En quittant l’école, vu le calvaire qu’ils ont vécus, plusieurs mineurs plongent dans le monde de la criminalité. Certains deviennent des transporteurs de kif, alors que d’autres intègrent des bandes de malfaiteurs pour passer à l’acte.
Contrairement aux mineurs, les étudiants, eux, s’enrôlent dans la criminalité pour couvrir leurs besoins financiers, tandis que les femmes, elles sont de plus en plus «passionnées» par le crime.
Autre phénomène : en matière de chiffres, le nouveau rapport de la Gendarmerie nationale de dix mois (janvier-octobre passés), dévoilé hier, dans le journal Reporters parle de l’arrestation de 2223 femmes, 2.301 mineurs et 2.320 étudiants dans le cadre de la lutte contre la criminalité en toutes ses formes.
Dans le cadre des activités des unités de la Gendarmerie nationale en matière de lutte contre la criminalité enregistrée durant les dix premiers mois de l’année 2012, le commandement de la Gendarmerie nationale a publié, hier, son rapport.
Selon le rapport, 62 903 personnes ont été arrêtées, parmi elles figurent 2.223 femmes, 2301 mineurs et 2320 étudiants, alors qu’en matière de répression contre le crime organisé, la Gendarmerie parle de 63 tonnes de drogue et plus d’un million de litres de carburant saisis.
La lutte contre la criminalité sous toutes ses formes s’est intensifiée durant les dix mois de l’année en cours. La Gendarmerie nationale, partie intégrante des corps de sécurité algériens, semble déterminée à lutter efficacement et sans relâche contre les formes de crime qui menacent, non seulement la société civile, mais aussi l’économie nationale.
En dix mois, les unités de la Gendarmerie, entre autres, les SSI (Section de sécurité et d’intervention), les SRI (Section de recherche et d’investigation), les GIR (Groupe d’intervention), les GGF (gardes-frontières) et enfin les Sections de recherche, ont traité 9249 affaires liées à la criminalité organisée.
Parlant des chiffres, le bilan de la Gendarmerie nationale fait ressortir l’arrestation de 10 870 personnes entre contrebandiers, trafiquants et faussaires, parmi lesquels, 354 sont des femmes.
Sur ce plan, il est important de signaler l’implication de plus en plus de femmes au sein des réseaux de trafic en tous genres, notamment le trafic de drogue, de véhicules, d’armes, de carburant et, souvent, impliquées aussi dans des associations de malfaiteurs qui agissent contre des cibles très particulières.
En dix mois, 2223 femmes ont été interpellées, dont 354 pour crime organisé, 227 pour vol, 559 pour coups et blessures volontaires, 52 pour trafic de faux billets, 20 pour faux et usage de faux, 69 pour trafic de drogue, 119 pour trafic de carburant. En effet, le nombre de femmes enrôlées dans les réseaux du crime augmentent de plus en plus. Face à elles, il y a également les mineurs qui sont davantage nombreux dans les réseaux de trafic.
Sur ce sujet, le bilan de la Gendarmerie nationale est alarmant. Ainsi, 2301 ont été arrêtés au cours des dix mois écoulés. Sur le plan du crime organisé, ils sont 254 mineurs (âgés de moins de 18 ans) qui sont impliqués dans des affaires liées au trafic de kif traité, d’armes, de trafic de faux billets et trafic de véhicules et de ventes de boissons alcoolisées. Inquiétant. Le rapport
«mineur» est devenu capital pour les «patrons» des réseaux de trafics. Grâce à la contribution des mineurs au sein des groupes de malfaiteurs, ces derniers arrivent, parfois très facilement, à tirer leurs ficelles. Si on prend à titre d’exemple le trafic de drogue, les narcotrafiquants ont enrôlé plusieurs dizaines de mineurs pour leurs confier des tâches très particulières qui consistent à acheminer des quantités de résine de cannabis vers des clients.
Sur ce registre, les brigades anti-stups de la Gendarmerie ont réussi à démasquer 97 mineurs en possession de quantités de drogue, prêtes à la vente.
En situation sociale défavorable, surtout lorsqu’il s’agit des problèmes familiaux, les mineurs une fois ayant quitté l’école se voient, malheureusement, pris entre les mains des criminels. Une situation alarmante et inquiétante à la fois. C’est le cas aussi des 2320 étudiants, arrêtés dans des affaires liées à la criminalité. Cette catégorie de la société algérienne a été transfusée dans le crime.
Présentement, de plus en plus d’étudiants s’adonnent à la criminalité pour tenter de gagner de l’argent d’une manière plus rapide, cela pour couvrir leurs besoins financiers. Beaucoup d’entre eux ont été interpellés en flagrant délit par les gendarmes suite à des affaires de vols de bijoux, de véhicules, mais aussi de trafic de drogue, tandis que certains se sont versés carrément dans la falsification des documents officiels, vu leur maîtrise parfaite des outils informatiques.
LES FEMMES DEVIENNENT DES «PASSIONNÉES» DU CRIME
Autre phénomène qui prend de l’ampleur durant ces derniers mois, la présence et l’implication de la femme au sein des associations de malfaiteurs et autres réseaux de trafic. Leur nombre est suffisamment important pour révéler la situation.
Elles sont 2223 femmes à avoir été arrêtées pour des affaires liées à la criminalité. D’ailleurs, les unités de la Gendarmerie nationale ont traité des affaires importantes dans lesquelles les femmes sont impliquées.
On cite par exemple les affaires liées au faux et usage de faux, notamment le trafic des faux documents officiels où une dame âgée d’une cinquantaine d’années, est devenue le cerveau d’une bande qui a été interpellée à Alger. D’autres femmes « chefs » de réseaux de trafic de drogue ont été, également identifiées, localisées et interpellées dans le cadre de la lutte contre les têtes de réseaux de drogue.
Il y a aussi de plus en plus de jeunes filles âgées entre 17 et 28 ans qui sont enrôlées dans des réseaux de prostitution qui sont interpellées, dont le nombre dépasse les 500 en dix mois. Alors que d’autres filles se sont intéressées à attirer leurs victimes, d’autant qu’elles sont impliquées dans des réseaux spécialisés dans des agressions et vols de gens nantis.
Ces filles « proxénètes », une fois qu’elles attirent leurs proies, vers un lieu isolé ou dans des endroits luxueux, font appel à la rescousse de leurs acolytes, des garçons, pour que ces derniers passent à l’acte et dépouillent les victimes de l’ensemble de leurs biens y compis leurs véhicules.
Ce qui est étrange aussi c’est qu’aujourd’hui de plus en plus de jeunes filles s’intéressent également au trafic de véhicules. Elles font ça pour gagner de l’argent en parvenant, avec la complicité de leurs acolytes, à vendre les véhicules cambriolés au détriment de leurs victimes.
Sofiane Abi