Femmes Harragas : Ces Algériennes qui défient la méditerranée

Femmes Harragas : Ces Algériennes qui défient la méditerranée

Renaud qui disait que la mer ne prenaient que les hommes avait vraisemblablement tord. Parmi les victimes des traversées clandestines de la méditerranée figurent des femmes, ces dernières, au même titre que les hommes, ont bravé la grande bleue, et elles se sont lancées vers un Eldorado incertain.

Le contexte sanitaire que traverse le monde depuis le début de l’année écoulée a été une aubaine pour les candidats et les candidates à l’émigration clandestine. Il parait qu’avec la fermeture des frontières, la marge de rapatriement vers les pays de départ avait été fortement réduite. Plusieurs femmes Algériennes ont donc voulu tenter leur chance.

Femme et Harraga, des témoignages poignants

Imene, une candidate à la Harga, a 24 ans, elle habite dans la wilaya de Relizane. Elle confie à nos confrères du quotidien Liberté, qu’à Relizane « il n y a rien, c’est le néant ». Le constat de Imene est partagé par plusieurs Algériens qui prennent la mer vers les cotes européennes, mais quand on est une femme, il nous faut toujours un cran de courage en plus, pour monter dans une barque de la mort.

Selon Maissa, une autre candidate à la harga installée actuellement en France, « c’est le soulagement qu’on ressent en montant dans la barque, mais la panique commence une fois au large, quand on entend rien de plus que le bruit du moteur ». Maissa ajoute et confie qu’une fois au large elle « voulait serrer sa mère une fois de plus » et qu’elle « éprouvait beaucoup de remords de l’avoir laissé derrière moi ».

Ce sont ces remords qui ont contraint peut-être Imene à rester. La jeune fille de 24 ans confie avoir tenté la traversée deux fois sans succès. La première fois en 2018, avant de fuire le passeur dont elle avait eu peur, et la deuxième en 2019, car elle avait « Un mauvais pressentiment ».

Un pressentiment qui lui avait pourtant sauvé la vie, car parmi les 16 jeunes qui sont montés au bord du « Boti » censé la mener vers l’Eldorado, seuls deux ont survécu, le reste est porté disparu en plein mer. La jeune fille va continuer ses études. Elle est actuellement au chômage, et vit avec sa mère adoptive. Imene, qui a mis une croix sur la traversée, elle confie qu’elle« ne veut pas laisser seule sa mère, mais qu’elle panique à l’idée de se retrouver elle-même seule si elle décède ».

Ces victimes femmes de la Harga

Amina, 27 ans, tente la traversée le 7 janvier passé. Assise au bout de la barque, elle garda le silence quand l’eau commençait à monter. Il n’y avait rien à faire de mieux que prier, comme le rapporte Chemsou, qui était également présent dans l’embarcation.

L’embarcation, et au bout de 8 heures de mer fortement houleuse, parvient enfin à arriver aux côtes espagnoles, et Amina est récupérée par sa mère avec qui elle rejoint le Portugal.

Mais si Amina a eu de la chance ce n’est pas le cas de toutes les femmes qui tentent la grande bleue. En aout 2020 le corps d’un bébé de 3 ans a été retrouvé flottant, prés des cotes de Annaba. Il s’agit de la progéniture d’une des 4 femmes présentes dans deux embarcations transportant 38 migrants.

Cette mère infortunée, qui tentait apparemment de rejoindre son mari établi à Marseille, a perdu l’équilibre au moment où la barque avait été prise dans une mer tourmentée, c’est là que le bébé est tombé dans l’eau, et perdu à jamais.

Yamina de Boumerdas précise que les femmes qui tentent la traversée sont loin d’être suicidaires. C’est d’après elle une décision difficile à prendre, mais qui vient après maintes évaluations. Les femmes qui prennent la mer vivent souvent dans des conditions difficiles en Algérie, ce qui les poussent à tenter le tout pour le tout.