Le film algérien se porte apparemment bien, mais au même moment les cinéphiles, le public d’une manière générale, ont du mal à trouver une salle de cinéma convenable pour s’installer devant le grand écran. Dès lors, il devient difficile de découvrir toutes ces réalisations filmiques qui décrochent des prix dans les différents festivals internationaux.
Aujourd’hui, c’est la réalisatrice, Djamila Sahraoui, qui est montée sur la plus haute marche du podium avec son long métrage « Yema » qui a obtenu le Prix du « Meilleur film » au 8e Festival du film africain « Afrykamera » de Pologne, tenu du 10 au 14 avril à Varsovie. «Yema» est un film d’une très grande beauté autant qu’il est cruel et tendu. Parlant de maternité avec ses blessures, il ne faut pas oublier le portrait social, politique et religieux de l’Algérie. Avec une esthétique qui embellit le drame, Djamila Sahraoui filme l’intimité et le quotidien pour montrer les efforts d’une mère qui ne veut qu’être heureuse et faire son deuil. Djamila Sahraoui a écrit, mis en scène et jouer dans ce film. Yema signifie «mère» en français. Avec seulement deux acteurs, plus elle dans le film, elle a réussi à nous livrer une belle histoire et un très beau film à découvrir dès que possible. Même si c’est le genre de film qui ne contient pas beaucoup de dialogues et fait tout passer par le jeu d’acteurs et les
situations. »Yema » était en compétition avec huit autres longs métrages africains, sélectionnés parmi quelque 300 films proposés au festival qui a, par ailleurs, retenu 10 films au concours du court métrage. Réalisé en 2012, « Yema », a reçu Yennenga d’argent au 23e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Ce film raconte l’histoire de Ouardia, interprétée par la cinéaste, une mère qui tente de reprendre une vie normale dans une maison isolée dans la campagne après la mort de son fils, Tarik, un militaire probablement tué par son frère Ali, dirigeant d’un maquis islamiste. Il met l’accent sur la souffrance de cette mère qui, pour surmonter ses peines, s’occupe de son jardin et d’un petit garçon orphelin à sa naissance. Outre les longs métrages « Barakat » (2005), plusieurs fois primé et « Yema » (2012), la cinéaste compte à son actif les documentaires « Opération Télé-cités » (2000), « Algérie, la vie toujours »(2001) et « Et les arbres poussent en Kabylie » (2003). Placé sous le thème « La classe internationale africaine », le festival a choisi de mettre à l’honneur pour sa 8e édition, le Sénégal. Le Festival du film africain « Afrykamera » de Pologne se démarque par la volonté qu’il se fixe de rassembler les contributions de l’Afrique au monde du cinéma dans la région d’Europe Centrale et Europe de l’Est.
«El-Djazira» à Cannes
Le court métrage « El-Djazira » (L’île) du réalisateur algérien, Amin Sidi Boumediene, sera projeté hors compétition au 66e Festival de Cannes (sud de la France) prévu du 15 au 26 mai, a-t-on appris jeudi auprès du producteur du film. « El-Djazira » est programmé au « Short film Corner », une rencontre créée en 2004 en marge de la sélection officielle des courts métrages et dédiée aux professionnels. Réalisé en 2012 et produit par « Thala films », ce court-métrage de 33 minutes aborde la question de l’exil à travers l’histoire d’un immigré clandestin venu, non d’un autre pays, mais d’une autre époque pour un meilleur avenir dans la ville d’Alger de 2012. Le film avait reçu plusieurs distinctions en 2012 dont ceux du « Meilleur film et du meilleur producteur du monde arabe » au 6e Festival du cinéma d’Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Neuf pays concourent pour la Palme d’Or du court métrage du 66e Festival de Cannes, dont la Palestine qui participe pour la première fois avec « Condom Lead » réalisé par Ahmed et Mohammed Abou Nasser.
Par Manil Samir