la cérémonie de clôture. Malgré cette bourde et ce non-respect à l’hospitalité des Algériens, Ilham Chahine a été à la grande surprise réinvitée au Festival d’Oran en 2009 et recevra même un prix pour son interprétation dans le film Khaltat Fawzia du réalisateur Magdi Ahmed Ali. Elle a profité cette fois de cette aubaine en lançant des attaques à la délégation syrienne venant en force à Oran.
Dans le même sillage de cette 3e édition en 2009, le réalisateur égyptien Khaled Youssef est allé très loin dans l’invective en déclenchant lors de la 3e édition une énorme polémique avec «un ministère important» en Algérie celui des Moudjahidine au sujet de la programmation en même temps dans le festival, du film dramatique Doukan Chahata et du film historique algérien Benboulaïd. Khaled Youssef avait encore nargué les autorités algériennes et les organisateurs en improvisant comme Hala Sedki, une longue conférence de presse dans la salle Essaâda, critiquant de nouveau le ministère des Moudjahidine, avant que le directeur artistique du festival, le réalisateur Saîd Ould Khelifa, n’intervienne pour mettre fin à la mascarade. Lors de la quatrième édition, les Egyptiens n’étaient pas venus en force en raison des relations politiques très tendues entre l’Égypte et l’Algérie. Khaled Abou Nagua, la petite star du cinéma égyptien, avait la dure tâche de gérer la pression, en se faisant discrète, évitant à la fois d’exprimer son soutien au Festival d’Oran de peur d’être lynchée au Caire ou de saluer l’attitude des stars égyptiennes envers l’Algérie, au risque de les faire massacrer à Oran. Il faut dire que cette attitude «fétide» des artistes égyptiens envers toutes les activités culturelles en Algérie ou dans le Maghreb, ne se manifeste pas seulement au cinéma, mais aussi dans le spectacle en général: la musique, le théâtre ou le livre et bien sûr le sport. Les égyptiens veulent à tout prix affirmer leur supériorité culturelle et identitaire dans le Monde arabe et plus particulièrement dans le Maghreb, qu’ils accusent d’être plus proche du monde francophone que du Monde arabe. Cette attitude de supériorité, les stars égyptiennes ne l’expriment que dans des festivals en Algérie ou au Maroc. Les Tunisiens ont toujours compris qu’il fallait remplacer les Egyptiens par les Africains, c’est ainsi que les JCC de Tunis n’ont jamais souffert des polémiques des stars égyptiennes.
Les Egyptiens se font également tout petits dans les festivals en Europe, notamment à Cannes, à Montpellier ou encore à l’époque des biennales des cinémas arabes de Paris. Malgré tous ces bâtons dans les roues, les responsables algériens et même marocains continuent à inviter des stars égyptiennes pour leur festival, privilégiant ainsi la polémique à l’événement culturel.