Fermées depuis 17 ans, les frontières entre l’Algérie et le Maroc ne seront pas rouvertes de si tôt

Fermées depuis 17 ans, les frontières entre l’Algérie et le Maroc ne seront pas rouvertes de si tôt

On a même annoncé la date : le 02 juin 2011. Et ce n’est pas vrai ! La réouverture des frontières algéro-marocaines, fermées depuis 1994, n’est pas à l’ordre du jour. Le premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a exclu que les frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc soient ouvertes pour l’heure. Pourtant, des informations distillées par la presse marocaine et algérienne depuis quelques semaines laissaient croire à l’imminence de cette réouverture. Les frontières entre l’Algérie et le Maroc sont fermées depuis 17 ans.

« Ces derniers temps on observe (…) des déclarations de l’agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis pour vouloir impliquer l’Algérie dans l’envoi de mercenaires en Libye, dans l’envoi d’armes en Libye », a avancé Ahmed Ouyahia dimanche 29 mai lors de sa conférence de presse.

« Ce genre de choses ne sont pas des facteurs qui aident à l’ouverture de la frontière, a-t-il poursuivi. En tout état de cause l’ouverture de la frontière n’est pas à l’ordre du jour ». « Il n’y a rien de programmé et elle arrivera un jour, a-t-il dit. Mais pour quelle arrive elle a besoin d’un climat et le climat se concrétise par des déclarations », a encore ajouté le Premier ministre.

Les frontières terrestres entre les deux pays ont été fermées en août 1994 à la suite d’un attentat islamiste à Marrakech que Rabat avait imputé aux services secrets algériens.

Dans la foulée de ces accusations, les Marocains ont décidé d’expulser des milliers de ressortissants algériens établis au royaume. En représailles, Alger a instauré le visa d’entrer en Maroc.

Bien que cette restriction ait été levée depuis juillet 2004, les deux capitales n’ont pas trouvé un terrain d’entente qui permette de régler ce contentieux vieux de 17 ans.

Bien que fermées, les deux frontières demeurent une véritable passoire propice aux multiples trafics. La contrebande autour de l’essence, des denrées alimentaires et surtout de la drogue génèrent des millions de dollars.

Notre reporter a pu aisément franchir les frontières en août 2010 monnayant quelques centaines de dinars et de dirhams.

Et depuis 17 ans, la question est constamment remise sur le tapis de part et d’autre des frontières.

C’est ainsi que plusieurs journaux marocains indiquaient récemment que les frontières maroco-algériennes seront ouvertes le 2 juin prochain. L’occasion est propice : permettre aux supporters de la sélection algérienne de se déplacer au Maroc, plus précisément à Marrakech où doit se dérouler le match de football entre les Fennecs et les Lions de l’Atlas.

De leur côté, des médias algériens ont fait part à de nombreuses reprises de discussions au plus haut niveau entre responsables algériens et marocains dans la perspective d’aboutir à cette réouverture.

Mais visiblement, aussi bien du côté marocain qu’algérien, la question relève de l’intox, de la manipulation et du lobbying.

Qu’est ce qui bloque ? Officiellement, les deux pays du Maghreb entretiennent de bonnes relations, du moins correctes.

« Nous n’avons aucun désaccord bilatéral avec le Maroc : la preuve nos échanges commerciaux sont très importants et le Maroc se classe en première position dans les échanges commerciaux avec l’Algérie en Afrique », a expliqué ce dimanche le Premier ministre Ahmed Ouyahia.

Ces quatre derniers mois, Rabat et Alger ont échangé des visites de ministres qui avaient laissé augurer d’un réchauffement progressif de leurs relations politiques.

Toutefois, le contentieux sur la question du règlement du conflit du Sahara occidental ainsi qu’une véritable méfiance entre responsables algériens et marocains empêchent la normalisation des relations.

Et compromet cette fameuse réouverture.

Avec AFP