Les troubles qui agitent actuellement le nord du Mali posent un sérieux problème et constituent une menace supplémentaire
«Le Comité d’états-majors opérationnel conjoint des armées des pays du Sahel (Cémoc) a pour mission de rechercher et localiser les lieux de repli des groupes terroristes».
Souvent citée comme exemple dans la lutte antiterroriste, l’Algérie continue d’assumer ce statut nullement usurpé qu’elle a acquis après avoir payé un lourd tribut dans le combat contre cette «bête» immonde, et cela de l’avis même des pays les mieux équipés en compétences et en moyens hautement technologiques. Ses points de vue ont été souvent des références en la matière, notamment depuis 2010 où elle obtint gain de cause dans sa démarche concernant le processus de résolution relative à la criminalisation du paiement de rançons aux terroristes, et ce en dépit des nouveaux défis sécuritaires imposés par la crise libyenne. Malgré les tentatives sournoises menées contre les forces de sécurité, l’Algérie n’a jamais prêté attention au délire des uns et aux allusions «hallucinogènes» des autres en jetant toutes ses forces dans une bataille qui exige désormais une solidarité internationale débarrassée des contingences artificielles. L’évaluation du contexte sécuritaire qui prévaut actuellement au sud du pays exige de nouvelles formes d’adaptation basées sur une approche renouvelée et une stratégie qui colle aux mutations profondes connues par le terrorisme.
L’Etat, plus qu’averti, n’ignore pas l’ampleur de la menace. Quelle riposte efficace au terrorisme et au crime transnational organisé dans la région du Sahel? C’est la question à laquelle devront répondre les services de sécurité sur le terrain, non sans avoir révisé, nous confient des sources très au fait du traitement sécuritaire, les capacités et les moyens engagés. Cela, dans la mesure où l’on fait face à une organisation terroriste mieux armée qu’on appelle Al Qaîda au Maghreb, laquelle a de surcroît tissé des liens avec d’autres structures partageant les mêmes visées criminelles dans la région dont le Shebab qui agit en Somalie et Boco Haram qui sévit au Nigeria. Certes, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé s’est renforcée grâce à la coopération avec la Mauritanie, le Niger et le Mali, cependant cette consolidation ne risque- t- elle pas d’être fragilisée par des facteurs exogènes, favorables au terrorisme?
Les troubles qui agitent actuellement le nord du Mali posent un sérieux problème et constituent une menace supplémentaire que les forces de sécurité des pays concernés doivent gérer avec une extrême prudence au risque de voir la situation se transformer en une guerre civile aux lourdes conséquences. Cette déstabilisation politico-sécuritaire, la menace terroriste et le crime organisé forment les contours de la nouvelle menace dans la région. «Le Comité d’états-majors opérationnel conjoint des armées des pays du Sahel a pour mission de rechercher et localiser les lieux de repli des groupes terroristes et de les mettre hors d’état de nuire, en utilisant les moyens opérationnels mis à sa disposition», a rapporté la revue de l’ANP, El Djeïch. Mais pas seulement, car pour nos sources, il s’agit aussi de l’exploitation du «renseignement opérationnel», une approche qui continue de servir la lutte antiterroriste. Dans ce contexte justement, le général-major britannique Robin Searby avait déclaré depuis Londres que «l’Algérie adopte une approche très efficace en matière de lutte contre le terrorisme qui peut servir de modèle pour les pays de la région. Le gouvernement algérien est très fort dans la lutte antiterroriste». Cette force ne serait en aucun cas remise en cause, insistent nos sources, même si la situation pourrait paraître très inquiétante de prime abord. Une inquiétude confirmée par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui soulignait, il y a quelques jours: «Ce sont plutôt les groupe terroristes qui se trouvent à l’extérieur de nos frontières qui pourraient nous inquiéter», rappelant par la même occasion que les attentats terroristes à l’intérieur du pays ont été réduits. Pour sa part, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, s’était également inquiété de la situation aux frontières. C’est dire que la plus grande menace est bel et bien située au-delà des frontières algériennes. A l’Est, le nouveau régime libyen n’arrive pas encore à maîtriser la situation.
Certaines régions de la Libye se trouvent entre les mains de quelques fractions de rebelles qui refusent de rendre les armes. Au sud, l’Etat malien fait face à une grave crise aux relents sécessionnistes qu’Al Qaîda suit de près afin d’exploiter l’anarchie qui y règne. Cette violence qui fait rage dans le nord du Mali, assurent nos sources, impose de nouvelles donnes auxquelles il faut faire face. Pour nos sources, «ces nouvelles donnes s’avèrent plus complexes dans le cas d’une connexion réelle entre les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad et Al Qaîda au Maghreb». Cette dernière et selon des sources concordantes, agissant dans le corridor sahélo-sahélien, ne se contente plus de l’argent amassé, suite aux opérations de rapts, de la drogue et du trafic d’armes qu’elle exerce depuis la Libye avec la complicité des insurgés libyens, mais elle a monté des filières de l’immigration clandestine pour son financement. C’est dire que dans un tel contexte, il ne s’agit plus d’une lutte antiterroriste traditionnelle qui engage des actions militaires et policières de grande ampleur, mais exige davantage des actions politiques menées par des Etats ayant réussi au préalable à trouver un consensus dans la définition du terrorisme. La réussite de cette lutte ne pourra pas faire l’économie d’un tel consensus. Et l’Algérie a certainement beaucoup à dire par rapport à ce volet souvent négligé.