Le Premier ministre Nouri al-Maliki, victime ou obstacle au retour de la paix en Irak?
La vague de violences a été déclenchée mardi par un assaut des forces de sécurité, près de Houweijah, contre un camp de manifestants sunnites anti-Maliki, provoquant des heurts ayant fait 53 morts.
Le Premier ministre irakien a jugé hier que le conflit confessionnel en Irak, venait de la Syrie voisine, tandis qu’une puissante milice menaçait de faire la guerre aux insurgés comme aux pires heures du conflit ayant suivi l’invasion américaine.
Les heurts entre les différentes confessions qui composent l’Irak ont repris car ils ont «commencé ailleurs dans la région», a dit Nouri al-Maliki, faisant visiblement allusion à la guerre en Syrie qui oppose des rebelles, en majorité sunnites, au régime de Bachar al-Assad. Qualifiant le confessionnalisme de «mal» qui «n’a pas besoin d’autorisation pour passer d’un pays à un autre», le Premier ministre a estimé que son retour en Irak «n'(était) pas une coïncidence». Au même moment, le chef de la puissante milice Sahwa, rémunérée par l’Etat pour lutter contre Al Qaîda, menaçait de reprendre ses violentes opérations qui lui avait permis d’écraser le réseau extrémiste, notamment dans la province d’Al Anbar (ouest), en 2006. Wissam al Hardane a promis la guerre aux hommes armés qui ont tué dans la matinée cinq soldats irakiens à Al-Anbar s’ils ne livraient pas les meurtriers, a rapporté la télévision publique Al Iraqiya. Si les responsables ne sont pas livrés «Sahwa entreprendra les démarches nécessaires et fera ce qu’elle a fait en 2006», a dit M.al Hardane, fixant un délai de «24 heures aux activistes pour livrer les meurtriers de l’armée irakienne». «Si cela n’est pas fait, nous ne restons pas les bras croisés», a-t-il menacé. Comme de nombreuses attaques depuis mardi, quand a éclaté une vague de violences qui a fait plus de 200 morts en cinq jours, ces attaques contre des soldats ont éclaté à proximité d’un sit-in de manifestants sunnites, appuyés par des hommes armés, qui réclament depuis quatre mois le départ de M.Maliki.
Un groupe de soldats conduits près de ce site situé à Ramadi (chef-lieu d’Al-Anbar), quand ils ont été arrêtés par des hommes armés. Ils ont alors ouvert le feu, déclenchant des accrochages qui ont fait quatre morts et un blessé parmi les soldats, selon la police.
Une autre attaque dans le même secteur a fait un mort et un blessé parmi les soldats. Ailleurs dans le pays, cinq membres de Sahwa ont été tués au sud de Tikrit (centre), selon la police. La vague de violences a été déclenchée mardi par un assaut des forces de sécurité, près de Houweijah (nord), contre un camp de manifestants sunnites anti-Maliki, provoquant des heurts ayant fait 53 morts, en grande majorité des protestataires.
En représailles, des attaques ont été lancées contre les forces de sécurité et des affrontements ont opposé les deux parties faisant au total en cinq jours, 215 morts et 300 blessés, selon des responsables de la sécurité. Le Premier ministre est en outre accusé depuis plus d’un an par des membres de sa coalition gouvernementale et ses détracteurs, d’accaparer le pouvoir.
Les sunnites estiment que M.Maliki marginalise leur communauté, minoritaire.
Plusieurs dizaines de milliers de sunnites se rassemblent régulièrement depuis fin 2012 à Ramadi. Vendredi, un représentant avait annoncé la formation d’une unité militaire pour défendre leur sit-in. Alors que la crise politique paralyse le pays, régulièrement endeuillé par des attentats sanglants menés en grande partie par les extrémistes sunnites, dont Al Qaîda, contre les forces de sécurité et la communauté chiite, l’ONU avait appelé à la retenue. Craignant davantage d’escalade, l’émissaire de l’ONU Martin Kobler a averti vendredi que l’Irak était à un «tournant». «J’en appelle à la conscience des dirigeants religieux et politiques qui ne doivent pas laisser la colère l’emporter sur la paix et doivent faire preuve de sagesse».