Faut-il sacrifier le soldat Rooney ?

Faut-il sacrifier le soldat Rooney ?

En dépit de son état d’esprit irréprochable, Wayne Rooney, qui n’a jamais marqué lors d’une phase finale de Coupe du monde, pourrait se retrouver sur le banc face à l’Uruguay dans un match couperet pour l’Angleterre.

685 minutes. Tel est désormais le total de minutes jouées en phase finale de Coupe du monde par Wayne Rooney sans marquer. D’ailleurs, c’est très simple : l’international britannique n’a jamais fait trembler les filets à cette occasion. Comme s’il était victime d’une malédiction. Face à l’Italie, samedi dernier, il a d’ailleurs manqué une énorme opportunité à l’heure de jeu en ne cadrant pas une frappe seul dans la surface. Un raté qui, inévitablement, l’a placé sous le feu nourri des critiques de la presse anglaise. Pourtant, sa passe décisive pour Daniel Sturridge et son état d’esprit irréprochable auraient pu lui permettre d’être épargné. N’a-t-il pas pris, dès le lendemain de ce revers contre les Transalpins (1-2), la décision d’aller s’entraîner avec les remplaçants ? A une autre époque, son esprit de sacrifice lui aurait évité le pire. Mais plus maintenant.

Dans la lignée de sa saison avec Manchester United

Pourtant, Frank Lampard aura essayé de prendre sa défense en s’étonnant de «la stigmatisation d’un seul joueur alors que c’est toute l’équipe qui a perdu». Mais l’attente entourant Rooney n’aura jamais d’équivalent outre-Manche. Et en se ratant dès le premier match, le Red Devil a renforcé ce sentiment qu’il était sur la pente descendante. A seulement 28 ans. Pourtant, avec 17 buts en 29 matches de championnat avec Manchester United cette saison, ses statistiques sont plutôt dans la moyenne haute de sa carrière. Néanmoins, hormis son but contre les Citizens le 22 septembre dernier, Rooney n’a marqué ni contre Arsenal, ni contre Liverpool, ni face à Chelsea. Autrement dit, dans les chocs de la Premier League, il n’a que trop rarement pesé sur le jeu de son équipe, qui a vécu son exercice le plus médiocre depuis des décennies.

Déjà placé sur le banc des accusés, Rooney a en plus eu le malheur de se blesser en fin de saison à l’aine. Et même s’il a affirmé fin mai se «sentir vraiment en forme», personne n’y croit en Angleterre. Pas même son ex-coéquipier à MU, Paul Scholes, qui lui avait lancé une douloureuse fléchette dans le dos avant le début de la compétition : «Je ne dis pas que Wayne doit être écarté, mais si sa forme ne s’améliore pas, je suis curieux de voir si l’encadrement aura les c… de le faire.» Et avant d’affronter l’Uruguay ce jeudi dans un match où le vaincu sera sans doute éliminé, le débat est limpide pour les suiveurs de la sélection aux Trois Lions : Rooney doit-il céder sa place au jeune Ross Barkley ?

Il a l’expérience pour gérer ce genre de situations qu’il a déjà connues et surmontées dans sa carrière.

— Danny Welbeck

Clairement, si l’on ne s’en tient qu’à leur niveau de jeu actuel respectif, la balance penche nettement en faveur du joueur d’Everton. Mais la forme du moment et l’impact du Mancunien dans le groupe s’opposent diamétralement. Il suffit d’écouter Danny Welbeck, son coéquipier en attaque, pour le comprendre : «Où qu’il joue, Wayne est un joueur de classe mondiale et il peut faire la différence partout. Il a l’expérience pour gérer ce genre de situations qu’il a déjà connues et surmontées dans sa carrière.» Difficile, donc, pour Roy Hodgson, de gérer à la fois l’importance de ce duel face à l’Uruguay tout en préservant l’unité de son groupe. Peut-il laisser sa seule véritable star sur le banc au début d’une telle rencontre ? Alan Shearer semble le penser en tout cas : «Rooney n’a toujours pas marqué dans un Mondial et il pourrait bien ne pas avoir d’autre chance».