Le tourisme devra être relancé
Cette situation résulte de l’entêtement du gouvernement à miser sur les recettes des hydrocarbures, négligeant au passage des ressources dont l’Algérie avait le potentiel, comme l’agriculture, le tourisme, l’industrie ou encore les énergies renouvelables.
Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur les prévisions de l’économie algérienne donne sérieusement à réfléchir sur l’avenir économique et incertain de l’Algérie.
Tout en saluant dans sa nouvelle évaluation la situation économique de l’Algérie, le FMI a mis l’accent sur les «vulnérabilités» auxquelles est exposée l’économie nationale surtout dans un contexte de baisse des prix du baril de pétrole.
C’est précisément ce «danger» qui guette aujourd’hui le pays et qui expose l’Algérie à une crise économique étouffante qui risquerait d’avoir des conséquences désastreuses sur la stabilité politique et sociale du pays. Même si la dernière note du FMI réaffirme certes, que l’Algérie continue à avoir «d’importantes marges de manoeuvre sur les plans extérieur et budgétaire», elle met néanmoins en garde contre «les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique qui apparaissent à l’horizon».
Cette situation résulte de l’entêtement du gouvernement à miser sur les recettes des hydrocarbures, négligeant au passage des ressources dont l’Algérie avait le potentiel, comme l’agriculture, le tourisme, l’industrie ou encore les énergies renouvelables.
Dans ses conclusions, le FMI avait indiqué que «l’Algérie jouit certes, d’une stabilité macroéconomique, mais elle a besoin d’une croissance plus rapide et plus solidaire pour créer suffisamment d’emplois à l’intention de sa population jeune». C’est sans doute ce manque de visibilité des responsables algériens qui a mis l’Algérie dans un scénario de catastrophe économique. Après avoir largement profité de la rente pétrolière, le gouvernement n’a pas orienté sa politique vers des solutions de rechange pour éviter la situation de baisse des ressources pétrolières dans laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés.
Pis encore, l’Algérie avait entamé des discussions pour aller vers d’autres sources d’approvisionnement en ressources naturelles comme l’énergie solaire, à travers le projet Desertec. Un concept éco-énergétique de grande envergure qui prévoit l’exploitation du potentiel énergétique des déserts d’Afrique du Nord et au Moyen-Orient afin d’approvisionner durablement les régions avoisinantes (en particulier l’Europe) en électricité verte. Mais là encore l’Algérie a temporiser et s’est contenté de vendre son or noir.
Une hésitation de l’Algérie qui a profité au Maroc, puisque une centrale solaire thermodynamique de 160 MW est en cours de construction à Ouarzazate.
Avec son Sahara, l’Algérie est capable d’approvisionner tout le pays et une partie de l’Europe en électricité verte.
L’autre secteur négligé par le gouvernement et qui pouvait baisser la facture des importations, c’est l’agriculture. L’Algérie qui était dans les années 1950 à 1970, «le verger et le grenier de l’Europe» est aujourd’hui incapable de satisfaire sa demande locale. Elle est même réduite à importer de la pomme de terre et des oignons de l’étranger. Depuis une dizaine d’années, profitant de la rente pétrolière, les ministères du Commerce et de l’Agriculture n’ont pas cessé d’importer en masse et en vrac de la viande et du blé pour satisfaire la demande pressante du consommateur local au lieu de trouver des solutions pour améliorer la production locale. Même situation pour la facture du médicament, le ministère de la Santé a longtemps mis les bâtons dans les roues du seul et unique fabricant de médicaments national Saidal, pour favoriser les importateurs de médicaments occidentaux. On est allé jusqu’à encourager des fabricants de médicaments jordaniens pour détruire la production locale.
Une absence de vision qui a conduit parfois l’Etat à dépenser sans compter et surtout sans contrôler. Ainsi, les agences comme l’Ansej et l’Anem, n’ont pas été orientées pour combler les insuffisances dans l’agriculture ou le tourisme. La majorité de ces petites entreprises étaient versées dans le transport et le nettoyage, créant parfois une anarchie globalisée.
L’Algérie ne devrait pas compter seulement sur les recettes en hydrocarbures, il faut penser à d’autres ressources. Il faut investir dès maintenant dans l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, tant que l’argent est encore disponible.
Le tourisme qui est la première source de richesse de nos voisins marocains et tunisiens, devra être relancé. Il faut encourager le tourisme local et reconstruire le tourisme pour les étrangers. L’Algérie qui possède tous les ingrédients d’un pays touristique, Sahara, mer, sites archéologiques et montagne, devra réfléchir sérieusement à relancer ce secteur qui a été massacré par l’insécurité et abandonné par l’Etat.
L’Algérie, qui est l’un des pays arabes, qui a découvert le pétrole depuis 50 ans, n’a pas profité de cette rente pour lancer les bases d’une industrie lourde importante.
La rente pétrolière a aveuglé le gouvernement et l’a même poussé à vendre ses entreprises publiques au lieu de les restructurer et les sauvegarder. La Snvi (l’un des fleurons de l’industrie automobile en Afrique) a failli être vendue à plusieurs reprises si certains responsables n’étaient pas intervenus pour la protéger.
Avec une relance sérieuse et effective des secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’industrie, l’Algérie pourra espérer sortir de cette menace d’un retour vers la crise économique qui avait coulé le pays dans les années 1980 et qui avait poussé le gouvernement à demander l’aide et le soutien du FMI.