Facebook en débat à l’APN

Facebook en débat à l’APN

Facebook a facilité les révolutions” dans le monde arabe “mais ne les a pas provoquées”, estime un universitaire convié à la journée parlementaire sur les réseaux sociaux et les nouveaux médias.

“Les réseaux sociaux en ligne : analyse, enjeux et impact”, tel a été l’intitulé d’une journée parlementaire organisée hier à l’Assemblée populaire nationale (APN). Devant un important parterre de participants, la problématique des réseaux sociaux a été examinée sous toutes ses coutures. Intervenant sur cette problématique, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, a estimé que “les réseaux sociaux sur Internet peuvent être une solution au déficit en matière de communication existant en Algérie entre les générations et entre l’administration et le citoyen et même au sein des associations, des organisations et des partis politiques”. Le ministre pense, à ce propos, qu’au-delà de certains aspects négatifs, ces réseaux sociaux en ligne peuvent jouer un rôle dans les questions liées au civisme. La nécessité de mettre à contribution ces réseaux dans “la consolidation des valeurs de citoyenneté et de civisme et dans la préservation de l’identité nationale” est dès lors mise en avant par le ministre. Exhortant les jeunes “à être des acteurs de ces réseaux en produisant du contenu puisé de leur patrimoine culturel et civilisationnel”, le ministre a tout autant parlé de l’utilisation de ces réseaux sociaux dans “l’approfondissement du processus des réformes démocratiques en l’Algérie”.

L’utilisation de ces réseaux pour combattre la violence est également souhaitée. “Car l’école et les mosquées ne suffisent pas à endiguer ce phénomène”, dit-il. Aussi, aux yeux du ministre, ce qui se passe dans le monde arabe “est dû, en grande partie, à ces réseaux sociaux et n’est pas uniquement un phénomène local”. Intervenant de son côté, le professeur Zoghlami a estimé que les problèmes se sont mondialisés, arguant que les problèmes qui se posent au sein même d’un quartier deviennent nationaux. évoquant ce qui est appelé les révolutions sur facebook, l’universitaire exprimera “une certaine prudence” par rapport à cette question.

“Facebook a facilité les révolutions mais ne les a pas provoquées”, lance-t-il, ajoutant que “facebook n’est, en définitive, qu’un moyen et qu’il s’agit de l’utiliser à bon escient”. Aussi, et tout en affirmant qu’“il y a un travail sur les Algériens qui utilisent facebook”, l’intervenant exprimera, à ce niveau également, des réserves. “Qui bénéficie, en définitive, de facebook ?”, s’est-il interrogé. Les Algériens étant plutôt, selon lui, des consommateurs d’informations et non pas des producteurs, l’orateur a estimé impératif d’intégrer les réseaux sociaux dans le cadre des médias traditionnels. Il relèvera, au passage, que la question des nouveaux médias peut même menacer la sécurité nationale.

Pour autant, il estime que les réseaux sociaux n’ont pas de connotation négative puisque la société elle-même est organisée en réseaux. “Il y a un monde tout entier de réseaux”, dit-il. La force d’Internet réside, de l’avis de l’intervenant, dans sa facilité et sa simplicité.

De son côté, le président de la commission de la jeunesse, des sports et de l’activité associative à l’APN a noté que l’Algérie n’a, à aucun moment, touché au droit de ses citoyens de communiquer à travers les réseaux sociaux en ligne. Intervenant au nom du président de l’APN, le président de la commission a noté que “contrairement aux autres pays arabes et étrangers, l’Algérie n’a jamais touché au droit de sa jeunesse de communiquer avec le reste du monde à travers les réseaux sociaux en ligne, comme elle n’a pas entravé leur liberté en interdisant tel ou tel site Web”. De son côté, Asla Salim, conseiller du ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, a indiqué que son département ministériel s’attelait à mettre en œuvre un programme “ambitieux” pour réduire la fracture numérique. Le nombre d’abonnés aux différents réseaux ADSL est estimé par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) à 830 000 à fin février 2011, soit un taux de pénétration d’environ 10%. Il a cité, à ce sujet, la mise sur pied d’un fonds d’appropriation des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Le ministère s’apprête à lancer sous peu un appel à contribution pour ce fonds. Pour sa part, le commissaire divisionnaire de police, Mustapha Abdelkader, qui intervenait au nom de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), a évoqué les dangers des sites Web et des réseaux sociaux en ligne sur la vie privée des personnes. Le représentant de la DGSN a cité les risques de vol des renseignements de nature privée ainsi que des renseignements sur la banque et leur utilisation à des fins commerciales par d’autres parties.