Facture d’importation : le coût exorbitant des projets publics et des commissions occultes des agents de l’Etat

Pour réduire les importations, le gouvernement a décidé de forcer les Algériens à dépenser mois, en interdisant les crédits aux particuliers et en rendant difficiles les opérations d’importation. Mais la méthode ne fait pas l’unanimité parmi les économistes. « Il faut décharger la barque des dépenses publiques. L’Etat ne peut supporter à lui seul des programmes d’investissement de 30 milliards de dollars par an. Le privé doit être impliqué », soutient en privé un ancien ministre des Finances.

Dans la structure des importations, la moitié des 40 milliards de dollars est due aux commandes de l’Etat pour l’acquisition des équipements nécessaires à la réalisation des grands projets d’infrastructures, de pétrochimie et d’hydrocarbures.

Outre les équipements achetés à l’étranger, les marchés publics constituent une source de gaspillage de l’argent public, notamment via les révisions continuelles et parfois injustifiées des coûts des projets. L’attribution des contrats se fait souvent dans l’opacité et les groupes étrangers versent des commissions importantes pour obtenir des marchés juteux dans les travaux publics, le bâtiment et les équipements.

Selon une source proche de la Banque mondiale, les commissions en Algérie représenteraient 10% de la commande publique importée. « Ce taux signifie que deux milliards de dollars sont versés par les étrangers aux Algériens pour obtenir des marchés juteux à des conditions favorables », regrette un membre d’une organisation patronale. « Le gouvernement doit plutôt lutter contre la corruption dans les marchés publics pour mettre un frein à l’emballement de la facture des importations », ajoute t-il.

LG Algérie

Des économistes estiment aussi que l’Algérie n’a pas les moyens financiers pour assurer des investissements publics de 30 milliards de dollars par an, à cause de la chute des prix du pétrole. Le gouvernement doit associer le privé national et le capital étranger pour réaliser certains grands projets au lieu d’utiliser la manne pétrolière.

Le débat entre les partisans d’un recours au marché pour financer les investissements et ses adversaires revient sur la scène avec la chute des recettes pétrolières en 2009, conséquence de la baisse du prix du brut et de la crise mondiale. « Pour réduire la facture d’importation, le gouvernement ne peut pas priver les Algériens de certains produits, mais il doit encourager la production locale et réduire la dépense publique dans les projets d’équipements », conclut un économiste.

Par  sonia lyes