«Les grandes équipes, ça se construit uniquement dans les échecs et la grande douleur» «Le football de haut niveau, c’est dans la zone de vérité et c’est là qu’on a pêché» «Nous nous sommes confrontés au haut niveau, et à présent, on sait ce qu’on vaut» «On n’est pas encore prêts pour gagner une telle compétition» «Nous avons joué face à 3 styles différents, et c’est très enrichissant»
Vous venez de disputer votre coupe d’Afrique des nations. Sur le plan personnel, comment l’avez-vous vécue ?
Je commencerai par dire que c’est toujours enrichissant de se confronter aux meilleures nations africaines. Jusque-là, nous avions joué des équipes de seconde zone, et là, nous avons vu réellement le niveau de l’Algérie. Je pense qu’au vu de cette Coupe d’Afrique des Nations, nous avons pu constater que nous avons encore beaucoup à apprendre, même si nous avons réalisé trois bonnes parties, notamment sur le plan offensif, où nous avions produit pas mal de jeu. Ça fait du bien ce genre de prestation, surtout lorsqu’on sait que cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu une équipe d’Algérie produire un jeu aussi séduisant…
Mais au final, l’Algérie n’a pas passé le deuxième tour et rentre à la maison avec un seul point en poche…
La réalité, c’est qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas encore prêts pour gagner une compétition comme celle de la Coupe d’Afrique des nations ou même jouer les favoris. Il est clair que ça aurait été bien si on avait passé ce premier tour, mais bon, là, il faudra savoir rebondir et continuer à travailler.
Avez-vous eu cette impression qu’on pouvait jouer pendant des heures lors des deux premiers matchs sans pouvoir marquer, tellement on n’était pas tranchants ?
Quand on regarde les matchs, on voit quand même qu’on s’est créés beaucoup d’occasions nettes, en plus du fait qu’il y a eu des penaltys non sifflés. Quand on est sur le terrain, on se dit que s’il y a penalty et qu’on marque, il y aura certainement de la place pour d’autres buts. En fait, lors de cette CAN, nous avons vu des équipes qui jouent sur de faux rythmes, comme la Tunisie, d’autres qui peuvent être dangereuses à tout moment, comme la Côte d’Ivoire, et le Togo qui peut vous prendre sur contre avec ses joueurs super rapides et dangereux devant…
Donc, trois équipes qui jouent de manière différente ?
Tout à fait. C’est très enrichissant, car on avait besoin de ça pour grandir. Dans cette équipe d’Algérie, il y avait très peu de joueurs qui avaient déjà participé à une CAN, et je dirai que les grandes équipes se construisent uniquement dans les échecs et la douleur.
Quand on voit la façon avec laquelle vous avez pu bousculer la Côte d’Ivoire pendant près de 80’, est-ce qu’on ne se dit pas qu’on peut rivaliser avec les grands de ce continent ?
Il est clair qu’il y a du potentiel dans cette équipe, car tout le monde a pu voir que sur le plan du jeu, nous avons dominé lors de nos trois matchs. Il est certain qu’il y a quelque chose dans ce groupe. A présent, il faut surtout garder cette stabilité et essayer dans un avenir proche d’être plus rigoureux et plus tueur devant, car le football de haut niveau, c’est dans la zone de vérité, et c’est là qu’on a pêché. Mais cette équipe a des jeunes et elle est inexpérimentée, car il y a seulement trois éléments qui étaient présents en Angola, et donc, c’est un peu normal qu’on fasse des erreurs, car depuis l’arrivée du sélectionneur, il y a des nouveaux joueurs et une nouvelle génération qui est là. En plus, permettez-moi de vous préciser une chose…
Oui, allez-y…
En fait, depuis que cette nouvelle équipe a commencé à se construire, nous n’avons pas affronté de grandes équipes, à l’exception du Mali. Un match où d’ailleurs ça s’est joué sur quelques détails et peu de choses, exactement comme lors de cette CAN. En fait, ce match-là, on aurait pu le gagner ou au minimum faire un match nul. Pour revenir à cette Coupe d’Afrique, j’avoue qu’il y a eu certes du positif, mais aujourd’hui, il ne faut pas avoir peur de dire que l’Algérie n’est pas une grande équipe dans ce continent africain. Dès le mois de mars, il faudra s’appuyer sur le travail qui a été fait et les rencontres qui ont été jouées pour rebondir…
Vous évoquez bien évidemment la rencontre du Bénin le 22 mars prochain ?
Tout à fait, nous avons d’autres objectifs, à savoir les éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Ce point contre la Côte d’Ivoire était vraiment très important pour ne pas rentrer bredouilles et ça prouve que cette équipe a un mental.
Justement, avoir inscrit deux buts avant le Bénin, ça redonne de la confiance à notre attaque ?
Franchement, ça va faire du bien à tout le monde. Mais il faut savoir que nous avons des attaquants jeunes qui découvrent le niveau africain et qui viennent de petits clubs à la base. Bien sûr, avoir marqué face aux meilleurs, ça poussera tous les joueurs qu’ils évoluent en Algérie ou à l’étranger à travailler encore plus afin d’être encore plus efficaces lors de nos prochaines rencontres et, surtout, ne pas commettre les mêmes erreurs.
Vous n’avez pas été titularisé face à la Côté d’Ivoire, parce que vous ressentiez une fatigue ou ce fut un choix du coach ?
Non, non, pas du tout, je n’étais pas fatigué. J’étais tout à fait prêt à jouer comme à chaque fois, c’était juste le choix de l’entraîneur.
Deux minutes après votre entrée sur le terrain, l’arbitre siffle un nouveau penalty, avez-vous ressenti une pression supplémentaire au moment de le tirer après le premier raté en 1re période ?
Vous savez, Ryad, il marque tous ses penaltys en club, et ce deuxième but contre des Ivoiriens, franchement, il n’y a pas de réussite dans ce tournoi. Pour ma part, j’ai pris le ballon, parce que je le sentais, j’ai tiré et j’ai marqué.
Tout le monde sait que votre conseiller et ami de toujours est tunisien, est-ce que vous vous êtes parlé après la victoire des Tunisiens ?
(Il sourit) En fait, on n’a pas trop parlé de ça, mais je sais qu’il était avec moi et il voulait absolument que je gagne…
C’est une déception que la Tunisie soit, elle aussi, éliminée ?
Franchement, j’aurais aimé que le Maroc et la Tunisie aillent au bout, mais bon, on se rattrapera tous, incha Allah en 2015 au Maroc. Je demeure confiant, car au Maghreb, il y a beaucoup de talents.
Deux mots pour décrire votre grande déception et votre grande satisfaction lors de ce tournoi ?
Ma grande déception fut qu’on ne passe pas le premier tour, car on méritait de passer au niveau du jeu et des nombreuses occasions procurées. Pour ce qui est de la satisfaction, franchement, il n’y en a pas, car nous sommes éliminés et on repart avec un point à la maison. Je suis vraiment désolé pour le peuple algérien et tous nos supporters qui sont venus nous soutenir en nombre en Afrique du Sud, malgré la distance et l’éloignement…
Justement, face à la Côte d’Ivoire, beaucoup ont préféré ne pas venir au stade…
Franchement, je les comprends et je comprends leur déception et j’avoue qu’ils étaient vraiment très nombreux à venir nous encourager lors de nos premières rencontres. Moi, je suis le premier déçu de cette élimination, car lorsque je joue pour mon pays, je suis vraiment à fond.
Asma H. A.