Christiane Taubira et Faouzi Lamdaoui
Le PS s’avère incapable de promouvoir les parcours exemplaires de la diversitĂ©, dans le meilleur des cas, il les relègue aux seconds rĂ´les.
Les Français issus de l’immigration, sont-ils les oubliĂ©s de la RĂ©publique? Depuis quelques semaines maintenant, la diversitĂ© affiche une très mauvaise mine en France. Des noms comme Faouzi Lamdaoui et Christiane Taubira font les frais d’une dangereuse dĂ©rive au sein du Parti socialiste français qui, Ă force de vouloir plaire Ă l’extrĂŞme droite a fini par dĂ©plaire tout simplement. On ne sait sur quel autel, le PS veut sacrifier la diversitĂ©.
OrchestrĂ©e par des milieux connus pour leur hostilitĂ© Ă l’immigration, une fĂ©roce campagne de dĂ©nigrement et de dĂ©prĂ©ciation est actuellement menĂ©e contre des figures prĂ©sentes sur la scène publique française.
Sans ménagement aucun, et tour à tour, Christiane Taubira, ministre de la Justice et Faouzi Lamdaoui, conseiller du président de la République, ont subi des insultes racistes et des insinuations xénophobes.
Curieusement, c’est un certain discours extrĂ©miste et raciste qui a la part belle. C’est le retour du discours qui diabolise l’immigration en lui imputant tous les malheurs de la France, toutes ses difficultĂ©s Ă©conomiques et sociales: l’immigration est Ă l’origine de la violence dans les banlieues, de la dĂ©linquance, voire du terrorisme et elle est une menace pour la nation et pour la RĂ©publique.
Samia Ghali, sĂ©natrice des Bouches-du-RhĂ´ne, a Ă©tĂ© traitĂ©e d’«arabe» par son propre collègue socialiste, le dĂ©putĂ© Patrick Menucci.
Amine Khiari, 36 ans, brillant directeur gĂ©nĂ©ral du pĂ´le universitaire LĂ©onard de Vinci, fils de la sĂ©natrice Bariza Khiari, s’est vu refuser, par le cabinet du Premier ministre, le poste de directeur gĂ©nĂ©ral de l’Ă©tablissement d’amĂ©nagement de la DĂ©fense pourtant promis par la ministre Ă©cologiste compĂ©tente CĂ©cile Duflot.
Evidemment, c’est l’extrĂŞme droite ainsi dĂ©complexĂ©e qui en profite. Elle ramasse la mise Ă©lectorale. Le PS s’avère incapable de promouvoir les parcours exemplaires de la diversitĂ©, dans le meilleur des cas, il les relègue aux seconds rĂ´les. «A croire qu’on est revenu au temps du premier et second collège de l’Ă©poque coloniale. La mixitĂ© sociale, le mĂ©tissage culturel, partout prĂ©sents dans la sociĂ©tĂ© française, sont cyniquement ignorĂ©s par les sphères dirigeantes, isolĂ©es dans leur tour d’ivoire», s’indigne une militante du PS ajoutant qu’«en reniant les engagements qui l’ont faite Ă©lire, la gauche fait preuve de mĂ©pris et d’ingratitude, et s’expose inĂ©vitablement au retour du bâton. Les banlieues et les quartiers populaires, laissĂ©s pour compte, ne croient plus aux beaux discours. Ils veulent des actes palpables et des actions concrètes, vĂ©rifiables dans leur quotidien. Le dĂ©senchantement s’y mĂŞle Ă la colère».
En effet, le PS risque de subir un retour de flammes Ă l’occasion des prochaines Ă©lections municipales et europĂ©ennes qui s’annoncent catastrophiques. Le PS a-t-il cĂ©dĂ© aux reliques d’un atavisme colonial qu’il a du mal Ă exorciser?
La diversitĂ© aux postes de responsabilitĂ© a plus mauvaise mine que sous les gouvernements de droite. Tous les jours des reprĂ©sentants de la diversitĂ© sont Ă©cartĂ©s comme si on voulait donner des gages Ă l’Ă©lectorat du Front national, comme si la gauche avait perdu son âme et sacrifiĂ© ses valeurs sur l’autel du pouvoir. Le gouvernement socialiste aurait-il oubliĂ© qu’il ne doit sa victoire qu’Ă la mobilisation exceptionnelle des banlieues et des quartiers populaires?
Lors de la campagne électorale pour la présidentielle, la diversité et la sécurité ont été des axes principaux de François Hollande.
Fort de ces deux supports, M.Hollande a pu dĂ©stabiliser le prĂ©sident sortant, Nicolas Sarkozy, en lui rappelant son propre bilan: «25% des jeunes sont au chĂ´mage, jusqu’Ă 45% dans vos quartiers. Mon devoir, c’est d’ouvrir des horizons.»
A prĂ©sent, le PS bouche ces horizons aux compĂ©tences issues de l’immigration.