Cette forme de protesta qui consiste à fermer à toute circulation les axes routiers, a vite fait de prendre de l’ampleur. Les statistiques de la gendarmerie sont révélatrices : en 2011, il a été recensé 2 493 cas à travers le pays.
Si les revendications des citoyens sont légitimes, ceux qui sont sérieusement pénalisés sont surtout les usagers de la route et non pas les responsables dénoncés pour leur laxisme.
Alors, quelle solution ?
Ces fermetures sont passées de 977 en 2009, à 2 493 en 2011, soit une augmentation de 160 % et se situent autour de 1 086 cas pour les quatre premiers mois de l’année en cours. Ces chiffres ont été révélés, hier, par le chef du 4e commandement régional de la Gendarmerie nationale, le colonel Tahar Athmani.
Pour comprendre au mieux et analyser ce phénomène qui commence à prendre des proportions alarmantes, un séminaire national s’est ouvert hier dans la wilaya de Laghouat avec pour thème : «Le phénomène de fermeture de la voie publique et les mécanismes de son traitement.»
Le colonel Tahar Athmani a qualifié ce phénomène «d’étranger à la société algérienne», le définissant plutôt comme «la résultante de conjectures sociopolitiques et culturelles limitées, ayant donné lieu à la propension d’une catégorie de jeunes avides d’assouvir, dans l’instinct collectif, leurs frustrations psychologiques.»
«Le phénomène a pris ces dernières années une tendance à la hausse, à l’échelle nationale», a-t-il relevé, lors de cette rencontre qui a regroupé des enseignants universitaires et des responsables de la Gendarmerie nationale.
Pour lui, ce phénomène constitue un «problème sécuritaire, aussi bien pour les citoyens que pour les pouvoirs publics», ajoutant que «cette pratique donne lieu à une scène propice pour commettre des actes répréhensibles».
«Des situations qui s’accompagnent le plus souvent de comportements hostiles et d’atteintes contre les personnes, les biens et les infrastructures», a-t-il déploré sans préciser les retombées économiques que provoque la fermeture d’une voie à grande circulation parfois pendant plusieurs jours. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’une route, souvent à grande circulation (autoroutes), soit bloquée par les citoyens. Les automobilistes, premières victimes, sont toujours surpris d’une fermeture inopinée de la voie publique, les plongeant dans un désarroi le plus total et les exposant à tous les dépassements durant plusieurs heures. Ces actions sont déclenchées pour dénoncer une liste d’attribution de logements, pour réclamer un meilleur cadre de vie, pour dénoncer le chômage, l’insécurité, etc. Ainsi, la fermeture de la voie publique est devenue la seule voie de recours pour les citoyens à chaque fois qu’ils constatent un laisser-aller des pouvoirs publics.
Pour l’universitaire, le Dr. Brayak de Laghouat, «la fermeture de la voie publique est en soi un crime condamnable par la loi» car, «outre l’effroi au sein de la population et les pertes qu’elle occasionne à l’économie, constitue un espace favorable à l’apparition de marginaux, sous le couvert de revendications de droits», a-t-il expliqué.
Pour circonscrire ce phénomène, le conférencier a plaidé en faveur de l’ouverture de canaux de dialogue, officiels et autres, entre les différentes catégories sociales et les responsables des institutions de l’Etat.
H.T