Faute d’un fichier national de logement Le gouvernement navigue à vue

Faute d’un fichier national de logement Le gouvernement navigue à vue
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Annoncé depuis plusieurs années, le fichier national du logement n’existe toujours pas. Bien que le projet ait été largement médiatisé, des déclarations de hauts responsables confirment qu’il n’est pas opérationnel.

Ce qui n’est pas pour déplaire aux passe-droits et autres favoris qui mettront à profit cette situation pour acquérir des logements « illégalement », mais sans qu’ils ne soient débusqués par les autorités publiques. Une situation qui n’arrangerait pas des milliers de citoyens qui attendent un logement depuis des lustres, sans pouvoir y accéder.

S’exprimant dernièrement sur une chaîne de télévision privée, le ministre de l’Habitat a déclaré que le « fichier national du logement sera mis en place » afin de mieux contrôler les opérations de distribution et faire face aux indus bénéficiaires. Quelques jours avant, c’était un haut responsable du ministère de l’Intérieur, invité de la radio nationale, qui a affirmé que ce fichier sera achevé prochainement.

Autrement, le fichier n’est qu’au stade de projet. Un projet qui perdure depuis des années. On croit savoir que la base de donnée et le logiciel approprié ont été établis dans plusieurs wilayas, mais il n’est pas alimenté, après les opérations de distribution de logements, toutes formules confondues, effectuées ces derniers mois. Le seul fichier existant, apprend-on de sources informées, est celui de la caisse nationale de logement (CNL).

Cet organisme chargé d’accorder des aides financières aux demandeurs de logement, dispose d’une base de donnée « performante  et centralisée » ne permettant pas aux bénéficiaires d’y accéder à nouveau. Et ce, contrairement au logement, dont certains individus sans loi ni foi pourraient bénéficier du programme de l’Etat à plusieurs reprises, sans qu’ils n’en soient inquiétés.

Il suffirait à titre d’exemple de changer de wilaya et d’y déposer un nouveau dossier de logement ou y construire une baraque bidonville pour avoir des chances intactes d’obtenir un appartement flambant neuf. D’ailleurs la mauvaise gestion du dossier du logement par les pouvoirs publics s’explique entre autres, par cette faille que l’on pouvait pourtant combler à temps.

En fait, les mouvements de protestations ayant suivi la distribution des logements sociaux ont pour origine des récriminations sur de faux bénéficiaires. Ces derniers mois, des listes entières ont été annulées pour les besoins d’enquête suite aux violentes protestations. Souvent, il suffit de fouiner un peu pour découvrir des cas flagrants et de graves dépassements.

Ces irrégularités risquent de se poursuivre à l’occasion des prochaines distributions de logements et toucher les nouveaux programmes du secteur de l’habitat. Bien que les responsables concernés comptent mettre en place, dans les meilleurs délais, ce fichier garant de transparence, l’heure est on ne peut plus à l’accélération des travaux.

Faut-il préciser que le dossier du logement inquiète les hautes autorités du pays et provoquent de véritables insomnies aux responsables locaux.

Dernièrement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déclaré que le problème du logement constitue une menace pour la stabilité du pays. Compte tenu de la crise et du grand déficit que connaît le pays, des milliers voir des millions de familles attendent désespérément un toit qui tarde à venir.

Le sentiment de frustration suscité par les indus bénéficiaires en est la principale cause des explosions de colère enregistrées çà et là à travers le pays. L’ancien ministre du Logement, Nouredine Moussa, interpellé quant à ces cas, a promis d’ouvrir des enquêtes.

Ce qui n’a jamais été fait. Reste à savoir ce que l’Etat va faire pour mettre un terme à  ces pratiques malsaines, à l’origine des émeutes, blocage de route et  sentiment de la hogra qui n’a que trop duré.

Aomar Fekrache