Faux contrats, 320 000€ dérobés: 40 Algériens victimes d’une arnaque aux titres de séjour en France

Faux contrats, 320 000€ dérobés: 40 Algériens victimes d’une arnaque aux titres de séjour en France
Trois hommes d’origine algérienne sont mis en examen à Strasbourg pour une vaste escroquerie au titre de séjour. Près de 320 000 euros auraient été extorqués à une quarantaine d’Algériens en quête de régularisation en Europe.

Le tribunal judiciaire de Strasbourg a mis en examen trois hommes d’origine algérienne, notamment Mohamed B., Lhacène B. et Fateh L., pour « escroquerie en bande organisée« . Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.

Cette mise en examen fait suite à une vaste arnaque au titre de séjour révélée par StreetPress en 2022. Les trois individus sont soupçonnés d’avoir extorqué plus de 300 000 euros au total à une quarantaine d’Algériens sans papiers vivant en France. Quinze victimes ont porté plainte.

L’escroquerie consiste à attirer les victimes via une publicité virale sur TikTok, diffusée notamment par un chanteur du raï. Les escrocs promettaient, contre 8 000 euros, une déclaration d’embauche frauduleuse censée garantir leur régularisation en Italie.

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40 Algériens victimes d’une arnaque aux titres de séjour en France

Les victimes devaient verser un acompte de 1 000 euros, puis 7 000 euros lors du dépôt du faux dossier. Les paiements transitaient par des services de transfert d’argent, ou étaient remis en liquide en région parisienne. Dans certains cas, les sommes étaient collectées directement en dinars auprès de leurs familles en Algérie, par l’intermédiaire d’un surnommé « DADIDOU ».

Le préjudice total de l’escroquerie est estimé à environ 320 000 euros, dérobés à une quarantaine d’Algériens en France, qui ont payé chacun près de 8 000 euros pour des documents falsifiés. Quinze victimes seulement ont porté plainte, dénonçant l’exploitation de leur précarité par des individus possédant le statut ou la nationalité légitime.

Par ailleurs, l’enquête a désigné l’Italien, Gianni R., comme le principal bénéficiaire de ce système. Bien qu’il ait un historique judiciaire en Italie pour des faits de « fraude » (2007), « absence de soins familiaux » (2021) et « aide au séjour » (2024), la justice française ne l’a pas encore mis en examen dans cette affaire.

Une mise en scène élaborée pour extorquer les victimes

Pour finaliser cette escroquerie, les victimes étaient incitées à se rendre en Italie où elles rencontraient Mohamed B. et Sabrina R. (épouse de Gianni R.). Les deux escrocs se montraient chaleureux et mettaient en confiance les victimes, se disant solidaires de leur situation de sans-papiers.

Sur place, les victimes signaient de faux contrats de travail et, surtout, déposaient un dossier à la Poste, recevant en échange un récépissé officiel. Ce document de la poste italienne était la touche finale de ce scénario, rassurant complètement les Algériens sur le sérieux de la démarche.

Cependant, ce château de cartes s’est effondré en fin d’octobre 2021, lorsque que l’un des Algériens s’est rendu à son rendez-vous en préfecture de Latina, près de Rome, et a été placé en garde à vue, apprenant que les contrats étaient faux. Les victimes, dont certains avaient pris le risque de traverser la frontière italienne, ont alors créé un groupe WhatsApp pour partager l’information. Le trio était bien organisé : Mohamed B., gérait les voyages et l’argent, Fateh L, faisait la promotion sur les réseaux sociaux et Gianni R, devait fournir les faux contrats de travail via sa société.

L’office de lutte contre la traite illicite de migrants a intégré l’enquête de StreetPress pour identifier les ramifications internationales de cette affaire, impliquant la France, l’Algérie et l’Italie. La procédure judiciaire se poursuit devant le tribunal de Strasbourg.

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