
Des signaux forts doivent être envoyés à la société par les leaders des partis au pouvoir et ceux de l’opposition.
L’attentat de Aïn Defla vient rappeler à l’opinion nationale la complexité de la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays. Adossée à une situation économique annoncée comme très difficile, dans les tout prochains mois, l’activité terroriste de ce jour d’Aïd El Fitr, impose une conjoncture exceptionnelle au double plan sécuritaire et économique qui appelle la plus grande vigilance de tous les acteurs de la société. Que ce soient les partis politiques, les syndicats ou encore le patronat, l’ensemble des organisations doivent montrer une solidarité sans faille pour affronter les quatre ou cinq prochaines années, inscrites sous le signe de la déprime économique et de la menace terroriste permanente. En effet, même si le parallèle avec les années quatre-vingt-dix serait exagérée, il reste que le pays n’est pas au mieux de sa forme au double contexte économique et sécuritaire. La baisse des recettes pétrolières va certainement impacter les ressources financières du pays. La loi de finance complémentaire constituera, en ce sens, le premier signal de ce que sera la gestion économique du pays. La rigueur, voire de sérieuses coupes dans le budget de l’Etat, s’imposera aux décideurs, avec leur conséquence sur la croissance et bien évidemment sur le taux de chômage qui grimpera certainement. Il serait irresponsable de croire qu’en l’état de l’économie nationale et eu égard à la chute des prix du pétrole, il faille croire à une embellie soudaine et une amélioration des conditions de vie de la population, estiment de nombreux observateurs. L’Algérie et les Algériens doivent se serrer la ceinture. Cela est une évidence qu’aucun politique ou économiste n’ignore. Les prochaines années seront difficiles.
Même avec un dynamisme économique sans égal dans l’histoire de l’Algérie indépendante, il sera impossible de remédier aux investissements publics instantanément, soulignent les spécialistes. Les milliards de dollars de manque à gagner en raison du désengagement obligatoire de l’Etat, ne viendront pas du jour au lendemain. Dans l’intervalle, les Algériens connaîtront la crise. Le marasme économique générera immanquablement un malaise social, terreau fertile pour le développement du discours salafiste aux accents terroristes.
La situation régionale n’appelle pas à l’optimisme avec une Tunisie fragilisée, une Libye disloquée, un Maroc revanchard et pourvoyeur des terroristes en drogue. C’est dire qu’au niveau sécuritaire, le risque d’une sérieuse dégradation n’est pas à écarter, même si les éléments de l’Armée nationale populaire et les autres corps de sécurité accomplissent parfaitement bien leur mission. La conjoncture au niveau de toute l’Afrique du Nord fait ressortir une situation hors de contrôle pour n’importe quel service de sécurité. La nature même de la menace et la stratégie adoptée par les groupes terroristes rendent la mission de lutte antiterroriste presque impossible au niveau opérationnel. La solution à cette équation politico-écoconomico-sécuritaire tient dans la mobilisation générale de toute la société, préconisent les observateurs de la scène nationale. La classe politique se doit de donner l’exemple en mettant entre parenthèse les luttes politiciennes et se consacrer à faire traverser à l’Algérie la période difficile qui l’attend. Il faut savoir, en effet, que les difficultés économiques et les incertitudes au plan sécuritaire ont tendance à fragiliser le corps social. Ce dernier a besoin d’une image positive que lui enverrait la scène politique nationale.
Des signaux forts doivent être envoyés à la société par les leaders des partis au pouvoir et ceux de l’opposition. Les spécialistes de la chose politique imaginent une sorte de grande conférence nationale pour la stabilité et la solidarité. Il s’agit de montrer un visage uni et fort face au double défi qui attend l’Algérie. Il est important que les chômeurs, et il y en aura, ne se sentent pas rejetés, que les patrons privés développent un mécanisme de solidarité efficace quitte à rogner sur leurs marges bénéficiaires, que le gouvernement prenne le temps de consulter les partis de l’opposition dans la gestion des affaires du pays, que les Assemblées élues, nationales et locales, descendent dans la rue et s’associent à la société dans une démarche solidaire tant au plan de l’économie que de la lutte antiterroriste. En un mot comme en mille, l’Algérie a véritablement besoin que tous ses enfants oublient leurs différends pour se concentrer sur les difficultés qui les attendent.
Cette union sacrée sera certainement difficile à obtenir, en raison des suspicions que les uns nourrissent envers les autres, mais elle est nécessaire pour éviter de retomber dans la tragédie des années quatre-vingt-dix, recommandent les observateurs.