Rendu « célèbre » par les enquêtes de juges milanais sur des commissions et des rétrocommissions liées à des contrats obtenus en Algérie par la société d’ingénierie, Saipem, filiale du groupe Eni, Farid Bedjaoui, « l’ami nécessaire », le « facilitateur », est sur le coup d’une information judiciaire en France, rapporte aujourd’hui le journal El Watan.
Ce « golden boy », neveu de l’ancien ministre algérien des affaires étrangères et « homme de confiance » du ministre de l’énergie qui cumule trois nationalités (Algérienne, canadienne et française) est désormais sous le coup de poursuites judiciaires dans trois pays, l’Italie, l’Algérie et la France.
Le nouveau parquet national financier français ainsi que l’explique le journal Le Monde dispose parmi ses compétences les « délits de corruption d’agents publics étrangers, de corruption privée et toutes les atteintes à la probité… ».
L’action engagée contre Farid Bedjaoui s’est déjà traduite, selon El Watan, par la saisie de biens immobiliers et d’un bateau appartenant à Farid Bedjaoui et le gel de ses avoirs… »
Le montant de ces biens s’élèverait à plusieurs millions d’euros ». Le très connu juge Renaud Van Ruymbeke et sa collègue Sophie Clément, en charge du dossier, ont engagé une procédure de mise en examen de Farid Bedjaoui et de son associé.
« On mange en famille »
L’affaire Saipem, devenue par la suite l’affaire « Sonatrach 2 » en Algérie a été révélée en février 2013. La presse italienne, informée par le parquet de Milan, avait chiffré à exactement à 197.934.798 euros le montant des pots-de-vin liés à des contrats d’un montant de 11 milliards d’euros, octroyés à Saipem Algérie, la filiale locale du groupe italien.
L’intermédiaire Farid Noureddine Bedjaoui, dont le nom de code état le « jeune » ou « l’ami nécessaire » servait d’interface entre Saipem et le ministre de l’énergie, Chakib Khelil. D’autres révélations sont venues par la suite confirmer des rencontres directes dans un hôtel parisien entre les dirigeants d’ENI et Chakib Khelil.
En octobre dernier, les médias italiens, régulièrement informés par le parquet de Milan, ont révélé avec des détails précis les montants des pots-de-vin versés à Chakib Khelil et ses proches révélés dans la presse italienne.
« Le système Verone-Bedjaoui est en fait le système Khelil, le « patron » qui avait le pouvoir d’octroyer des contrats. Et se faisait ainsi rétribuer par la compagnie italienne via « le jeune » ou le « neveu du système », notaient en aout 2013, le Quotidien d’Oran.
Il relevait que l’un des protagonistes de l’affaire, Pietro Varone soulignait, dans ses déclarations à la justice italienne que Bedjaoui a dit clairement qu’il donnait l’argent au ministre de l’Energie, Khelil, à sa femme, à ses deux enfants ».
« On mange en famille chez les Khelil » relevait l’auteur de l’article en y voyant le « symbole d’un système où ceux qui exercent le pouvoir le font sans contrôle et presque sans crainte. Une illustration de plus de la dangerosité du système algérien ».