Des billets neufs de 100, 200, 500 et 1 000 DA, tout droit sortis des imprimeries d’El-Anassers, devraient inonder le marché national dans les prochains jours.
Ces liasses de billets vont progressivement remplacer les billets usagés ou déchirés mais devraient aussi stopper l’hémorragie des faux billets qui circulent allégrement depuis quelques mois, selon une source de la Banque d’Algérie.
Ce problème de circulation de faux billets qui n’est pas nouveau devient préoccupant. Il y a quelques mois, la Banque d’Algérie déplorait déjà cette situation dans un courrier confidentiel transmis au Premier ministère. Il devient urgent pour l’Etat de prendre des mesures fortes pour enrayer ce phénomène avant qu’il ne porte atteinte à l’économie nationale.
Selon des sources internes à cette institution, les responsables de la Banque d’Algérie devraient se réunir très prochainement pour non seulement évaluer l’ampleur du mal, mais également et surtout, prendre les mesures appropriées pour venir à bout de ce fléau.
En cette veille d’Aïd-el-Adha, des responsables redoutent que ce phénomène fasse des victimes auprès d’un grand nombre de personnes.
La Gendarmerie nationale, qui vient de démanteler un réseau international spécialisé dans la fabrication de fausse monnaie, a réussi à récupérer des centaines de milliards de faux billets en fausses coupures de 1 000 dinars.
Ces faux billets ne portent pas le point sans la lettre «B» du mot «banque» écrit en arabe sur les billets, selon une enquête menée par les services d’investigations de la gendarmerie. Plus de 500 milliards de fausses coupures de 1 000 dinars ont été saisis à Mostaganem.
Un autre coup de filet a été réalisé récemment à El-Eulma, à l’est du pays. Des villes comme Tébessa, Oum El-Bouaghi, Annaba, Mila, Blida et Mostaganem sont devenues des plaques tournantes de ce trafic à grande échelle. Une quantité importante de fausse monnaie circule sur les marchés aux bestiaux, de véhicules, ainsi que les marchés de gros de fruits et légumes.
Cet argent échappe totalement aux circuits bancaires dont les services procèdent depuis ces derniers jours à la vérification de chaque billet de 1 000 dinars. Le filtre utilisé par les trafiquants est importé d’Italie tandis que le papier et le filigrane proviennent de Chine.
Les réseaux de trafic de faux billets sont bien structurés, que ce soit en Algérie ou dans les autres pays du monde comme l’Italie, la France, l’Espagne ou encore la Chine. Aussi, pour contrecarrer ce phénomène qui menace de plus en plus la sécurité nationale, la Banque d’Algérie compte-t-elle mettre incessamment sur le marché de nouveaux billets.
Selon le directeur de communication de l’institution, la Banque d’Algérie a doublé ses capacités de production en monnaie fiduciaire : «la Banque d’Algérie a mobilisé ses équipes 24 heures sur 24 pour faire fonctionner les équipements de traitement et de finition des billets».
Selon le responsable, la production a atteint en si peu de temps un volume record, jamais réalisé auparavant. Pour éviter à l’avenir la fausse monnaie, plusieurs mesures de sécurité doivent être prises dans la fabrication du billet. Par exemple, la composition du papier doit être spéciale.
L’encre utilisée doit être fabriquée exclusivement pour la confection des billets. La formule est bien sûr tenue secrète. Depuis 1990, les billets sont également
renforcés d’un fil de polyester et de caractères en micro-impression. La durée de vie d’un billet varie d’un billet à l’autre : il peut être utilisé un maximum de 4 000 fois avant de se déchirer. La durée de vie moyenne des billets en fonction de leur valeur varie de 18 mois
à 2, 3, 4, et 9 ans. Mahmoud Tadjer