Falsification de l’histoire, attaque contre l’amazighité et apologie de l’intégrisme, Les graves dérapages de Makri

Falsification de l’histoire, attaque contre l’amazighité et apologie de l’intégrisme,  Les graves dérapages de Makri
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Selon le leader de l’ex-HMS, la guerre de Libération nationale aurait été «déclenchée par les ouléma» et que tous les autres n’ont fait que suivre

Bien qu’habituel chez les islamistes, le révisionnisme de Makri tombe comme un cheveu sur la soupe, surtout que celui-ci revendique «une transition démocratique».

Abderrazak Makri s’est livré, hier, à l’occasion d’une conférence organisée par le MSP à l’occasion de la Journée nationale du Savoir, à des contre-vérités pour le moins dangereuses. Selon le leader de l’ex-HMS, la guerre de Libération nationale aurait été «déclenchée par les ouléma et au nom d’Allah» et que tous les autres n’ont fait que suivre ces derniers grâce à qui l’Algérie s’est relevée de sa torpeur culturelle, politique et sociale.

Or, il est de notoriété publique et c’est attesté par tous les écrits d’historiens professionnels sur la guerre de Libération nationale que les ouléma n’ont rejoint les rangs de la révolution qu’en 1956, à l’occasion de la tenue du Congrès de la Soummam et que l’appel du 1er Novembre, bien que déclarant solennellement l’objectif du mouvement révolutionnaire qui est «l’instauration d’une République démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques» ne contenait même pas la motion inaugurale «Au nom de Dieu le Clément et le Miséricordieux» qui ne lui sera ajoutée par Houari Boumediene qu’après l’indépendance pour conférer une dimension sacrée au texte fondateur de l’Algérie moderne.

Ainsi donc, noyé dans son délire révisionniste, Abderrazak Makri a ajouté qu’il faut être fidèle à Ben Badis et, selon lui, la fidélité «au leader du réformisme algérien» consiste fondamentalement à «interdire la commercialisation des boissons alcoolisées qui sont, en plus d’être illicites, un facteur de dislocation de la société». Parlant de la réhabilitation de l’identité nationale, le leader islamiste, jouant sur la rhétorique, n’a pas omis, comme ses prédécesseurs au même poste, de parler de la langue et de la culture amazighes dont il a souligné l’importance et qu’il a appelé à «promouvoir et développer».

LG Algérie

Mais, simultanément, une grande suspicion, frisant la grossière calomnie, a été jetée sur le combat amazigh ainsi que sur ceux qui militent pour la réhabilitation de l’amazighité.

«Certains défenseurs de tamazight se cachent derrière cette cause légitime pour préparer le lit au retour du français et de la France en Algérie» a-t-il martelé sous les applaudissements de ses partisans. Ainsi, pour Makri, le fait de parler en français et de dire qu’à un moment donné, l’arabisation au forceps s’est faite au détriment de la vraie identité de l’Algérie -thèse largement répandue dans les milieux amazighopones- qui ne saurait faire abstraction de l’amazighité relève d’un complot contre l’arabe et, pire, pro-français. «Ceux qui veulent promouvoir la langue française en se cachant derrière la cause amazighe, on leur dit, «faqou!» clama-t-il, tout fier de sa trouvaille.

Pour donner du crédit à ses propos, Makri est revenu à l’Algérie, en tant que nation et société, se démarquant des conceptions transnationales propres aux islamistes.

«Celui qui veut sauver l’islam doit d’abord sauver l’Algérie car nous n’avons pas les moyens de nourrir la vieille illusion de Califat et d’Oumma. Le jour où l’Algérie sera forte, elle pourra aider les pays arabo-musulmans», a-t-il grommelé.

Mais, encore une fois, l’Algérie ne saurait être, selon lui, algérienne que si elle cristallisait tous les fantasmes islamistes du MSP: «L’Etat doit être le miroir de la société algérienne qui est musulmane et ceux qui s’éloignent de cette réalité ne sont que des bonimenteurs.»

Abordant par ailleurs l’actualité, Abderrazak Makri appuyé en cela par les regards approbateurs de l’état-major de son parti, a déchargé un déluge de critiques sur le bilan de la première année du quatrième mandat de Bouteflika.

«La situation de l’Algérie est aujourd’hui catastrophique. Nos réserves en gaz et en pétrole ont baissé, notre incapacité à renouveler nos réserves se précise de plus en plus, le Fonds de régulation des recettes a perdu 27 milliards de dollars, le meilleur taux de croissance réalisé depuis 16 ans est de 4% alors que nous avions les moyens d’atteindre une croissance à deux chiffres», a-t-il constaté avant de préciser qu’ «un bilan aussi négatif pour 800 milliards de dollars dépensés, c’est inacceptable».

«800 milliards de dollars auraient suffi pour construire la moitié du continent africain», a-t-il ajouté pour finir avec une recommandation: «L’Algérie a besoin d’un président présent et disponible et non pas d’un homme qui voit le pays à travers les yeux de ses proches, surtout que le pays est menacé de toutes parts. La transition démocratique que nous prônons est une issue à cette impasse.»