Après le cri du coeur de Louisa Hanoune, qui a livré à l’opinion publique les «tarifs» pour l’achat des consciences de nos «élus» locaux à Alger, voici venu le tour d’un homme qui a la réputation de ne pas avoir la langue dans sa poche, et de dire souvent tout haut ce que beaucoup se contentent de penser tout bas. Trop, c’est trop !
De coup de théâtre en coup de théâtre, et de coups fourrés en coups fourrés, nos chers élus locaux, choisis par nos, non moins chers, partis politiques parmi le tout-venant, parfois même au sein de la lie et de la plèbe de la société, franchissent chaque jour un pas de plus dans les actes délictuels dans leur course effrénée vers le contrôle de nos wilayas et de nos communes.
Désormais, il est devenu plus qu’évident que cette mandature locale sera la pire de toute l’histoire de l’Algérie indépendante, de même que les élections du 29 novembre passé avaient failli frôler la mascarade.
Bref, et après une campagne électorale aphone et sans relief, aucun, après une défection citoyenne particulièrement «parlante», après la multiplication de preuves faisant état de graves fraudes, presque toujours commises par des «gars» du FLN et du RND, après des résultats surréalistes venus nous projeter vers l’ère anté-Octobre 88, voici venu le temps de sordides marchandages, d’achats de voix et de consciences d’élus pour des prix faramineux, de chantages, d’agressions et de toutes sortes d’actes délictueux pour accaparer la future gestion, que l’on suppute «mafieuse» de nos malheureuses collectivités locales.
Ainsi, donc, et après le coup de gueule, ou coup de coeur, de la Pasionaria algérienne, Louisa Hanoune, qui a livré à l’opinion les tarifs d’achats des consciences et des voix de nos élus locaux au niveau des communes d’Alger, voici venu le tour de Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH (Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme), également conseiller au niveau de la Présidence de la République, de jeter un véritable pavé dans la mare, en commentant un pareil phénomène venu décrédibiliser de manière durable, aussi bien la classe politique qu’une bonne partie de ses élus locaux.
L’homme, qui n’a pas la réputation d’avoir la langue dans sa poche, tant s’en faut, a en effet qualifié de «conduite mafieuse» le marchandage de voix des élus aux APC.
Cette pratique est une «conduite mafieuse, hautement immorale, qui va à l’encontre de la Constitution et de la loi électorale», a-t-il affirmé, en effet,, dans une déclaration faite au site d’information TSA. Allant encore plus loin, il a comparé ce marchandage à «une fraude à peine déguisée». «Je dirai même que c’est une fraude à ciel ouvert et que cela exacerbe la population », s’est-il encore exclamé.
«L’argent sale conduit à une politique avariée », développe Me Ksentini, qui s’interroge également sur la position des chefs de parti : «C’est d’autant plus regrettable si les chefs de partis sont au courant de ce marchandage et qu’ils le cautionnent.»
Rappelons pour finir qu’en dépit de ces jeux d’alliance mafieux, à partir desquels les nouveaux «élus» comptent forcément s’enrichir vite et bien, et à moindre effort, plusieurs centaines de communes risquent de se retrouver sans exécutif, une fois le délai des 15 jours impartis se sera écoulé sans que le moindre «accord» n’ait pu être trouvé entre les élus locaux.
À cause d’un article de loi surréaliste, régissant l’élection du président d’APC, et du nombre pléthorique de partis politiques en lice, dont une bonne vingtaine a été agréée dans la foulée des réformes politiques initiées dans le sillage du «printemps arabe», l’Algérie se trouve au bord du blocage de ses collectivités locales, dont une partie est tombée entre des mains peu recommandables et peut-être, même, à l’orée d’une nouvelle crise institutionnelle et politique.
Wassim Benraba