Face aux dépenses faramineuses et multiples,Des Algériens stressent et désespèrent

Face aux dépenses faramineuses et multiples,Des Algériens stressent et désespèrent
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Le poids financier de l’Aïd, de la rentrée scolaire et les charges habituelles pèseront lourd sur les budgets

Le génie des chefs de famille parviendra peut-être à faire face aux augmentations des prix et aux frais que le mois de Ramadhan impose.



Je n’en peux plus! Le cri est lâché par un père de famille pris dans l’étau de la cherté de la vie. Au beau milieu d’un Ramadhan «sans pitié» et inabordable en termes de prix affichés sur les étals des marchés. La facture des achats pour la majorité des ménages est loin de toute «tolérance» en ce mois dit «sacré». «Vraiment c’est insupportable, on ne peut plus vivre convenablement dans ce pays», peste un vieil homme dans un marché de la capitale.

Le désarroi des familles devant l’incapacité d’assurer le strict minimum se lit sur les visages, renseignant parfaitement «la douleur» de ne pas pouvoir y faire face.

LG Algérie

«Comment voulez-vous vivre dignement quand on nous propose de la marchandise dix fois plus que son prix réel?» s’interroge Tarek, venu faire des courses au marché de Bachdjarrah.

Le génie des chefs de famille parviendra peut-être à faire face aux augmentations des prix et aux frais que le mois de Ramadhan impose. Mais, encore une fois, la majorité des ménages savent qu’il ne s’agit là que d’une «haie» à sauter, car d’autres obstacles suivront. C’est-à-dire d’autres dépenses, et non des moindres, vont encore grever leurs budgets. Evidemment, le poids financier de l’Aïd, de la rentrée scolaire, et les charges habituelles pèseront lourd sur leurs bourses.

Une situation qui fait basculer une grande partie d’Algériens dans le stress et le désarroi. La tension sociale est là et perceptible à tous les niveaux, et le risque d’embrasement aussi!

Amar, un père de quatre enfants, âgé de 46 ans, fonctionnaire de son état depuis plus 15 ans: «Avec un salaire moyen de 30.000 DA, je ne parviens pas à faire face à la cherté de tous les produits en vente, encore moins à affronter l’Aïd et la rentrée scolaire», s’indigne-t-il. «Je ne peux pas affronter autant de dépenses. Déjà en temps normal, j’arrive difficilement à boucler le mois. Il est de rare fois où autant de charges tombent en même temps, et me retrouver nez à nez avec une telle avalanche de dépenses, croyez-moi je suis tout le temps stressé et agité», s’alarme-t-il.

Déjà que les Algériens n’ont pas cette culture de gestion de leurs budgets, à cela s’ajoute, même avec une gestion rigoureuse, le fossé entre les salaires et les prix des produits vendus et qui demeure énorme. Ainsi, les Algériens sont en face d’un vrai dilemme.

Pour les petites et moyennes bourses, gérer son budget est un vrai problème. Pour parer à une éventuelle crise ou impasse, chacun trouve l’astuce qui lui sied. Les choix ne sont pas trop disponibles, puisque le seul recours demeure l’emprunt bancaire, les petits crédits auprès des proches, les avances sur salaire ou carrément le partage des dépenses avec la grande famille. «Face aux périodes de grande consommation (vacances estivales, Ramadhan, Aïd, rentrée scolaire, etc.), avec la hausse excessive des prix, la multiplication des exigences et des besoins familiaux, j’ai toujours recours aux dettes auprès d’amis ou à la banque pour avoir quelques liquidités, ce qui me permet une dépense supérieure à mon salaire», a avoué Kader, 38 ans, marié et ouvrier dans une usine à Dar El Beïda, Alger. Pour Saïd, enseignant au lycée, et père de trois enfants: «La rationalisation de la consommation est la seule solution dans ces cas pour faire face aux exigences de la vie, sinon le recours à l’emprunt engendre l’endettement et une incapacité de paiement».

Sofiane, employé de 37 ans, en charge de deux enfants, est retourné vivre avec sa famille: «Les conditions difficiles dans lesquelles j’évolue m’ont poussé à retourner vivre avec ma famille. Je passe le mois de Ramadhan chez eux. Je partage, ainsi, les dépenses avec mes frères et mes parents», témoigne-t-il. Malgré cela, «je n’arrive pas à couvrir toutes les dépenses surtout en cette période où se succèdent Ramadhan, Aïd et rentrée scolaire. Je me suis trouvé dans l’obligation de demander une avance sur salaire à mon patron ou de m’endetter auprès de mes proches», regrette-t-il.

Pour essayer de faire baisser la pression sur les familles en difficulté, l’Etat aide un million et demi de familles dites «nécessiteuses», comme c’est d’ailleurs le cas chaque année. L’idée consiste à venir en aide à ces familles en leur attribuant des «couffins du Ramadhan».

Des couffins qui contiennent des denrées alimentaires de base et d’une valeur moyenne de 3000 DA… c’est dire quel goût a la chorba qu’ils mangent! L’Etat les soutient aussi lors des rentrées scolaires avec une opération de distribution de trousseaux scolaires au profit des enfants issus de familles démunies dans le cadre d’une action nationale de solidarité initiée par le ministère de la Solidarité en faveur de cette catégorie de la population. Ces aides, outre qu’elles arrivent souvent en retard, sont entachées d’irrégularités, de fuites et des détournements. En définitive, ces «aides» contribuent simplement à mieux cerner le phénomène de la pauvreté qui frappe une grande partie des ménages algériens, mais jamais à les soutenir à surpasser la vie chère. Elles ne servent aussi qu’a différer un problème d’année en année. Une sorte de colmatage qui règle le problème de façon éphémère…