Factures impayées par l’apc d’oran : Des entreprises de collecte d’ordures dans la tourmente

Factures impayées par l’apc d’oran : Des entreprises de collecte d’ordures dans la tourmente

Tout retard de versement est, pour ces jeunes bénéficiaires des crédits bancaires, synonyme de lourdes pénalités.

«Nous ne savons plus à quel saint nous vouer ni à quelle instance nous plaindre dans le cadre du paiement de nos factures, remontant à plusieurs années», a déploré Sofiane Ibrir, propriétaire d’une entreprise spécialisée dans la collecte des ordures ménagères en convention avec la municipalité d’Oran. L’enjeu est de taille. L’APC d’Oran, ayant cédé la gestion et la collecte des déchets ménagers à des entreprises privées, s’est, à la faveur des nouvelles mutations économiques et financières, retrouvée dans l’incapacité d’honorer ses créances détenues sur des entreprises avec lesquelles elle est liée par des contrats avec des entreprises privées dont la majeure partie a été créée dans le cadre des différents dispositifs de soutien à l’emploi des jeunes.

Autrement dit, ces jeunes entrepreneurs sont, eux aussi, redevables auprès des banques ayant financé leurs projets. Faute d’argent, ces prestataires de services se retrouvent dans l’impasse, tout en étant contraints d’affronter le harcèlement des banquiers les sommant de payer dans les délais convenus par les deux parties: entrepreneurs et banques. Tout retard de versement est, pour ces jeunes bénéficiaires de crédits bancaires, synonyme de lourdes pénalités. D’autres appréhendent les poursuites judiciaires pendant que d’autres, la peur au ventre, sont en attente des huissiers de justice pour les saisies des équipements dont ils ont bénéficié en montant leurs petites affaires.

Rencontré hier matin devant les services financiers relevant de l’APC d’Oran, le jeune Ibrir n’a pas mâché ses mots, en déplorant la situation de blocage dans laquelle plus d’une centaine d’entrepreneurs se sont retrouvés. «Les responsables municipaux nous informent que notre situation est prise en main par les services financiers, d’où notre présence ici (services financiers de l’APC). Or, a-t-il déploré, le contraire se produit, étant donné que «notre calvaire est, contre toute attente, inscrit dans la durée». Et encore, a-t-il fulminé en affirmant que «plusieurs entreprises n’ont perçu aucun sous depuis 2014 alors que d’autres ont été payées». Est-ce de la discrimination? Le silence est total, du moins chez des responsables municipaux, habilités à s’exprimer sur une telle problématique. Des sources proches de la commune d’Oran affirment que «le montant des factures impayées par l’APC d’Oran seraient colossales». D’autres avancent que le montant serait de «63 milliards de centimes». L’ire de ces jeunes propriétaires d’entreprises de collecte des déchets ménagers était, jusqu’à hier, indescriptible. D’ailleurs, ils ne comptent pas rester les bras ballants en attendant la solution qui, selon plusieurs entrepreneurs, ne viendra pas de sitôt. Mardi dernier, ils se sont rassemblés devant le siège de la délégation du secteur urbain El Amir, au centre-ville, pour réclamer le paiement de leurs créances ne serait-ce qu’au titre de l’année 2017, en attendant le règlement définitif de leur situation.

Pour être tranchants dans leur action, les protestataires ont stationné une vingtaine de leurs camions de collecte et de ramassage d’ordures ménagères devant le bâtiment du secteur urbain et ont réclamé le paiement, dans une première étape, de leurs créances de l’année 2017, et ensuite celles des années 2014 et 2015, non perçues. Les gérants de ces entreprises ont exigé, lors d’une rencontre avec le directeur de la division communale chargée de l’hygiène et de l’assainissement de la ville d’Oran, le paiement en urgence des créances de l’année écoulée. Les autorités locales avaient promis de régler cette situation, suite à un mouvement de protestation, il y a quelques mois. «Ce mouvement de protestation se poursuivra jusqu’au règlement total de ces créances tout en nous engageant à assurer un service minimum», dira le jeune propriétaire d’un camion à benne-tasseuse de 14 tonnes. Ces entreprises, pour la plupart d’entre elles, détiennent pour la seule année 2017 des créances variant entre 500 000 et 860 000 DA, en fonction du tonnage et des quantités de déchets enlevés. Plus d’une centaine d’entreprises privées sont conventionnées avec la commune d’Oran pour la collecte d’ordures et d’enlèvement d’ordures ménagères. Elles disposent chacune de quatre travailleurs au moins. A quand le bout du tunnel?

Par Wahib AïT OUAKLI