Face aux événements de Libye : L’Algérie exprime sa préoccupation

Face aux événements de Libye : L’Algérie exprime sa préoccupation
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Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a exprimé hier dans un entretien accordé à la chaîne TV France 24 la préoccupation de l’Algérie face aux événements qui se déroulent en Libye.

Le chef de la diplomatie algérienne a notamment souhaité que les « mouvements de protestation » en Libye « soient entendus et que s’instaure un dialogue entre les frères libyens (pour qu’ils) puissent transcender cette période difficile pour eux ».

« C’est tout le bien que nous leur souhaitons avec la solidarité qui est celle d’un pays (Algérie), dont ils savent qu’il est passé par ce genre de sacrifices, ce genre d’épreuves », a-t-il ajouté.

M. Medelci a souligné, dans ce contexte, que ces épreuves sont aujourd’hui, au niveau du peuple algérien, « intériorisées » et constituent une expérience, « certainement unique », qui permet aux Algériens de voir les évolutions dans la région avec « sagesse et perspicacité ». En réponse à une question sur les « tentatives de manifestations » en Algérie, et du « scénario à la tunisienne ou à l’égyptienne » que certains ont prédit, le ministre des AE a appelé les médias à « plus de retenue » et de « perspicacité » dans leur analyse ».

« Nous sommes prêts à recevoir tous les médias qui souhaitent venir en Algérie pour constater, avec eux, que nous n’avons pas réglé tous les problèmes (…), mais que depuis une dizaine d’années nous ne cessons (…) de nous améliorer sur tous les plans (sécurité, libertés, économie, social, culturel…) », a-t-il souligné.

Au sujet de la situation en Tunisie et en Egypte, M. Medelci a indiqué que l’Algérie est « très attentive » à la phase de transition dans ces deux pays auxquels, a-t-il précisé « nous apporterons la contribution qu’ils attendent de nous pour leur permettre de passer cette période de transition ».

250 ressortissants algériens rapatriés

Deux cent cinquante (250) ressortissants algériens établis en Libye, sur un total de près de 8.000, ont été rapatriés hier matin, suite à la dégradation de la situation sécuritaire dans ce pays. Dans une déclaration à la presse, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale établie à l’étranger, M. Halim Benatallah, a indiqué que les vols spéciaux se poursuivront pour rapatrier « en urgence » tous les ressortissants algériens désireux de rentrer au pays.

M. Benatallah a déploré la mort d’un Algérien suite aux « actes de violence », ajoutant que des Algériens ont été victimes aussi d’attaques de bandes armées, selon des témoignages recueillis auprès des ressortissants rapatriés.

S’agissant de la situation des Algériens qui se trouvent toujours en Libye, le secrétaire d’Etat l’a qualifiée de « difficile » en raison de l’absence de sécurité et de la dégradation de la situation, notamment pour les membres de la communauté résidant en dehors de la capitale (Tripoli) et qui n’ont pas pu se rendre à l’ambassade ou au consulat.

M. Benatallah a indiqué, dans ce cadre, que l’ambassadeur d’Algérie à Tripoli et le consul général sont en contact permanent avec les membres de la communauté nationale et veillent au bon déroulement de l’opération de délivrance des passeports et documents de voyage nécessaires.

Il a ajouté qu’un grand nombre d’Algériens se trouvent actuellement à l’ambassade et au consulat, en attendant que leurs passeports soient prêts, rassurant que le nombre de passeports est « suffisant ». « A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles », a-t-il dit. Concernant les mesures destinées à prendre en charge les ressortissants rapatriés désireux de travailler, M. Benatallah a souligné que ces derniers bénéficieront de facilitations pour contracter des crédits pour la création de micro-entreprises », les appelant à déposer les dossiers au niveau de leur wilaya de résidence.

Pour ce qui est des demandes de logements exprimées par de nombreux ressortissants algériens qui ont insisté sur l’importance de trouver une solution à ce problème, le ministre a indiqué que cette question, qui ne relève pas de ses prérogatives, ne peut être résolue dans l’immédiat.

Pour sa part, la représentante du ministre de la Solidarité nationale, directrice de l’action sociale à la wilaya d’Alger, Mme Belmiloud Radia, a affirmé que le ministre a donné des instructions « claires » pour aider et prendre en charge les ressortissants rapatriés de Libye, concernant notamment leur retour dans leur wilaya d’origine.

Mme Belmiloud a appelé les personnes concernées à prendre attache avec les directions de l’action sociale pour y déposer leurs dossiers de crédit pour la création de micro-entreprises dans leurs wilayas, qui seront destinataires d’une liste nominative des personnes rapatriées en vue de faciliter l’opération.

Une cellule d’accueil à l’aéroport d’Alger

Une cellule d’accueil des Algériens, rapatriés de Libye, a été mise en place au niveau de l’aéroport international Houari-Boumediène, suite à la situation dans ce pays, a-t-on appris hier, d’une source proche du ministère des Affaires étrangères.

« M. Halim Benatallah, secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale établie à l’étranger, a mis en place au niveau de l’aéroport Houari-Boumediène, une cellule d’accueil des nationaux rapatriés de Libye, suite aux évènements qui se déroulent dans ce pays frère », a précisé la même source.

La cellule, composée, entre autres, de représentants du ministère des Affaires étrangères, du ministère de la Solidarité nationale, des autorités aéroportuaires et d’Air Algérie, est « chargée d’aider nos ressortissants à regagner leurs lieux de résidence au pays », a-t-on ajouté.

La cellule spéciale s’est aussi penchée sur la programmation d’autres vols spéciaux pour assurer le retour au pays des concitoyens en attente de rapatriement. Un vol est prévu pour la journée d’aujourd’hui.

Citant des témoignages recueillis auprès des ressortissants rapatriés, M. Benatallah a annoncé la mort d’un Algérien suite à des « actes de banditisme »

Réunion urgente de la Ligue arabe au Caire

Les USA et plusieurs pays condamnent la violence

Le guide de la révolution libyenne, le colonel Maammar El-Gueddafi a ordonné hier, à l’armée et à la police de rétablir l’ordre et brandi la menace de « la peine de mort » contre ceux qui défient par les armes « l’autorité de l’Etat », dans une allocution retransmise par la télévision d’Etat.

El Gueddafi a également appelé ses partisans à manifester à partir d’aujourd’hui pour exprimer leur soutien à « la révolution » et pour « sauver leurs enfants » alors que le pays est en proie depuis près d’une semaine à des manifestations de rue dirigées contre son régime. Il s’en est vigoureusement pris à « ceux qui manipulent les jeunes Libyens » pour « les inciter à détruire ». Ceux qui « ont fait usage de la force contre l’autorité de l’Etat » ou commis « des actes incitant à la guerre civile » s’exposent à « la peine de mort », a-t-il encore averti.

« Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution: ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports (…). Le peuple libyen doit prendre le contrôle de la Libye, nous allons leur montrer ce qu’est une révolution populaire », a-t-il dit.

Il a également affirmé qu’il se « battra jusqu’à la dernière goutte de (son) sang ».

« Maammar El Gueddafi n’a pas de poste officiel pour qu’il en démissionne. Maammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu’à la fin des jours. La Libye est mon pays, celui de mes parents et des ancêtres », a-t-il dit.

Agences