Sept pays, parmi lesquels la France, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ainsi qu’un donateur privé, ont promis hier 75,5 millions de dollars pour la sauvegarde du patrimoine culturel menacé par la guerre et le terrorisme, principalement au Moyen-Orient.
L’idée de cette initiative est née deux ans plus tôt presque jour pour jour, le 18 mars 2015, lors d’une visite du président François Hollande, au Louvre, déjà. Il s’agissait alors de dénoncer les saccages de sites archéologiques par le groupe jihadiste État islamique (EI) et le régime syrien. Cruelle coïncidence : au moment même où il s’exprimait, un commando jihadiste prenait d’assaut le musée du Bardo à Tunis, faisant une vingtaine de morts. Depuis, de discours à l’Unesco en sommet du G7 et d’appel en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en conférence à Abou Dhabi, l’idée a fait son chemin.
Portée par la France, les Émirats arabes unis et l’Unesco, elle vise à réunir d’ici à 2019 un fonds doté de 100 millions de dollars, dont les trois quarts ont donc déjà été collectés. Dans le détail, la France a confirmé qu’elle mobiliserait 30 millions de dollars, déjà promis lors d’une précédente conférence réunie à Abou Dhabi en décembre.
Les Émirats arabes unis ont annoncé, pour leur part, hier, une contribution de 15 millions tandis que l’Arabie saoudite en a promis 20, le Koweit, 5, le Luxembourg, 3 et le Maroc, 1,5.
À ces contributions publiques, s’ajoute celle du philanthrope américain Tom Kaplan, dont la collection Leiden du Siècle d’or hollandais est en ce moment même exposée au Louvre et qui entend apporter un million de dollars. L’homme d’affaires est, du reste, pressenti pour prendre la présidence du conseil d’administration du fonds dont Jack Lang et Mohamed Al-Mubarak, représentants spéciaux des dirigeants français et émirien, viennent de déposer les statuts à Genève.
Mais d’autres États ainsi que des fondations ou des musées prestigieux ont promis de contribuer d’une manière ou d’une autre à l’Alliance. La Suisse s’est ainsi engagée à soutenir ses structures opérationnelles, un effort financier qu’elle évalue à 8 millions de dollars. Et l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Chine, la Corée du Sud et le Mexique entendent apporter de nouvelles contributions financières ou un soutien via leurs réseaux scientifiques ou diplomatiques.
En mars 2001, le saccage par les talibans des Bouddhas de Bamiyan, en Afghanistan, avait créé un premier électrochoc dans l’opinion internationale. Mais il a été suivi depuis de nombreuses autres destructions irréparables. À coups de pioches, de marteaux piqueurs, de bulldozers ou d’explosifs, l’EI, Al-Qaïda et leurs affidés se sont acharnés depuis sur les cités antiques de Palmyre, de Ninive ou d’Hatra, les mausolées de Tombouctou, le musée de Mossoul et bien d’autres sites encore.
“À Bamiyan, Mossoul, Palmyre, Tombouctou et ailleurs, les fanatiques ont fait du trafic, du pillage et de la destruction de l’héritage culturel le prolongement des persécutions contre les populations”, a, une nouvelle fois, dénoncé François Hollande hier au Louvre.