«Le problème des disparus est très complexe»
Me Ksentini a souligné que «les pouvoirs publics n’avaient pas d’expérience à l’époque pour faire face à la situation que nous rencontrons actuellement avec les familles des disparus».
Réagissant au mouvement de protestation de la famille des disparus qui ont organisé un sit-in à la place du 1er-Mai à Alger pour réclamer la vérité sur la situation de leurs enfants, frères et soeurs, Farouk Ksentini, président de la Cncppdh, tente d’apaiser la détresse des parents des victimes disparues.
«Le problème des disparus est très complexe. D’une part, la Charte nationale a pardonné aux terroristes. D’autre part, on réclame des sanctions contre les agents de sécurité qui ont agi de manière illégale ou en désobéissant aux instructions de la hiérarchie» a déclaré hier, Me Ksentini que nous avons joint par téléphone.
S’exprimant sur la difficulté des familles des disparus qui n’arrivent pas à faire leur deuil après plus de 20 ans, Me Ksentini a souligné que «les pouvoirs publics n’avaient pas d’expérience à l’époque pour faire face à la situation que nous rencontrons actuellement avec les familles des disparus».
Pris entre le marteau et l’enclume, les familles des victimes des disparus n’ont qu’à accepter les choses tout en reconnaissant et compatissant à la douleur de ces familles affirmant que le nombre de disparus est de 7200, selon Me Ksentini.
Bien qu’il y ait eu autant de familles qui ont accepté l’indemnisation de l’Etat, des dizaines d’autres familles refusent de toucher de l’argent en contrepartie, afin de tourner la page. Répondant au sujet d’une éventuelle manipulation ou soutien des partis politiques à la cause de l’association SOS disparus, Me Ksentini a souligné que rien n’empêche de soutenir les victimes quelle que soit la nature de la personne ou d’une organisation politique ou civile.
Rassemblée à la place du 1er-Mai à Alger, une vingtaine de parents mères et pères des disparus ont marqué de leur présence le mouvement de protestation de l’organisation SOS disparus. Milice Arab. 85 ans, d’Alger, malade d’Alzeihmer à cause de la disparition de son fils évite tout contact humain. «Il n’y a plus de confiance entre les Arabes. Mon histoire remonte à 20 ans, lorsqu’ils ont pris mon fils de la maison», regrette-t-il avec des larmes aux yeux. Affirmant qu’il a frappé à toutes les portes pour retrouver son fils Mohamed qui a disparu depuis le 9 septembre 1993 à Birkhadem, ce grand-père n’a pas trouvé mieux que de porter plainte devant Dieu. «Je laisse mon histoire à Dieu», dit-il, tout en s’excusant de ne pas faire confiance aux autres.
Brandissant des slogans qui donnent la chair de poule, une dizaine de mamans clament haut et fort.
«Rendez-nous nos enfants. Nous rentrons chez nous», «Nos enfants sont vivants. Dans la prison, ils sont enterrés». Par ailleurs, il y a lieu de souligner la présence d’un important cordon de sécurité qui a été mis en place, afin d’éviter tout débordement.
Des policiers en uniforme bien conscients de la tâche et de leurs responsabilités vis-à-vis, de ces parents n’ont pas manqué de respecter la règle d’usage envers les personnes âgées.
«Mettez-vous à la place de toutes ces familles qui souffrent dans le silence et la solitude.»