Quelle est celle d’entre nous qui ne souhaiterait pas pouvoir héler facilement et en toute confiance un taxi pour se rendre dans n’importe quel coin de la ville ?
Toutes nous aimerions cela bien sûr, car cela faciliterait beaucoup nos déplacements toujours plus nombreux dans la ville.
Pourtant certaines d’entre nous rechignent à utiliser les taxis, qu’ils soient officiels ou clandestins.
La principale raison qu’elles invoquent pour justifier ce refus, c’est la sécurité. Les algériennes ont peur d’être kidnappées par de faux taxis. Et pour illustrer leur propos, toutes ont des exemples réels ou fantasmés de femmes ayant disparues après être montées seules dans un taxi ou un clandestin.

Khadija, 38 ans, nous explique : « Pour ma part je ne monte jamais seule dans un taxi, parce que c’est interdit par l’Islam de se retrouver seule à seule avec un homme, d’autant plus si c’est un inconnu. Par ailleurs, je n’ai pas confiance en les hommes : sur un coup de tête il peut décider de vous emmener je ne sais pour vous je ne sais quoi, parce que vous lui plaisez ou parce qu’il ne supporte plus sa frustration. Non, je ne prends pas le risque quand je suis seule ».
Quant à Lila, 26 ans, elle nous raconte une autre expérience : « Moi je prenais les taxis très facilement. Un jour je monte dans un taxi et demande au chauffeur de me conduire à la fac. Je connais bien le trajet. Mais voilà qu’il fait un détour, puis un autre…je lui demande pourquoi il emprunte ce trajet mais il ne me répond pas. Je commence à avoir très peur même si je ne voulais rien laisser paraître. Au bout de quelques minutes, nous débouchons sur le quartier de la fac qui était en travaux et qu’il avait donc contourné. En descendant du taxi je lui dis qu’il m’a fait peur en ne me répondant pas. Il m’a simplement dit que je n’allais pas lui apprendre son métier. Depuis, j’ai toujours avec moi le numéro d’un clandestin de confiance que mon père m’a donné. Il me suffit de l’appeler et il arrive en maximum un quart d’heure ; c’est très pratique et beaucoup plus sécurisant pour moi. »
Comme Lila, beaucoup de femmes préfèrent avoir dans leur répertoire le numéro d’un ou deux clandestins dont elles savent n’avoir rien à craindre. Ils seraient moins chers et beaucoup plus disponibles que les taxis officiels.
De nouvelles solutions se font jour dans les grandes villes : on voit se développer des sociétés de taxis privés. Sur un coup de fil, le taxi que vous avez commandé arrive en quelques minutes. C’est très sécurisant pour la cliente qui sait que le chauffeur est contrôlé. Bien sûr l’inconvénient est que ce service coûte un peu plus cher qu’un taxi normal, mais certains vous répondront que la sécurité a un prix.
Certaines grandes villes étrangères qui connaissent un fort taux de violence, comme Mexico city, possèdent un réseau de taxis dits « roses », mis à la disposition des seules femmes afin que celles- ci puissent les emprunter en toute confiance. Il existe aussi des voitures réservées aux femmes dans le métro.
A Alger, le développement du métro et du tramway rendent les femmes moins tributaires des taxis envers lesquels certaines restent très méfiantes. Il n’y a plus qu’à espérer que ces nouveaux modes de transport n’apportent pas avec eux leur lot de faits violents.
Sony