Fatma-Zohra Zerouati: «Le civisme ne se décrète pas»

Fatma-Zohra Zerouati: «Le civisme ne se décrète pas»

La ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fatma-Zohra Zerouati, a effectué une visite d’inspection dans la wilaya de Boumerdès. 

Durant son périple qui l’a conduite dans plusieurs localités, la ministre, accompagnée du wali de Boumerdès, Abderrahmane Madani Fouatih, est montée au village de Thyza, dans les montagnes de Ammal, au sud-est de la wilaya, pour féliciter la population de ce village qui a récemment décroché le prix régional du Topvillage (meilleur village). La ministre a consenti à répondre brièvement à quelques questions qui intéressent son secteur.

Le Soir d’Algérie : Madame la ministre, vous avez évoqué la création du concours de la meilleure ville algérienne. Peut-on avoir quelques explications ?

Fatma-Zohra Zerouati : Le prix de la ville verte et propre, qui sera décerné le 25 octobre 2018, est institué par décret présidentiel. Le concours est lancé en direction de toutes les villes algériennes. Nous gagnerons deux choses : il y aura des villes propres et vertes. L’installation d’une commission est en cours. Elle travaillera entre juin et juillet avant de délibérer.

Vous avez également parlé de la construction d’un grand complexe de valorisation énergétique des déchets pour le Grand Alger.

Nous comptons effectivement lancer la construction d’un grand complexe qui va permettre la valorisation énergétique des déchets. Pour ce projet nous avons l’aval de monsieur le Premier ministre. C’est, d’une part, le seul moyen d’arriver à notre objectif qui est zéro déchet et, d’autre part, continuer à mieux gérer les CT tout en se basant sur le pré-sélectif en amont. Par ailleurs, j’insiste particulièrement sur l’implication des citoyennes et citoyens sur leur contribution. L’Etat ne peut pas tout faire avec le citoyen qui n’est pas conscient et qui n’a pas le sens du civisme. Le civisme ne se décrète pas. C’est à ce citoyen de s’impliquer dans la préservation de son environnement. Certaines initiatives, comme celles lancées par monsieur le wali de Boumerdès concernant le Topvillage, Topscool et Topquartier sont de nature à impliquer le citoyen et l’encourager à se réconcilier avec son quartier, son école, sa verdure, son environnement et, surtout, ses valeurs.

Vous avez visité le centre d’enfouissement technique de Corso. Ce centre rejette des quantités anormales de lixiviat (liquide toxique provenant des amas d’ordures ménagères, ndlr). Ces rejets arrivent en mer et ont déjà pollué trois puits dans la plaine de Corso/Tidjelabine. 

Le problème qui se pose dans ce centre, c’est qu’il y a des pannes récurrentes concernant le traitement du lixiviat qui cause des désagréments. Sur un autre plan, ce centre est désormais allégé par rapport à 14 communes d’Alger qui ne déchargeront plus leurs ordures. Un nouveau casier sera érigé avec le financement du ministère pour augmenter les quantités et améliorer le traitement des déchets. Par ailleurs, il faut insister sur le tri sélectif, car les quantités récupérées sont insignifiantes. Mais la solution radicale viendra de la construction du complexe de revalorisation énergétique des déchets pour le Grand Alger (Boumerdès, Alger, Blida et Tipasa) que j’ai cité dans votre seconde question. Ce complexe qui s’inscrit dans le long terme est de notre vision à l’horizon 2035.

Avec ce complexe, nous allons vers l’industrialisation de la récupération et la production de l’énergie pour arriver à zéro déchet. Nous nous dirigeons vers les énergies renouvelables et l’économie verte, ce qui nécessite donc une nouvelle vision sociale pour arriver vers l’éco-citoyen, c’est-à-dire un citoyen conscient et impliqué.

Entretien réalisé par Abachi L.