Farouk Ksentini : «Les islamistes internés en 1992 doivent être indemnisés»

Farouk Ksentini : «Les islamistes internés en 1992 doivent être indemnisés»

Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNPPDH) estime qu’il  existe encore une catégorie d’Algériens qui ont été omis ou du moins laissés en marge dans le cadre de l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il s’agit des islamistes internés au sud du pays après l’interruption du processus  électoral de 1992.

«Entre 15 000 et 18 000 personnes internées administrativement dans le sud du pays en 1992 doivent être indemnisées, ne serait-ce que symboliquement pour le préjudice moral et matériel indiscutable subi», a déclaré hier le président de la CNPPDH.

Janvier 1992 et après l’interruption du processus électoral, beaucoup de militants de l’ex-parti dissous «ont été arrêtés par les forces de sécurité et internés à In Amguel et à Reggane, au Sahara, a indiqué à l’AFP le porte-parole du Comité de défense des internés des camps du sud, Noureddine Belmihoub. «Certaines personnes sont restées en détention deux, voire trois ans sans avoir été jugées.

D’autres ont contracté des maladies au cours de leur détention. Nous estimons qu’elles ont droit à une indemnisation, même symbolique», a précisé Me Ksentini. Il ajoutera que la réconciliation nationale devrait «englober toutes les victimes de la tragédie nationale», appellation officielle de la période de terrorisme qu’a vécue l’Algérie dix années durant.

Me Farouk Ksentini, qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a soutenu que le dossier des personnes disparues est définitivement clos.

De son avis, les 7200 cas recensés  ont tous été indemnisés, à l’exception de moins de 5 % des cas, car les familles ont refusé les indemnités. D’autre  part, le président  de la CNPPDH a réitéré son appel à une solution rapide du problème relatif au recours «excessif» à la détention préventive qui touche «pas moins de 30%» de la population globale carcérale en Algérie. «Il faut apporter le plus rapidement possible une solution à cette  pratique abusive, devenue depuis longtemps la règle absolue», a-t-il souligné.

Karim Aoudia