FERMETURE DES COMMERCES, COÛT TRÈS ÉLEVÉ DU MOUTON ET DES LÉGUMES L’aïd, un vrai sacrifice

FERMETURE DES COMMERCES, COÛT TRÈS ÉLEVÉ DU MOUTON ET DES LÉGUMES  L’aïd, un vrai sacrifice

Les fêtes de l’Aïd en Algérie ne sont pas synonymes uniquement de repos, de joie et de rencontres familiales. Ces journées peuvent virer au cauchemar pour nombre d’Algériens, qui souffrent souvent de la fermeture prolongée des commerces.

Chaque année, le même scénario se répète. Toutes les villes sont dépeuplées mais également hémiplégiques. L’approvisionnement en ces périodes peut s’avérer une tâche pénible. Rien n’est disponible sur place, tous les commerces sont fermés. Pénurie de lait, de pain, fruits et légumes….



Pour cette année, certains boulangers habitant la capitale ont décidé, suite à l’appel du ministère du Commerce et de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), de travailler de manière régulière, mais uniquement en début de matinée, soit avant 9 heures. «Je travaille comme d’habitude. Je ne ferme jamais les deux jours des fêtes religieuses. Sauf que je ferme, avant la prière de l’Aïd.

Il faut venir tôt», s’exprime Hadj Tahar, boulanger de la commune d’El Biar, qui rajoute que les grandes portes vitrées de son local resteront fermées, «nous ouvrirons uniquement la petite porte à gauche, puisque nous ne ferons pas de pâtisseries et de gâteaux».

Aami Salem de la rue Belouizdad (ex-Belcourt) promet également de faire la même quantité de pain produite habituellement le jour de l’Aïd, mais il sera obligé de fermer tôt : «Nous aussi, nous devons fêter l’Aïd avec nos enfants, égorger le mouton. Vous voulez acheter du pain, soyez matinaux et vous serez servis, pas de problème.» Nadir, boulanger à Hussein Dey, sera obligé, par contre, de baisser les rideaux.

Ses ouvriers sont de Jijel et ils ont, d’ores et déjà, demandé quelques jours complémentaires afin de profiter de leurs familles en cette occasion très appréciée. Idem pour un des boulangers d’El Mouradia, qui se retrouve toujours pris au piège pour le même motif.

«Je ne ferme pas complètement comme vous le voyez, puisque je produis également des gâteux traditionnels et de la pâtisserie. Je serai donc ouvert jusqu’à jeudi, la veille de la fête. Pour le pain, je n’aurai pas d’autres solutions que d’attendre le retour des ouvriers», déclare tristement le propriétaire, qui regrette le manque flagrant des professionnels au niveau de la capitale.

«Chaque année, c’est le même problème qui revient, mais les Algérois peuvent s’approvisionner facilement. Des confrères assurent des permanence», a-t-il affirmé. Interrogé sur la vente de pain au marché noir, il déclare : «Le plus important est la disponibilité du pain. Les commerçants informels profitent de ces occasions rares et rachètent aux boulangers leurs productions et la revendent à longueur de journée, alors que les boulangers préfèrent baisser rideau dans la matinée».

Marchands des fruits et légumes et bouchers fermés durant une semaine

Les vendeurs des fruits et légumes ne font pas de concessions. Leurs commerces seront fermés durant une semaine. «Ce n’est pas de notre faute», se justifie Sofiane, commerçant à Belouizdad. «Même nous, nous serons privés de marchandises, puisque les marchés de gros seront fermés.»

Contacté par le Temps d’Algérie, le directeur général du marché de gros des Eucalyptus à Alger, Mounir Ayad, a démenti cette information. Il précise que les marchés de gros seront fermés uniquement les deux jours de l’Aïd, soit le vendredi et le samedi. Les mandataires et les agriculteurs ainsi que tout le staff reprendront le travail à partir de dimanche. Les prix de certains légumes ont, cependant, enregistré une hausse considérable. Les prix des navets, très demandés par les ménages, flambent : ils sont proposés à 300 DA le kilogramme. Les tomates, elles, sont cédés à 130 DA le kilo, alors que la pomme de terre stagne à 70 DA le kilo.

Les bouchers, à l’approche des fêtes, travaillent uniquement sur commande. Pour le dernier jour avant la fête, tous les clients doivent se présenter dans la matinée, afin de récupérer leurs commandes, suite à quoi un congé d’une semaine sera observé.

Il y a lieu de signaler, qu’hormis une circulaire ministérielle «exigeant» des commerçants, notamment les boulangers, d’assurer une permanence, aucune loi n’est promulguée pour imposer aux commerçants un programme de permanence.

L’UGCAA a promis de résoudre ce problème, cette année, en  établissant avec les bureaux et les sections locales, des listes des commerçants concernés par les permanences dans les quartiers populaires et les grandes agglomérations, notamment les boulangers, les marchands de fruits et légumes et de produits alimentaires, pour assurer un approvisionnement permanent en produits de première nécessité. Cet appel risque, toutefois, de rester sans écho.

Samira A.