Sévère. Ainsi est la sentence prononcée mardi par le tribunal d’Agadir à l’encontre d’un enfant algérien, le dénommé Islam Khoualed, âgé de 14 ans, qui se voit attribuer un tel verdict le jour même de son anniversaire. Le champion de voile a été condamné suite à une sombre affaire d’outrage public à la pudeur réprimé par le code pénal marocain.
Une condamnation ayant provoqué une profonde consternation auprès de l’opinion publique algérienne, tandis que dans le milieu familial d’Islam, ce verdict infligé à un gamin qui fait ses premiers pas d’adolescent est «totalement incompréhensible», comme cela a été rapporté hier par plusieurs sources concordantes.
De son côté, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale de la promotion et de la protection des droits de l’Homme (Cnppdh), estime, quant à lui, que dans le traitement réservé à cette affaire, la justice marocaine «n’a malheureusement pas fait preuve de neutralité, qui est dû aux rapports algéro-marocains».
Contacté hier, Me Ksentini a soutenu que le jeune Islam a été «victime du microcosme politico-médiatique au sein duquel les relations algéro-marocaines ne cessent de faire l’objet de dissensions», a-t-il déclaré en substance. Selon notre interlocuteur, la condamnation du jeune Algérien pour une année de prison ferme n’est point justifiée, ni du point de vue légal ni encore moins de celui lié aux mœurs du royaume.
«D’une part, il est mondialement connu que le Maroc est un pays de tourisme sexuel et, de l’autre, le code pénal marocain est similaire au nôtre. Du coup, il me semble que cette condamnation infligé à Islam me semble très sévère.» Il enchaîne en affirmant que la sévérité du verdict réside dans la volonté de la justice marocaine d’isoler le jeune Algérien et de le mettre à l’écart, loin de sa famille.
«Le tribunal d’Agadir aurait pu simplement se contenter d’une condamnation avec sursis et permettre ainsi au mis en cause de rentrer chez lui et retrouver les siens», a souhaité Me Ksentini en mettant l’accent sur le fait qu’un verdict d’une année de prison ferme mérite amplement de faire l’objet d’un appel.
Cité par le magazine Jeune Afrique, l’avocat du jeune athlète algérien, Me Fouad Ghoulamallah, avait déjà affirmé l’évidence de faire appel en deuxième instance de ce jugement. Me Ksentini a émis le vœu de voir le verdict du procès en appel «beaucoup plus clément».
Karim Aoudia