Face au crime organisé et le narcotrafic: Quelle parade pour l’Algérie?

Face au crime organisé et le narcotrafic: Quelle parade pour l’Algérie?

Les différentes réunions internationales ces dernières années ont abordé les réalités du terrorisme transnational, du narcotrafic et de la criminalité organisée pour assainir ces fléaux criminels dévastateurs et garantir à ses populations la paix, la stabilité et la sécurité.

La criminalité transnationale organisée renvoie aux réseaux criminels organisés et par voie de conséquence au terrorisme qui profite de la vente de marchandises illégales, dès lors qu’il existe une demande. Ces marchés illicites internationaux, anonymes et plus complexes que jamais, génèrent chaque année des milliards de dollars. C’est que les enjeux futurs de ces différents trafics liés au terrorisme transnational préfigurent d’importantes reconfigurations socio-économiques, technologiques, mais également sécuritaires.

Trafics d’armes, de drogue et cybercriminalité

Le terrorisme international a au moins cinq caractéristiques en commun. Il repose largement sur des réseaux souvent établis dans de vastes zones géographiques où les personnes, les biens et l’argent circulent. Les réseaux facilitent aussi le commandement, le contrôle et la communication. Une autre caractéristique importante est leur besoin de traiter de grandes quantités d’argent, de les blanchir et les transférer à travers les pays et les continents. Criminels et terroristes ont tendance à se doter d’armées privées, d’où un besoin de formation, des camps et du matériel militaire. En outre, terroristes et criminels de la zone partagent les caractéristiques communes: pratique fréquente d’opérations clandestines cherchant la légitimité dans le soutien des populations et débouchant sur le contrôle de territoires importants; création ou développement d’un appareil voué aux opérations illégales. l’entité terroriste, criminelle ou hybride obtient des armes, des moyens de communication et de renseignement; elle sécurise le territoire qu’elle contrôle. Nous avons différentes formes de criminalité transnationale organisée qui est une industrie en constante évolution, qui s’adapte aux marchés et crée de nouvelles formes de délinquance s’agissant d’un commerce illicite qui transcende les frontières culturelles, sociales, linguistiques et géographiques, et qui ne connaît ni limites ni règles. La montée en puissance d’un prosélytisme salafiste extrémiste bousculant les équilibres des confréries traditionnelles et la persistance de dynamiques irrédentistes, induisent un climat d’insécurité croissant propice à la déstabilisation des Etats les plus fragiles.

Analyse géopolitique du trafic d’armes

Le suivi des filières illicites d’approvisionnement en armes légères et en munitions, ainsi que la compréhension du mécanisme global qui régit ce marché «noir» sont des fondamentaux de la géopolitique moderne. Selon certaines données internationales, en moyenne pour 2016, les ventes d’armes dans le monde se montent à 409 milliards de dollars par an. Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d’armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. L’avantage que représente le trafic d’armes pour des terroristes est qu’ils peuvent à la fois s’en servir et faire du profit.

Le trafic de drogue

La montée en puissance du trafic de drogue au niveau de la région sahélienne a des implications sur toute l’Afrique du Nord où nous pouvons identifier les acteurs avec des implications géostratégiques où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. En moyenne, 243 milliards d’euros par an: si les trafiquants de drogues étaient un pays, leur PIB les classerait au 21è rang mondial, juste derrière la Suède. Malgré la répression, l’ONU estime que seuls 42% de la production mondiale de cocaïne sont saisis (23% de celle d’héroïne). En 2014, la vente de drogues aurait représenté entre un cinquième et un tiers des revenus des groupes criminels transnationaux. Le Maroc étant un des premiers producteurs mondiaux de haschich. L’essentiel de la production marocaine est réalisé dans la région montagneuse et pauvre du Rif dont le principal acheteur est l’Europe, l’Espagne jouant le rôle de plaque tournante avec 57% des saisies mondiales et 75% des saisies effectuées en Europe. Mais, le trafic s’étend désormais au reste du Maghreb. Selon certaines sources uniquement pour l’Afrique de l’Ouest, le trafic de cocaïne dans la sous-région rapporte chaque année plus d’un milliard de dollars aux réseaux. – Le trafic de drogues, il continue d’être, pour les criminels, l’activité la plus lucrative, avec un chiffre d’affaires estimé à 320 milliards de dollars en 2016 alors qu’en 2009, l’Onudc situait la valeur approximative des seuls marchés mondiaux de la cocaïne et des opiacés à 85 et 68 milliards de dollars, respectivement. Le trafic de drogue assure une marge de bénéfice très élevée: un gramme de coca, qui coûte 1 $ à la production, est vendu de 200 à 300 dollars.

Nous avons la traite des êtres humains qui est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l’exploitation sexuelle ou à l’exploitation par le travail. Bien que les chiffres varient. Nous avons le trafic de migrants qui est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. De nombreux passeurs ne se préoccupent pas de savoir si des migrants se noient en mer, meurent de déshydratation dans un désert ou suffoquent dans un conteneur. Chaque année, ce commerce est évalué à des milliards de dollars.

Nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflit) et la vente de médicaments frauduleux potentiellement mortelle pour les consommateurs, provoquant des maladies infectieuses mortelles telles que le paludisme et la tuberculose.

Nous avons la cybercriminalité liée à la révolution numérique qui peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu’économique. Il englobe plusieurs domaines exploitant notamment de plus en plus l’Internet pour dérober des données privées, accéder à des comptes bancaires et obtenir frauduleusement parfois des données stratégiques pour le pays. Selon Steve Grobman, expert de la société McAfee, spécialisée dans la protection contre les attaques informatiques, dans un rapport paru en février 2018, la cybercriminalité coûte en 2017, 600 milliards de dollars par an à travers le monde, un chiffre en augmentation en raison de la compétence grandissante des pirates et l’essor des cryptomonnaies. Selon ce rapport, le vol de propriété intellectuelle a représenté environ un quart du coût total de la cybercriminalité en 2017. Le numérique a transformé à peu près tous les aspects de notre vie, notamment la notion de risque et la criminalité, de sorte que l’activité criminelle est plus efficace, moins risquée, plus rentable et plus facile que jamais, L’étude, réalisée par McAfee et le think tank Center for Strategic and International Studies (CSIS), avaient évalué ce coût à 445 milliards en 2014.

Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Off Shore) permettent de cacher l’origine de l’argent. L’Afrique voit s’échapper chaque année 192 milliards de dollars causés par des flux illicites contre seulement 30/40 milliards de dollars d’aide au développement avait révélé le 30 novembre 2016 à Dakar Amath Soumare, président fondateur de Sopel International et président du centre africain de la Nouvelle économie Cane Executive renvoyant à la gouvernance de certains dirigeants d’Afrique

L’Algérie face au crime organisé

Dans ce contexte d’instabilité régionale, l ‘Algérie fournit des efforts de guerre sans être en guerre. Selon les experts militaires, la stratégie algérienne se déploie sur plusieurs niveaux.

Premièrement, la mise en place d’un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité. Deuxièmement, l’amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins.

-Troisièmement, le développement d’un processus multilatéral à travers l’initiative des pays du champ. Cette stratégie est guidée par trois principes fondamentaux: non ingérence dans les affaires intérieures des Etats; non-intervention de l’armée algérienne hors du territoire; prise en charge endogène de la sécurité régionale. Par exemple, les armées algérienne et tunisienne ont mis en place une commission militaire de coordination chargée de prévenir le passage d’éléments terroristes et les trafics en tout genre. Dans cette perspective, le commandement militaire algérien a adopté un plan de sécurité concernant les zones frontalières avec la Tunisie, similaire à ceux mis en oeuvre sur les frontières avec la Libye et le Mali.

Quatrièmement, un accord de sécurité cadre désormais cette coopération bilatérale soutenue, conclu le 27 mai 2014, porte plus précisément sur quatre axes: – rencontres bilatérales entres structures en charge de la protection de la frontière commune; -coordination des actions sur le terrain et la mise en place d’une coopération opérationnelle pour lutter contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité transfrontalière;

– instauration d’un partenariat en matière d’échange de renseignements; -échanges des expériences dans les domaines de la sécurité des frontières.