Face au risque d’une situation humanitaire catastrophique – Syrie : Idleb au cœur d’une pression diplomatique et militaire

Face au risque d’une situation humanitaire catastrophique – Syrie : Idleb au cœur d’une pression diplomatique et militaire

Il y a au moins 2,9 millions de personnes vivant dans la province d’Idleb, dernier bastion de la rébellion politico-armée, mais aussi d’une myriade de groupes terroristes liés à Al-Qaïda ou à Daech.

La situation prévalant dans la province d’Idleb et la perspective du lancement d’une vaste opération militaire par l’armée syrienne, appuyée par la Russie, a fait l’objet d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, mardi.

Alors que les États-Unis poussent leurs alliés à intervenir directement en Syrie, sous prétexte que Damas s’apprêterait à user des armes chimiques, la Russie et la Chine (deux membres permanents du Conseil de sécurité), s’y opposent fermement. Moscou avait déjà averti contre une tentative des Casques blancs de monter un scénario et une mise en scène d’attaque chimique. Selon le Kremlin, des groupes terroristes islamistes ont tenu un congrès avec les Casques blancs dans cette province pour simuler une fausse attaque chimique, pouvant justifier une intervention militaire occidentale qui provoquerait un conflit de grande ampleur.

De son côté, Pékin a appelé la communauté internationale par la voix de son représentant permanent de la Chine auprès des Nations unies, Ma Zhaoxu, à agir en synergie pour continuer à lutter contre le terrorisme en Syrie. “Il n’y a pas d’alternative à une solution politique si la Syrie doit retrouver la paix et la stabilité”, a indiqué l’ambassadeur chinois dans son intervention, mardi, au Conseil de sécurité. “La souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être respectées, et la communauté internationale devrait agir en synergie pour continuer à combattre le terrorisme dans le pays déchiré par la guerre”, a-t-il souligné, en appelant également la communauté internationale à maximiser le rôle de l’ONU en tant que médiateur principal, et à soutenir les pourparlers de Genève parrainés par l’ONU et le processus d’Astana. Pour sa part, Damas estime être dans son droit de reprendre le contrôle de la totalité de son territoire à des groupes terroristes, dont certains sont directement soutenus par des puissances occidentales et arabes dans le but d’évincer Bachar al-Assad du pouvoir.

L’ambassadeur permanent de Syrie à l’ONU à Genève, Hussam Eddine Ala, a ainsi affirmé que “l’État syrien est déterminé à libérer le gouvernorat d’Idleb du réseau terroriste du Front Nosra et des réseaux qui en dépendent, à l’instar des autres zones que l’armée arabe syrienne avait libérées du terrorisme”, selon Sana. Par ailleurs, de hauts responsables humanitaires de l’ONU se déclarent “vivement préoccupés par la récente escalade des hostilités à Idleb”, selon un communiqué publié, mardi soir par l’ONU. “Cette dernière escalade militaire a une nouvelle fois un impact dramatique sur les civils. En tant qu’humanitaires, notre crainte est que le pire est peut-être encore à venir”, a déclaré, mardi, Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), Panos Moumtzis. “Les inquiétudes d’Ocha portent principalement sur la sécurité et la protection d’environ 2,9 millions de civils résidant à Idleb, notamment le sort de 1,4 million de personnes déplacées internes, dont la plupart sont des femmes et des enfants venus d’autres régions de Syrie”, a souligné M. Laerke.

Lyès Menacer