Une addition salée qui s’est chiffrée à plus de 60 milliards de dollars l’année dernière
A voir de plus près la série de performances annoncées, celles concernant notamment l’importation de voitures et de médicaments, seraient dues beaucoup plus à des décisions d’ordre administratif.
A t-on crié victoire un peu trop rapidement? Apparemment oui puisque l’on s’est précipité à imputer le recul des importations aux mesures prises par le gouvernement qui s’est fixé comme objectif d’en réduire la facture. Une addition salée qui s’est chiffrée à plus de 60 milliards de dollars l’année dernière.
Elle représente une saignée pour l’économie nationale et pèse actuellement trop lourd avec la dégringolade du prix du baril de pétrole qui a perdu plus de 50% de sa valeur depuis le mois de juin 2014.
C’est donc avec sentiment. A voir de plus près la série de performances annoncées, celles concernant notamment l’importation de voitures et de médicaments, seraient dues beaucoup plus à des décisions d’ordre administratif. Selon les chiffres du Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis), la facture des importations de véhicules de tourisme a enregistré une baisse de 44,3% alors que celle des médicaments 14%.
Des résultats qui seraient en grande partie la conséquence de blocages pour les voitures de tourisme et de pénuries qui ont touché certains médicaments qui ont étrangement disparu du marché qu’à une quelconque embellie de la production nationale qui en aurait allégé le coût.
Il faut souligner de toute façon qu’alléger la facture de cette catégorie de produits au détriment de la santé des Algériens serait non seulement incongru, voire même criminel. Parmi les produits importés qui ont reculé et qui ont contribué à l’inversion de cette courbe figure aussi le lait dont l’Algérie est un des plus gros consommateurs au monde. Selon de nombreux observateurs et experts, les facteurs objectifs responsables de cette bonne nouvelle doivent s’expliquer plutôt par la baisse du prix de ce produit sur les marchés mondiaux. Un constat qui a aussi été établi pour le sucre, les céréales ou les légumes secs…Comme elle trouve aussi ses fondements dans la diminution de la surfacturation de toute sorte de produits.
La baisse de la monnaie européenne par rapport à la devise américaine a également influencé ce renversement de situation, une tendance qui devrait se poursuivre vraisemblablement à l’avenir avec comme aiguillon la crise grecque qui a mis les pays de la zone euro en sérieuse difficulté. L’euro s’échange à moins de 1,10 dollar et se rapproche de la parité entre les deux devises qui ne serait pas sans conséquence sur l’économie nationale dont la majorité des importations est libellée en euro et dont les pays de la zone européenne figurent parmi ses principaux partenaires commerciaux à l’intar de la France, l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne. Il va falloir donc attendre les premiers frémissements des mesures prises par l’Exécutif pour crier enfin victoire.
Une attente qui pourrait être fortement contrariée avec l’annonce par le ministère de l’Industrie et des Mines du déblocage des importations d’une certaine catégorie de véhicules ainsi que l’entrée en vigueur de l’arrêté, fixant les cahiers des charges relatifs aux conditions et modalités d’exercice des activités de concessionnaires de véhicules neufs qui devrait regonfler la facture des importations. La production nationale qui est loin de répondre aux besoins de la population aussi bien sur le plan alimentaire que sur celui des produits d’équipements fera le reste…Tout dépendra en fait du niveau des prix du pétrole pour tenter de traverser cette mauvaise passe.
Assainir une économie gangrenée par l’informel qui brasse quelque 40% de la manne monétaire en circulation, s’affranchir des exportations d’hydrocarbures qui assurent l’essentiel des revenus en devises au pays, moderniser le système bancaire en instituant des modes de transactions qui répondent aux normes internationales ne se fera pas sur un coup de baguette magique…Les mauvais réflexes sont tenaces comme le sont certaines annonces qui ne représenteraient qu’un miroir aux alouettes…