Le siège du FLN
Censées être un intermédiaire entre la population et le pouvoir, les formations politiques, connues pour être très actives à l’approche des échéances électorales, se contentent du rôle de spectateurs.
Silence radio! Les partis politiques, en particulier ceux de la majorité, restent indifférents. Alors que la contestation sur le gaz de schiste ébranle le sud du pays, les partis ne bougent pas le petit doigt. Ni conférence de presse, ni déplacement sur les lieux, ces derniers n’ont même pas daigné pondre un communiqué. Les partis ont apparemment d’autres chats à fouetter. Censées être un intermédiaire entre la population et le pouvoir, les formations politiques, connues pour être très actives à l’approche des échéances électorales, se contentent du rôle de spectateurs. Le pire est que ces partis étaient nombreux à réagir contre les attaques terroristes qui ont ciblé ces derniers jours le journal satirique Charlie Hebdo, mais sont restés silencieux sur tout ce qui se passe dans le Sud. Le parti majoritaire, le FLN, a brillé par son absence sur ce plan.
La direction de Saâdani n’a pas jugé utile de prendre l’initiative pour tenter d’apaiser la tension des populations du Sud qui crient leur colère depuis plus de dix jours. Le FLN est beaucoup plus accaparé par les affaires qui se trament en haut lieu comme la révision de la Constitution et du remaniement ministériel et il est loin de prêter l’oreille pour ce qui se passe au Sud. Il reste à savoir si le parti majoritaire va se rattraper lors de la réunion du bureau politique prévue aujourd’hui.
Le Rassemblement national démocratique ne fait pas mieux. Ce dernier s’est contenté de citer juste au passage cette crise dans son communiqué ayant sanctionné les travaux de son conseil national tenu jeudi dernier. En réponse à l’opposition, la direction de M.Bensalah a mis en garde contre toute exploitation des événements pour déstabiliser le pays. «La stabilité et l’unité du pays sont une ligne rouge à ne pas franchir», lit-on dans le communiqué final, tout en saluant les efforts déployés par le gouvernement. Le parti TAJ a fait complètement l’impasse sur ce sujet. Lors de la réunion du bureau politique, tenue samedi dernier, Amar Ghoul n’a soufflé mot sur la contestation dans le Sud. Ce qui est encore plus étonnant c’est l’absence du Parti des travailleurs. La Première Dame du PT qui a habitué l’opinion publique par ses sorties médiatiques à chaque moment, a disparu de la circulation. Pourtant, Louisa Hanoune ne rate jamais l’occasion pour mettre en garde le gouvernement sur la gravité d’une telle situation en l’interpellant sur ses responsabilités. Le parti du Mouvement populaire algérien (MPA) s’est mis également en mode veille. Alors que la contestation gagne encore d’autres wilayas du Sud, les partis proches du pouvoir ne s’alarment pas.
Contrairement à eux, l’opposition a été plus active. Hier, c’est le Parti socialiste des travailleurs qui a réagi. Dans un communiqué rendu public, le PST s’est dit «contre l’exploitation du gaz de schiste et pour l’amélioration des conditions sociales à In Salah». Auparavant le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avait fait porter la responsabilité de la situation au gouvernement.
«Le RCD constate qu’à ce jour aucune suite judiciaire n’a été donnée aux meurtres commis sur des citoyens algériens durant les nombreuses manifestations de rue qui continuent de secouer différentes localités du pays», indique le parti dans un communiqué intitulé «Ghardaïa: banalisation du crime». Le RCD évoque la «marginalisation» et «l’exclusion» dont souffrent les populations de Ghardaïa, de In Salah, de Tamanrasset et de Ouargla. De son côté, l’ex-candidat à la présidentielle du 17 avril dernier, Ali Benflis, a dénoncé l’absence de débat sur le gaz de schiste.«Le gouvernement a cru pouvoir procéder de manière unilatérale et autoritaire, et se dispenser de l’explication et de la consultation que requiert la sensibilité d’une telle décision», a-t-il affirmé dans une déclaration rendue publique il y a quelques jours.