A quelques heures du match que tout le peuple algérien attend, nous vous proposons de lire en exclusivité les déclarations de l’atout majeur de l’Equipe nationale : Sofiane Feghouli. Au cours d’un entretien qu’il nous a accordé avant de rejoindre le stage de Sidi Moussa, Feghouli rêve d’écrire une autre belle page de l’histoire du football algérien en qualifiant les Verts en Coupe du monde au Brésil. Le joueur de Valence nous a avertis au début : il ne sera pas question de dévoiler la tactique avec laquelle les Verts comptent contourner la défense du Burkina Faso car le plus important pour lui c’est de donner du bonheur au peuple algérien. A l’instar de tous ses coéquipiers, Feghouli n’a qu’une chose en tête en ce moment : ce soir au coup de sifflet final, les Algériens sortiront dans la rue pour fêter la 4e qualification de l’Algérie à une Coupe du monde. Jouer titulaire ou remplaçant, jouer à droite, à gauche ou au centre, jouer au milieu ou en attaque, ce ne sont que des détails. La priorité des priorités c’est de gagner et se qualifier. C’est le leitmotiv de tous les joueurs, c’est le leitmotiv de tout le peuple algérien.
Les supporters algériens s’inquiètent un peu de ton début de saison timide avec Valence et se demandent pourquoi on n’a pas encore vu le Feghouli du début de la saison dernière ?
La raison est simple : j’ai commencé la saison avec une blessure aux quadriceps au cours d’un match amical de préparation. C’est cela, je pense, qui a perturbé mon début de saison. Là, je commence à retrouver petit à petit mon meilleur niveau en espérant terminer la saison très fort.
Vous avez contracté une autre blessure, il y a une dizaine de jours. N’est-ce pas la malchance qui s’acharne un peu sur vous ?
Non, enfin, j’espère que non, parce que c’était une blessure bénigne. C’était une petite contracture au mollet qui a nécessité quelques jours de repos et de soins. Là, je suis prêt à 100 % sur le plan physique. Que les supporters algériens se rassurent.
Justement, dès que vous avez repris la compétition, vous avez inscrit un but contre Valladolid en Liga. Dans quelle mesure, ce but vous remet-il en confiance ?
Je n’ai pas eu besoin de marquer pour retrouver la confiance. Je suis de nature quelqu’un qui ne doute jamais, j’ai toujours eu confiance en mes capacités. C’est vrai que le but que j’ai marqué va me donner envie de faire mieux, mais je crois que mes dernières prestations avant ce but étaient satisfaisantes. Je suis en train de monter en régime.
Par contre, ce but arrive au bon moment, la veille du début du stage de l’équipe d’Algérie ?
Comme je viens de vous dire, marquer c’est toujours bon pour le moral, ça ne peut me faire que du bien, mais là je n’ai même pas besoin d’être motivé. Jouer pour le pays, c’est sacré, c’est autre chose, ça n’a rien d’égal. Je me consacre entièrement à mon pays et je me donnerai à fond même si on me demandait d’évoluer autrement.
Contrairement à votre début de saison à Valence, vous êtes en train de briller en Equipe nationale au point de faire encore partie des nominés pour le Ballon d’Or algérien et probablement des nominés pour le titre de Meilleur joueur africain organisé par la CAF. Pensez-vous que ce sont vos prestations avec les Verts qui vous ont propulsé en haut de l’affiche ?
Ecoutez, en sélection, j’ai la chance d’être au milieu de partenaires qui me mettent souvent dans d’excellentes conditions. Des partenaires en qui j’ai entièrement confiance. Dans ces conditions, il m’est plus facile d’élever mon niveau. Si aujourd’hui je fais partie des nominés pour le Ballon d’Or algérien et pour le Meilleur joueur africain, c’est en partie grâce à mon sélectionneur et à mes coéquipiers. J’ai la chance d’être un joueur offensif, c’est cela en fait qui m’a permis de marquer quelques buts, mais au risque de me répéter, tout cela n’aurait pas été possible sans le bon boulot que réalisent mes partenaires. C’est vrai que les attaquants sont souvent à l’affiche parce que ce sont eux qui marquent, mais tout le monde participe à la réussite de l’équipe. Il faut donc féliciter tout le monde pour ces nominations.
La fin d’année 2013 s’annonce très particulière pour vous puisque vous pourriez vous qualifier avec l’Algérie en Coupe du monde, gagner de nouveau le Ballon d’Or et faire partie des meilleurs joueurs du continent. Vous arrive-t-il d’y penser, vous qui dites toujours que vous ne vous mettez jamais de limites ?
Vous voulez la vérité ? Mon seul et principal objectif aujourd’hui c’est d’aller au mondial. Gagner le Ballon d’Or algérien et être finaliste pour le titre de Meilleur joueur africain sont des titres individuels, j’en connais la sensation. C’est certes valorisant, mais ce n’est pas une obsession pour moi. Se qualifier en Coupe du monde, ce n’est pas un titre individuel, ce n’est pas non plus une victoire pour l’Equipe nationale, c’est une victoire pour tout le pays. Vous voyez la différence ? La Coupe du monde c’est la priorité, c’est le rêve de tout un peuple. C’est le drapeau national qui est en jeu. Le reste ce n’est que du bonus.
Donc, le choix est vite fait entre la qualification en Coupe du monde et le reste ?
Evidemment. C’est la priorité des priorités.
Quelle sera la clé de la qualification, ce mardi, selon vous ?
Le public du stade Tchaker.
Qu’attendez-vous justement du public ?
Qu’il se comporte comme il s’est toujours comporté en portant l’équipe jusqu’à la victoire et la qualification. Je demande au public de nous pousser jusqu’à la dernière seconde parce que le match va durer 90 minutes. Qu’il soit patient avec nous et il y aura inch’Allah la qualification au bout. L’équipe a besoin de tout le monde, du jardinier portugais de Sidi Moussa jusqu’à M. Raouraoua qui fait un excellent boulot. Il n’y a pas de raison pour qu’on ne se qualifie pas. Il s’agit de rendre heureux tout un peuple.
Comment vit le groupe à quelques jours de ce match
capital ?
Tous les joueurs savent qu’on va défendre le drapeau et qu’on représente 35 millions d’Algériens. Nous savons ce que nous représentons pour la société algérienne. Personne parmi nous ne se pose la question de qui joue, qui ne joue pas. Notre seul leitmotiv c’est de qualifier l’équipe et donner du bonheur à
l’Algérie.
Il y a quelques années, vous avez refusé de jouer la Coupe du monde 2010 avec l’Algérie parce que vous ne vous sentiez pas encore prêt à donner un plus à l’équipe de votre pays et parce que vous vouliez aussi écrire votre propre histoire. Sentez-vous qu’une belle histoire est en train de s’écrire avec ce groupe ?
Une nouvelle histoire a en effet commencé puisqu’il y a un nouveau sélectionneur, un nouveau groupe de jeunes joueurs. On est ensemble depuis deux saisons, je crois. C’est vrai qu’il y a eu des hauts et des bas, mais l’histoire est en marche et j’espère qu’elle durera le plus longtemps possible avec une qualification en Coupe du monde. La Coupe du monde c’est le summum pour un footballeur. Quand on commence à jouer au foot tout jeune, le premier rêve qu’on caresse c’est de jouer la Coupe du monde et la Ligue des champions.
En plus, au Brésil…
Le pays du football, oui. Pour certains parmi nous, ce sera sans doute la dernière grande compétition à laquelle ils vont participer. On va tout faire pour leur permettre de réaliser cet objectif avec nous. Moi personnellement, j’ai vraiment envie d’écrire mon histoire avec l’équipe de mon pays. Dans cette équipe, il y a des joueurs de talent, il y a aussi des gens autour de nous qui travaillent très bien. On a tout pour qualifier cette équipe, il ne nous reste qu’à prendre nos responsabilités pour être dignes de la confiance du peuple.
Parmi ces joueurs qui vont jouer leur dernière Coupe du monde, Madjid Bougherra qui a déjà participé à l’écriture d’une belle page de l’histoire du football algérien. Vous parle-t-il encore de 2009 et de Omdourman ?
Madjid ou Hassen nous parlent souvent de leur vécu en sélection et de la qualification en Coupe du monde. Mais, ce qu’on vit actuellement est complètement différent, on ne peut pas comparer les deux périodes car il y a eu de nouveaux joueurs, un nouveau staff. J’avoue par ailleurs que l’expérience des anciens nous est très utile. Dans ces grands rendez-vous, l’apport d’un Bougherra ou d’un Yebda peut s’avérer capital. A nous d’en profiter.
Vous arrive-t-il d’imaginer la folie qui va s’emparer du peuple algérien après le match, si on se qualifie ?
J’y pense et j’y repense plusieurs fois, mais je fais tout pour me concentrer sur le match parce que la joie du peuple dépendra avant tout de notre match et de la qualification. L’erreur à ne pas commettre c’est de nous voir qualifiés avant la fin du match. Maintenant qu’on connait cette équipe du Burkina, on va bosser pour trouver le meilleur moyen de la battre.