Il faut reconnaître qu’à Béjaïa le besoin de reloger de nombreux citoyens est une réalité
Les dernières intempéries ont au moins ce mérite de remettre sur le tapis la question du vieux bâti à Béjaïa.
Une commission communale, installée au lendemain des intempéries qui ont touché de plein fouet la ville de Béjaïa, est depuis samedi à pied d’oeuvre pour déterminer les familles nécessitant un recasement urgent par suite des inconséquences induites par les pluies diluviennes dans la nuit de jeudi à vendredi. Jusqu’à hier matin, six familles ont été déjà retenues pour être évacuées vers d’autres lieux réservés spécialement à cet effet.
Le constat se fait de plus en plus alarmant. Le nombre de familles à recaser se fait plus important. Chaque année arrive avec son lot de demandeurs de logement ou de recasement qui donne des «sueurs froides» aux élus de la commune. Ils sont tellement nombreux qu’il faut désormais prendre très au sérieux ce problème qui ne date pas d’aujourd’hui.
Les dernières intempéries ont au moins ce mérite de remettre sur le tapis la question du vieux bâti à Béjaïa. Une question qui revient certes, souvent à la faveur de la moindre intempérie mais, cette, fois-ci, il est à espérer que des mesures à la hauteur des attentes soient prises. Déjà, en dehors du temps gâteux, les services communaux sont souvent confrontés à des citoyens en détresse qui les sollicitent pour des recasements provisoires. Ce flux va crescendo. Même si la motivation de certains est loin d’être dénuée d’arrière-pensées, il reste que la grande majorité des gens qui se rapprochent des services communaux ou qui manifestent leur colère comme avant-hier devant la wilaya, sont très sincères dans leur démarche. Nous les avons écoutés et nous sommes allés visiter leurs demeures.
L’alerte est réelle et l’urgence est là pour rappeler aux autorités leur devoir d’agir dans le sens de soulager les simples citoyens qui n’ont d’yeux que pour l’autorité communale. Alors que l’espoir de bénéficier d’un logis décent lors de la prochaine attribution de l’autre partie restante des logements sociaux de la commune de Béjaïa, environ 500 unités, s’est effilochée avec l’affectation de ces unités pour l’hébergement des étudiants, la situation des demandeurs de logements sociaux empire davantage. C’est encore plus délicat pour ceux qui nécessitent un recasement. Il faut reconnaître qu’à Béjaïa le besoin de reloger de nombreux citoyens est une réalité. Non seulement, certaines demeures ne sont plus habitables, mais elles devraient être rasées du paysage de la ville de Béjaïa. Le dernier recensement effectué sur l’habitat précaire fait ressortir, pour la seule ville de Béjaïa, des centaines de familles vivant dans des conditions précaires. Le plateau Amimoune, le vieux quartier de Lhouma Oucherchour, et bien d’autres ont, pourtant, fait l’objet de rapports et procès- verbaux dressés par les services de la santé publique, du CTC, de la Protection civile et de la commune. La montée inquiétante du vieux bâti et des constructions illicites et le retard flagrant mis dans la réalisation des logements publics fait que la ville de Béjaïa est cruellement dans le besoin.
Le nombre élevé de sites de recasement, le bidonville et la vétusté des habitations de la ville de Béjaïa sont la source d’un grand dilemme pour l’actuelle équipe aux commandes locales. Il en sera de même pour celle qui sera élue dans trois mois.
Le déficit flagrant d’inscription en matière de logement social pour la ville, a poussé vers la création des sites de recasement. On en est arrivé à transformer des établissements scolaires en lieux d’habitation. Au manque de logement s’est greffé l’exode rural pour donner lieu à des bidonvilles, dont celui de Soumari au coeur même de la ville. Les habitations de la vieille ville et des anciens quartiers construits durant l’époque coloniale font accroître le nombre de demandeurs de logement.
Les 500 logements retenus en 2008, dans le cadre de l’éradication de l’habitat précaire, ne sont pas encore réalisés. Seules 96 unités ont été lancées dans ce programme, en revanche les 400 autres restent dans la marge. Voilà la réalité. A ce train, la déclaration du ministre de l’Habitat faite en marge de sa visite à Béjaïa et selon laquelle il ne faut plus entendre parler de recasement après l’expiration du quinquennat 2010-2014, reste utopique, du moins pour la ville de Béjaïa. Si le recasement est de nature transitoire, et ne dure en principe qu’une période très définie d’un mois à deux mois maximum, à Béjaïa, il s’étale sur des années. Quelle que soit la dotation dont bénéficierait Béjaïa, le problème du logement restera d’actualité, tant le rythme de réalisation reste en deçà des besoins.
Pour cela, il faut une véritable politique qui ne relève pas seulement des autorités de wilaya mais aussi de celles des communes pour lever toutes les entraves qui se dressent sur le chemin des réalisations.
Les sinistrés se rassemblent devant la wilaya
Les habitants des quartiers touchés par les dernières inondations ont observé hier matin un rassemblement devant le siège de la wilaya afin d’interpeller les autorités sur la situation de précarité absolue dans laquelle ils vivent depuis de très longues années. Une situation aggravée par les dernières pluies torrentielles qui se sont abattues sur la ville de Béjaïa. Les eaux de pluie se sont infiltrées dans leurs habitations. Lesquelles habitations devaient être rasées depuis des années. La question du vieux bâti refait surface. Hier, ils étaient venus des vieux quartiers de La Gare, Bab Elouz, Cité Karamane, Houma Oucherchour et Bâtiments pour réitérer une nouvelle fois leurs revendications qui consistent en leur recasement dans des logements décents. Les habitants de Bab Elouz n’ont pas hésité à rappeler aux autorités de wilaya les engagements pris pour leur recasement à la faveur du constat selon lequel la plupart des demeures ont été jugées techniquement menaçant ruine par le CTC il y a plusieurs années déjà. Sols inondés, murs lézardés et fissurés, des toitures perméables. Certaines maisons étaient encore hier inondées et leurs habitants ne savent plus à quel saint se vouer. Pour rappel, les inondations ont été provoquées par les pluies orageuses qui se sont abattues sur la ville jeudi et vendredi derniers. Les services de Météo Algérie avaient quantifié à 48 mm l’eau qui s’est abattue sur la ville en quelques heures. Des trombes d’eau ont dévalé depuis les hauteurs de la ville inondant la plaine. Plusieurs routes ont été dégradées par les eaux, des maisons et commerces ont été submergés.