Fermeture de « Liberté » : Rebrab sort de son silence

Fermeture de « Liberté » : Rebrab sort de son silence

Le quotidien « Liberté » tire sa révérence après 30 ans de parution. La dernière édition du journal est paru ce jeudi 14 avril 2022. La décision de mettre la clé sous la porte a été prise par le propriétaire du journal, à savoir Issad Rebrab, l’un des hommes d’affaires les plus forts en Algérie. Depuis l’annonce de la fermeture de ce journal, les lecteurs de ce dernier, mais aussi les employés, ont beaucoup réagi, surtout via les réseaux sociaux, et sont donc montés au créneau pour dénoncer cette décision jugée « injuste ».

Issad Rebrab, qui jusque-là n’avait pas réagi, sort de son silence dans une déclaration publiée sur la dernière parution du quotidien « Liberté » de ce jeudi 14 avril 2022.

Ce dernier déclare comprendre la vague d’émotions et de protestation en disant : « Ma décision d’arrêter le journal Liberté a soulevé une vague d’émotion et de protestation. Je comprends le sentiment de ceux, si nombreux, qui refusent de consentir à l’extinction d’un support dévoué de la liberté d’expression, d’une citadelle de lutte démocratique et d’un témoin qui a accompagné, jour après jour, un long épisode de l’Histoire récente de notre pays. »

Rebrab justifie sa décision de fermeture du journal « Liberté »

Pour justifier la fermeture du quotidien « Liberté », en premier lieu, Issad Rebrab évoque la situation financière de ce dernier, « Aux concitoyens et amis du journal ayant exprimé leur souhait de voir sa parution se poursuivre et à ceux n’en ayant pas compris les motifs, je confirme que sa situation économique ne lui permet qu’un court et vain sursis.  Ce quotidien d’information a été proposé à la vente, mais il a été victime, comme beaucoup de supports de presse, de l’évolution mondiale des comportements des lecteurs qui s’orientent vers la presse électronique. »

En second lieu, l’homme d’affaires évoque le fait qu’il annoncera sa retraite prochainement, et qu’il veut laisser ses successeurs se consacrer aux activités industrielles du premier groupe privé algérien. En déclarant : « Depuis plus d’une année, j’ai placé le groupe Cevital dans une perspective d’un nouveau départ devant faire suite à mon retrait de la vie active que mon âge a rendu nécessaire et que j’annoncerai prochainement. »

« Au moment où je prends enfin une retraite effective, j’ai voulu faire en sorte que la relève qui me succédera puisse se consacrer au seul impératif de développement des activités industrielles du groupe, libérées des contraintes particulières de gestion d’une entreprise de presse. »

Rebrab rend hommage aux employés de  « Liberté » et remercie ses lecteurs

Issad Rebrab, évoque tous ceux qui ont appelé à la préservation du quotidien, qu’il a qualifié « d’aventure exaltante » en disant, « Au moment où prend fin l’exaltante aventure collective autour de Liberté, je tiens à saluer le geste de nombreux intellectuels, femmes et hommes politiques, de lettres et de culture qui ont appelé à sa préservation. Ce quotidien a été une belle aventure, enrichissante et fructueuse pour tous ceux qui ont contribué à son élaboration. Il a su porter le combat pour la défense de toutes les libertés. » en n’oubliant pas aussi de remercier les lecteurs de « Liberté », en leur adressant ce message : « Je tiens particulièrement à exprimer ma reconnaissance aux générations de lecteurs de Liberté qui, par leur présence, lui ont constamment donné sa raison d’être et, dans les moments les plus difficiles, lui ont fourni la meilleure raison de résister et de persévérer. »

Il conclut sa déclaration en rendant hommage aux employés, aux journalistes assassinés par amour du métier, ou encore ceux emprisonnés pour ce métier, en disant : « Je tiens aussi à rendre hommage aux générations d’employés qui y ont successivement partagé l’exigeante tâche de confection quotidienne du journal et fait de lui l’œuvre impérissable qu’il est.

Je m’incline devant la mémoire de ceux d’entre eux qui, sous les balles assassines du terrorisme, ont payé de leur vie la cause de progrès et de démocratie qu’il a toujours défendue. J’ai une pensée attristée pour d’autres parmi eux qui ont eu à subir l’épreuve imméritée de la prison. Je remercie enfin les différents partenaires, annonceurs, imprimeurs et diffuseurs qui ont participé à sa réalisation. »